L'accès au port de Calais à nouveau bloqué par des marins, suite
SeaFrance, nouvelle coopérative coulée
Mécontents des mesures proposées par le gouvernement pour sauver la compagnie maritime MyFerryLink - constituée majoritairement par les anciens salariés de SeaFrance qui exploite les liaisons trans-Manche par ferries de la ligne Calais-Douvres - des centaines de marins de la Scop SeaFrance ont de nouveau lancé des actions coup de poing, vendredi, en même temps qu'ils apprenaient que leur coopérative était liquidée.
Près de 300 manifestants ont ainsi bloqué pendant plus de trois heures vendredi les bretelles d'accès au port de Calais (Pas-de-Calais) avec des tas de pneus enflammés.
Ils sont ensuite partis dans un cortège d'une cinquantaine de véhicules pour une opération escargot sur l'A16 en direction de Loon-Plage, près du port voisin de Dunkerque, où la compagnie danoise concurrente DFDS a installé une partie de son activité. L'opération a provoqué d'importants bouchons en cette journée classée rouge dans le sens des départs en vacances par Bison futé, qui se comptaient encore en kilomètres en fin d'après-midi.
Le trafic restait totalement interrompu sur la nationale 216, bloquée dans les deux sens en raison des dégâts, au niveau de la sortie portuaire, obligeant à la mise en place de déviations par les forces de l'ordre.
Le trafic portuaire n'était cependant pas impacté, les compagnies maritimes invitant juste les passagers à prendre leurs précautions et annonçant des retards éventuels pour accéder à l'embarquement.
VOIR et ENTENDRE un reportage de l'AFP interdit d'imbrication aux blogueurs et pourtant mis à disposition (gracieuse?) du journal Le Monde (sous sa signature !):
Cette manifestation était "la goutte d'eau qui fait déborder le vase" pour le président du port de Calais
Comme cela a été le cas à plusieurs reprises au mois de juillet, Jean-Marc Puissesseau est exaspéré de voir les infrastructures bloquées une nouvelle fois, sans que les autorités n'interviennent. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, passe des vacances paisibles dans le Pas-de-Calais, Le Touquet, très bourgeoise station balnéaire "de l'élégance", à 30 minutes de ce conflit social.
Sur le mois écoulé, le port a ainsi enregistré une baisse de 30% du trafic camion transmanche, -36% pour les voitures et -20% pour les autocars, selon la Société d'exploitation des ports du Détroit. Depuis le début du mouvement "MyFerryLink", elle indique enregistrer une perte de 7 millions d'euros.
SCOP qui opère les navires de la compagnie transmanche MyFerryLink depuis août 2012 et placée en redressement judiciaire le 11 juin dernier, SeaFrance est au centre d'un conflit qui dure depuis plusieurs mois entre ses marins, le propriétaire de ses trois navires, Eurotunnel, et son concurrent danois DFDS.
Une nouvelle réunion sous l'égide du gouvernement avait eu lieu jeudi.
Nouveau rêve brisé d'une société coopérative ouvrière de production (Scop)
La gauche idéologue et ringarde avait misé sur les Scops
Dans l'idéal, elles permettent aux salariés de maîtriser leur activité professionnelle et de partager équitablement le pouvoir, les décisions et les fruits de leur travail. A condition d'être bénéficitaires... Soumises à la loi du 10 septembre 1947 sur les coopératives et régies par une loi de 1978 (gouvernement Barre), actualisée en 1988 (gouvernement Rocard) et en 1992 (gouvernement Bérégovoy), 1.700 entreprises emploient plus de 36.000 salariés dans l'industrie et les services. L'entreprise appartient à ses salariés, les coopérateurs élisent leur patron, la répartition des bénéfices se fait équitablement et elles sont exonérées de la taxe professionnelle. Mais la recherche d'investisseurs extérieurs est entravée par le fait que la législation leur interdit toute perspective de prise de contrôle.
Près de 280 Scop sont nées en 2014
En mai 2015, près de 4 ans après l’annonce de la fermeture de l’usine de production de thés Lipton et infusions Eléphant entraînant la suppression de 182 postes, les "Fralib" de Gémenos, en Provence ont présenté le lancement de leurs propres marques.
