samedi 28 mars 2015

Départementales: l'AFP poursuit la campagne de la gauche

"La droite 'veut évincer' la gauche, le FN 'rêve de victoires'," titre l'AFP: procès d'intention peu banals... 

"La droite espère infliger une lourde défaite à la gauche sur la lancée du premier tour

et reléguer à l'arrière-plan la forte poussée du Front national", écrit Thierry Masure (AFP), alors que plus de 40 millions d'électeurs sont supposés aller aux urnes dimanche pour le second tour des élections départementales. Cette introduction donne le ton de la dépêche partisane intégralement diffusée par Libération dès 8h49, suivi de fr.news.yahoo.com vers 11h00, ce samedi. La dépêche d'agence est d'ailleurs reprise en choeur par actu.orange.fr, lanouvellerepublique.fr, larepubliquedespyrenees.fr ou lavoixdunord.fr, etc... sans qu'il soit question de plagiat, puisqu'il est convenu que l'AFP sert d'interface entre le pouvoir et les organes de presse paresseux ou serviles. Travailler moins pour gagner plus que le bosseur unique !  
Après un dimanche marqué par "une abstention importante (49,83%, soit un électeur sur deux)" - ce qui n'est pas une caractéristique recevable, puisque la participation est supérieure à celle du précédent scrutin et à celui attendu - la mobilisation de l'électorat sera "le premier enjeu du scrutin" -certes non négligeable, mais secondaire, selon le premier ministre lui-même qui a tempêté pour imposer le "front républicain" qui l'arrange, mais aussitôt bafoué. L'AFP sert de relais à l'Elysée, mais leur  argumentaire commun ne tient pas la route.

Après avoir accusé les divisions de la gauche au premier tour -bien que sa politique et les invectives de Valls les aient provoquées- le PS, dominant mais très affaibli, prévoit désormais d'expliquer la débâcle annoncée par une désaffection de ses électeurs déçus, voire en colère. Sur instruction de Matignon, l'AFP met d'ores et déjà en cause l'abstention responsable de la perte de la moitié ou plus des départements (61) qu'elle administre: un pronostic pourtant déjà établi avant le premier tour... Clairement, l'exécutif aimerait trouver sa planche de salut dans la mobilisation des déçus de la gauche.

Les conseils départementaux, dont tous les présidents seront élus jeudi, gèrent un budget annuel supérieur à 70 milliards d'euros, près de trois fois plus que celui des régions, allant des aides sociales - ce n'est pas pour autant que la Seine-Saint-Denis a voté plus et mieux que les autres: les allocs tombent de toute façon ! - à l'entretien des routes et des collèges, en passant par le développement économique. Pour autant qu'on sache, puisque la réforme ne permet ni aux candidats, ni aux électeurs de savoir au moment du scrution ce qu'ils seront effectivement...

VOIR et ENTENDRE la ministre de la Justice, Christiane Taubira, débiter ses mensonges, polémiquant aux Ullis, à deux jours du second tour des élections départementales, en soutien aux candidats PS de l'Essonne, département menacé du premier ministre Manuel Valls:


Aux Ulis, Taubira veut convaincre les... by afp

Le scrutin concerne donc encore l'immense majorité d'entre eux: 1.905 des 2.054 cantons

149 cantons ayant été pourvus dimanche dernier, la gauche aligne 1.334 binômes (homme/femme indépendants l'un de l'autre), la "droite républicaine" 1.602, et le Front national 1.107. Ces binômes s'affronteront dans 1.614 duels (près des 3/4) et 278 triangulaires.

Au premier tour, avec un score de 25,2% et un bond de dix points par rapport à 2011, le Front national est arrivé en tête dans 43 départements, taillant des croupières à la droite (36,6%) comme à la gauche au pouvoir (38,1%), qui ont atteint chacune un niveau très bas, souligne finement l'AFP, avec la volonté de banaliser le revers des gauches, tout en cumulant discrètement les scores du PS et de l'extrême gauche... L'AFP se garde en outre d'expliquer que l'émergence d'une troisième force (le FN), favorisée par l'Etat-PS, a un effet mathématique immédiat sur la baisse des scores des partis traditionnels habitués au bipartisme.

Mais, grâce à l'alliance entre l'UMP et l'UDI, la droite (28,75%) a creusé l'écart sur le PS (21,47%). Par l'effet mécanique du scrutin majoritaire et le report des votes "divers droite" du premier tour (6,81%), une trentaine au moins de départements peuvent tomber dans son escarcelle. A noter que cet "effet mécanique du scrutin majoritaire et le report des votes 'divers droite' " pourrait s'appliquer pareillement en faveur du PS, si EELV (2%) et l'extrême gauche (6%) y étaient disposés... 

