vendredi 24 avril 2015

France Télévisions: le pouvoir a fait nommer la première femme présidente qu'il voulait

Delphine Ernotte est la nouvelle présidente de France Télévisions 

L'ancienne DG d'Orange a été élue présidente du plus grand groupe audiovisuel français


par les membres du CSA présidé par un homme du président Hollande. Elle prendra ses fonctions dès le mois d'août prochain. Après avoir rêvé d’être archéologue, mais avoir fait toute sa carrière dans les télécommunications, Delphine Ernotte-Cunci, à quarante-neuf ans, se retrouve au sommet d’une pyramide nommée France Télévisions.

Delphine Ernotte-Cunci succède à Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions, pour cing ans. Après des mois d'attente et de folles rumeurs, les huit sages du CSA ont rendu ce jeudi leur verdict en faveur de la candidate d’Olivier Schrameck, Et c’est une femme, ce qui, en ces temps de parité, est un handicap pour les hommesCette centralienne,  était déjà arrivée en tête lors du premier vote organisé mercredi 22 avril en fin d'après-midi
Directrice générale chez Orange France, où elle a fait toute sa carrière –elle a rejoint l’opérateur sitôt son diplôme de Centralienne en poche–, elle a gravi toutes les étapes de la course aux honneurs. Entrée en 1989, en pleine gloire du minitel, elle a fini par devenir la directrice générale d’Orange France, un poste qu’elle occupe depuis 2011. En un quart de siècle, elle a démarré à la responsabilité des boutiques parisiennes pour arriver à la communication, en passant par la gestion d’une région, le commercial ou le sponsoring. Qui a dit que les femmes n'ont pas toutes les chances de réussite à égalité avec les hommes ? Et mieux.

Les syndicats auraient-ils de bonnes raisons de défiance ?
Quand en 2008 elle fut directrice commerciale France, elle faisait partie de l’équipe de Louis-Pierre Wenès, aujourd’hui poursuivi pour harcèlement moral pour son rôle dans la "crise des suicides", en 2009. Schrameck est-il l'homme avisé qu'on nous décrit ?... 


Les syndicats l’attendent de pied ferme. "Elle ne connaît rien à l’audiovisuel ", disent-ils en substance: elle n'est pas pas X-Télécom... Mais c’est surtout un capitaine d’industrie que cherchait le CSA. Cela, personne ne peut décemment le lui enlever. Chez Orange, elle dirige aujourd’hui 80.000 salariés. A France Télévisions, Delphine Ernotte devra toutefois se défaire de son image de bonne élève d’apparence assez discrète. Avec l’aide de son mari comédien ? 
Elle parle avec légèreté du contraste sur leurs feuilles de salaire entre sa carrière exceptionnelle dans les télécoms et celle du père de leurs deux adolescents, Marc Ernotte. "Mon mari plaisante parfois en disant aux enfants que si ça continue il travaillera pour acheter le liquide de vaisselle."  Ou le Lexomil...

Delphine Ernotte, première femme présidente

En compétition face à Pascal Josèphe et au PDG sortant Rémy Pflimlin, Delphine Ernotte devient la première femme à occuper ce poste. Devançant d'autres postulants comme Nathalie Collin (La Poste), Cyrille du Peloux (Veolia), Robin Leproux (ex-M6), Christophe Beaux (la Monnaie de Paris) ou encore Marie-Cristine Saragosse (France Médias Monde), favorite évincée le 17 avril dernier, Delphine Ernotte a créé la surprise mais répondu aux attentes de son prédécesseur. En juillet 2013, celui-ci avait en effet annoncé vouloir "renforcer la place des femmes" dans le service public . Aujourd'hui c'est chose faite.

D. Ernotte n'est pas non plus une grande spécialiste des media


Selon BFMTV, Delphine Ernotte aurait été aidée dans sa campagne par Xavier Couture et David Kessler -deux bons connaisseurs de l'audiovisuel travaillant aujourd'hui chez Orange- et par les communicants Anne Hommel et Denis Pingaud. Ce dernier avait également conseillé Mathieu Gallet, aujourd'hui à la tête de Radio France.
La nouvelle PDG de France Télé est par ailleurs déjà très critiquée, notamment par le syndicat CGC qui la pointe du doigt pour son rôle dans la crise des suicides chez Orange. Mais aussi et surtout pour son manque d'expérience dans les media, elle qui a effectué toute sa carrière au sein de l'opérateur téléphonique.
Le CSA ne pousse pas au crime:
il fait de l'idéologie politique 
Delphine Ernotte doit "faire mieux avec moins"

Or, de réelles compétences en la matière sont requises pour remettre à flots le lourd paquebot France Télévisions. Et ce puisque la future direction va devoir faire mieux à moindre coût, comme le préconise la feuille de route établie par le gouvernement. Delphine Ernotte aura la responsabilité d'être plus audacieuse dans ses programmes afin d'attirer un jeune public. Mais aussi de promouvoir la culture, de développer le numérique et surtout de réformer France 3. Tout cela avec un budget en baisse, les subventions allouées au groupe étant passées de plus de 420 millions d'euros en 2012 à 115 en 2014.
France Télévisions doit se réformer avec un budget réduit : une lourde tâche qui incombe désormais à Delphine Ernotte.

Une élection troublée par son opacité


Mais les attaques ne se concentrent pas exclusivement sur Delphine Ernotte. Le mode de désignation du patron du groupe audiovisuel français par le CSA a largement été pointé du doigt ces derniers jours. En cause : le mystère, ou plutôt le manque de transparence, qui planait autour de la décision du conseil.
Des noms révélés au compte-goutte, des refus de candidatures inexpliquées, un processus de nomination obscur... Didier Quillot, l'ex-patron de Lagardère Active et d'Orange France, était en lice pour la présidence de France Télévisions mais il n'a pas été retenu. Dans Libération il s'étonnait de n'avoir reçu, en retour, aucune explication : "Tout cela se fait dans l'opacité la plus complète et le débat démocratique et ouvert que l'on devait aux Français sur l'avenir de leur télévision publique a été confisqué."
Il a été rejoint dans son insatisfaction par les rédactions de France 2 et France 3 qui dénonçaient le "règne de l'opacité" dans une tribune parue mardi 21 avril dans Le Monde.

Rachid Arhab, ex-membre du CSA de 2007 à 2013, a lui fait part du manque de clarté de la mécanique CSA. Interrogé sur Radio Classique en début de semaine, il dénonçait le fait qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel, tout "se fasse en catimini."


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