La mobilisation est prête à rebondir
De nouvelles actions des éleveurs ce week-end ?
En protestation contre les annulations successives des cotations du marché du porc à Plérin, des agriculteurs de l'Ouest pourraient continuer leurs actions.
Des agriculteurs des principaux départements d'élevage du Grand ouest convergeaient ce vendredi matin vers le Marché du porc breton (MPB) à Plérin, Côtes d'Armor. La cotation, suspendue depuis lundi, a été annulée une troisième fois,
alors que les éleveurs attendent toujours un signe de l'intervention de Matignon, qu'ils ont réclamée jeudi. La réunion au ministère de l'Agriculture, n'est pas organisée avec les acteurs de la filière avant lundi prochain. Ce vendredi Didier Lucas, le président de la FDSEA des Côtes-d'Armor appelle néanmoins à ne pas mener d'actions avant la réunion de lundi.
Plérin, puis Rennes ?
Quelque 150 personnes, certains venus en famille, patientaient devant le MPBE
en fin de matinée vendredi, tandis que des représentants d'acheteurs attendaient depuis 10 h une éventuelle reprise de la cotation, qui n'a pas eu lieu.
Aucune cotation n'a été organisée lundi et jeudi au MPB, suite au refus de deux des principaux acheteurs, Cooperl et Bigard/Socopa, de payer le prix imposé par le gouvernement pour les éleveurs.Le prix actuel du porc s'établit à environ 1,40 euros le kilo, objectif fixé par le gouvernement à la mi-juin avec les acteurs de la filière pour tenter de résoudre la crise traversée par les éleveurs de porcs français. Mais les industriels de l'abattage l'estiment trop élevé par rapport aux concurrents européens.
Sans intervention rapide de Manuel Valls, plusieurs représentants des éleveurs n'écartaient pas un retour aux actions musclées qui se sont succédées depuis deux mois, ont-ils clairement indiqué jeudi, puis ce vendredi matin. La Cooperl explique que pendant qu' "une volonté 'politique' de court terme a réussi à porter le cours à 1,40 euro", "l'Allemagne abaissait brutalement son prix d'achat" et, à ce jour, 25 centimes séparent le cours français du cours allemand".
Après Plérin (Côtes-d'Armor), si aucune séance de cotation n'avait lieu vendredi, certains envisageaient de se rendre ensuite à Rennes, où se trouve la préfecture de la région Bretagne.
Des actions dans l'Ouest
Jeudi soir, environ 150 éleveurs ont lâché symboliquement une truie devant la sous-préfecture de Morlaix (Finistère), puis bloqué la RN12 reliant Brest à Rennes.
Un autre groupe, d'une centaine d'agriculteurs, a procédé à un barrage filtrant à Plounévez-Moëdec (Côtes-d'Armor), à une vingtaine de kilomètres de Guingamp.
Ils ont aussi ciblé des magasins de hard discount à Laval, Mayenne et Château-Gontier et déversé du fumier devant le Monoprix de Caen.
Ce vendredi matin des éleveurs mayennais de la FDSEA roulaient vers Plérin,
tandis que ceux du Finistère et des Côtes-d'Armor avaient donné rendez-vous à leurs camarades au MPB ce vendredi matin lors d'actions symboliques dans le courant de la nuit.Les agriculteurs qui campent depuis jeudi devant la préfecture de Caen ont déversé un mélange de fumier et de lisier devant Monoprix, ce vendredi 14 août 2015 vers 11 h 30.
En Normandie, à Caen, 50 tracteurs et une quarantaine de bennes pleines de déchets bloquaient toujours la place de la préfecture vendredi matin. 30 à 40 agriculteurs, essentiellement de producteurs de viande bovine et de lait, avaient passé la nuit sur place.
Réponse policière de Manuel Valls, en attendant une réunion avec le pouvoir socialiste |
Arrivés jeudi matin devant la préfecture, ils attendent toujours de l'État qu'il organise une réunion avec les responsables d'abattoirs et laiteries du département. "Les capitaux de la Cooperl sont la propriété de ses adhérents. Ils n'ont pas vocation à financer un cours politique, pour tenir la tête hors de l'eau à une partie de la production française", a rappelé la coopérative. "Notre effort ira en totalité à l'abattage et à la valorisation des porcs de nos adhérents", insiste la Cooperl, qui annonce en revanche la suspension de ses achats externes au cadran à compter de lundi.
Michel Bloc'h, le président de l'Union des groupements de producteurs de viande en Bretagne, qui avait incité jeudi Manuel Valls à intervenir dans le débat, a lancé vendredi sur RTL un appel au gouvernement à diminuer les charges sociales pour les entreprises de la filière porcine afin de les rendre plus compétitives face à l'Allemagne et l'Espagne.
"Une guerre des nerfs"
Les palettes contenants des produits étrangers
ont été sorties du camions, étalées sur la voie
et en partie distribuées aux automobilistes
|
"C'est un peu une guerre des nerfs qui se joue, mais pas avec des entreprises d'abattage qui ont quitté le marché, mais avec l'État qui refuse d'entrer dans le discours de la compétitivité", a déclaré M. Bloc'h, ajoutant que les éleveurs n'ont pas reçu de réponse à leur demande de rencontre avec le Premier ministre Manuel Valls.
La Cooperl et Bigard/Socopa jugent trop élevé le prix de 1,40 euro/kilo fixé par le gouvernement, notamment par rapport à la concurrence européenne.
L'absence de cotations lundi, puis jeudi au MPB, qui ne représente que 15% des ventes de porcs hebdomadaires mais fixe le prix de référence au niveau national. "C'est l'outil de cotation pour l'ensemble des porcs français, il faut que cet outil-là redémarre le plus rapidement possible", a souligné M. Bloc'h.
Une promesse de Bigard
Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, seul à intervenir au nom du gouvernement jeudi, mais toujours avec un temps de retard,
n'a encore trouvé aucun levier juridique pour forcer la cotation à reprendre sur le marché de Plérin, car il s'agit d'une association type loi 1901 où seuls les adhérents peuvent prendre les décisions. Il a toutefois affirmé que le patron de Bigard lui aurait promis d'acheter 90.000 porcs au niveau national cette semaine, comme il le fait d'habitude, au prix revalorisé de 1,40 euro/kilo demandé par les éleveurs, mais sans passer par le marché de Plérin.
Un coup de force symbolique dénoncé par la Confédération paysanne
Classée à gauche, le 3e syndicat agricole ne facilite pas une sortie de crise. Bien au contraire, il y voit une "entente entre deux opérateurs" avec pour seul objectif d'obtenir une baisse de prix. Les éleveurs soulignent l'urgence de la situation, sachant qu' "un cochon prend un kilo par jour" et que son alimentation non prévue constitue un coût supplémentaire pour le producteur.
VOIR et ENTENDRE la colère des éleveurs en détresse qui refusent d'attendre encore jusqu'à lundi:
VOIR et ENTENDRE la colère des éleveurs en détresse qui refusent d'attendre encore jusqu'à lundi:
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