Après la vague bleue des municipales, la droite pourrait convaincre de Marseille à l'ensemble du département des Bouches-du-Rhône, détenues par le PS depuis plusieurs décennies, et conquérir  notamment l'Isère, l'Allier, les Pyrénées-Orientales, sans compter la très symbolique Corrèze, terre d'élection de François Hollande.

Le pouvoir de Valls vacille dans l'Essonne

Sur les terres de Valls, en Essonne,
c'est où J. Guedj, le frondeur socialiste,
ou l'UMP, Georges Tron !
Comprenez l'hystérie du premier ministre !
Le FN aura du mal à franchir la barre des 50% synonyme de victoire en cas de duel, faute d'alliés.  Il peut davantage s'imposer dans les triangulaires. D'autant que, en vertu du "ni-ni" recommandé par l'UMP, cette liberté autorise l'expression d'un vote-sanction. Cette possibilité est rendue nécessaire par le quinquennat qui ne dissocie plus présidentielle et législative: les Français sont ainsi privés d'une possibilité de rejet de la politique du pouvoir en place pour cinq années, quoi qu'il arrive. Le premier parti de France a pu se maintenir dans un nombre important de cas, ce qui fait rager la gauche arrivée 3e, qui a dû jeter l'éponge dans 26 cantons où le PS  estime ne pas pouvoir gagner face à la droite et au FN. Le PS ne s'est pas retiré pour barrer la route à l'extrême droite, mais parce qu'il n'avait pas atteint le seuil légal de 12.5% des suffrages exprimés lui permettant de se maintenir ou que le vote socialiste avait un faible impact. 

Le FN croit à sa victoire dans le Vaucluse, terre élective de Marion Maréchal-Le Pen où le parti d'extrême droite est arrivé en tête dans 11 des 17 cantons. Les ambitions du FN se portent également sur l'Aisne, voire le Pas-de-Calais et le Gard.

Pour réénchanter le scrutin, pour tenter toute la semaine de mobiliser les électeurs de gauche, le Premier ministre Manuel Valls a continué à délaisser sa charge à Matignon. 

Il a laissé à d'autres l'exploitation compassionnelle et médiatique du crash de l'A320, sur le territoire français, pourtant.  "Rien n'est joué", a-t-il asséné, rappelant qu'au premier tour déjà, la participation a été plus importante que ne le prévoyaient les sondages -et contrairement aux dires de l'AFP (ci-dessus). Il va même jusqu'à la contre-vérité en affirmant que c'est ce qui aurait "permis à la gauche de ne pas sombrer."  Mais l'exécutif est -sur tous les sujets- dans le déni: il suffit de penser à sa présentation mensongère, cette semaine, des chiffres du chômage: comment les électeurs en recherche d'emploi ne lui en tiendraient pas rigueur ?

Valls s'est félicité des démonstrations de "rassemblement" d'une gauche éclatée au premier tour, tel ce meeting jeudi en Seine-Saint-Denis réunissant Claude Bartolone (particulièrement motivé en tant qu'ex-président sortant PS), Pierre Laurent (PCF) et Emmanuelle Cosse (Europe Ecologie-Les Verts, laquelle aspirerait à entrer au gouvernement tandis que sa camarade (vert dehors, rouge dedans), l'hystérique Duflot, tire à boulets rouges sur le gouvernement).

VOIR et ENTENDRE toutefois les sifflets et appels à la démission des agriculteurs qui ont accueilli un Valls, tremblant du pied droit comme une feuille: 

Un sérieux accroc toutefois au "front républicain": le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon n'a donné aucune consigne de vote.

A droite, Nicolas Sarkozy n'a pas esquivé le combat contre Manuel Valls, pointant les "leçons de morale" d'un PS pris au piège de son double langage. Selon Gérald Darmanin, député-maire UMP de Tourcoing, "la gauche est en 3e position dans 89 triangulaires. Elle se maintient dans 68. Quelle différence entre les discours et les faits !"

La campagne s'achève  samedi à minuit, mais la distribution des documents électoraux est interdite depuis vendredi soir minuit.
Les bureaux de vote seront ouverts de 8h00 à 18h00. Jusqu'à 19h00 dans beaucoup de villes moyennes (Brest, Dijon, Chambéry, Toulon, Tours..), jusqu'à 20h00 à Bordeaux, Marseille, Nantes, Toulouse et en Ile-de-France.
Certains électeurs ne sont pas sollicités. Ainsi, à Paris ou Lyon, ni en Guyane, ni en Martinique.


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