En 2012 dans l'Ain, quatre anciennes salariées du groupe Lejaby ont créé une SCOP de fabrication de lingerie fine et de dessous féminins made in "Bellegarde", une fabrication 100% made in France (Les Atelières), grâce à trois banques et 350.000 euros de prêts, garantis à 70 % par la Banque Publique d'Investissement (BPI), présidée par Jean-Pierre Jouyet, que Hollande a fait secrétaire général de la Présidence de la République, et dirigée par Ségolène Royal, alors vice-présidente et porte-parole, devenue ministre de Valls. Les Atelières (et Monette, une autre tentative sur le site de Lejaby) sont en liquidation judiciaire.
Le 18 août 2014, Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique et Carole Delga, secrétaire d'Etat chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Economie sociale et solidaire, se félicitaient de la réouverture sous forme de Scop de la grande librairie clermontoise Les Volcans, appartenant anciennement au réseau Chapitre, après six mois de fermeture. "L'économie sociale et solidaire est résiliente et permet aux salariés d'être acteurs de leur territoire et de leur avenir professionnel" a précisé Carole Delga. Les collectivités et la DRAC, entre autres financeurs, ont accordé 192.000 euros et l'association Lira (Libraires indépendants en région Auvergne), alimentée par le conseil régional, l'Etat, l'Europe et le Crédit Mutuel vit d'aides publiques.
Le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer a prononcé la mise en liquidation judiciaire de la Scop
Maire de Boulogne-sur-Mer depuis 2002, Frédéric Cuvillier, fut sous-ministre des... Transports, de la Mer et de la Pêche de Hollande (2012-2014)
"Le tribunal prononce la conversion en liquidation judiciaire (...) sans poursuite d'activité à compter de ce jour. La Scop SeaFrance n'existe plus", depuis la décision du tribunal de Commerce. La création de cette SCOP avait été décidée par CFDT maritime Nord, le syndicat dominant .
Impuissant à sauver SeaFrance, Cuvillier aura été le premier ministre en exercice à célébrer un mariage entre deux personnes de même sexe (le 1er juin 2013).
Mais cette liquidation judiciaire permet le paiement des salaires de juillet des 487 salariés, la coopérative n'ayant pas la trésorerie suffisante pour le faire. La liquidation "est une bonne chose pour les salariés. Ils vont toucher leur salaire. Maintenant, on va essayer de négocier un bon plan social. Il faut faire comprendre au gouvernement qu'on ne lâchera rien", a lancé Eric Vercoutre, secrétaire général du syndicat CFDT maritime Nord, ultra-majoritaire, parlant malgré tout de "naufrage".
"L'Etat doit maintenant nous aider de façon concrète. On promet une activité très perturbée le temps que l'on soit entendus", a-t-il ajouté.
Une nouvelle assemblée générale des marins doit avoir lieu "mardi ou mercredi".
Le gouvernement ne laisse aucun espoir
Le secrétaire d'État chargé des Transports, Alain Vidalies, "a simplement dit qu'à Calais, seulement 380 emplois pouvaient être sauvés" sur un total de 487, a déploré la CFDT locale, syndicat proche du parti socialiste mais qui refuse toujours de passer du giron d'Eurotunnel à celui du concurrent DFDS.
"Le gouvernement n'est pas capable de nous verser un fonds d'aide alors qu'il a donné 100 millions d'euros à la SNCM", s'est plaint E. Vercoutre.
La semaine dernière, le gouvernement avait soumis un texte prévoyant notamment la liquidation de la Scop SeaFrance, la création d'une nouvelle Scop exploitant un seul navire et la reprise limitée à 380 salariés sur 487 au total. Il a fixé pour objectif "d'obtenir dans un délai de 3 mois une solution pour chaque salarié".
Eurotunnel, propriétaire des trois navires affrétés jusqu'à juin dernier par MyFerryLink, "a réitéré son engagement d'une offre d'affrètement" d'un seul de ces bateaux, qui "sera formalisée par écrit dans les prochains jours", selon A. Vidalies, aligné sur Eurotunnel, société privée européenne cotée sur les marchés boursiers de Paris et Londres.
Une Scop dirigée d'une main de fer par un seul syndicat ! Des salariés muselés par un président du conseil de surveillance qui détient à lui seul la majorité de décision, un syndicat majoritaire désavoué par sa base qui entre en conflit direct avec son principal actionnaire, fréteur et seul client, etc...Voilà les principaux ingrédients d'un naufrage programmé, des querelles internes associées à des prises de positions irresponsables qui avaient déjà aboutie à la liquidation de Seafrance en 2012.
RépondreSupprimerEn un mot: totalitarisme syndical d'une organisation dite de "dialogue" et proche du PS...
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