"Unité nationale" ? Le PS préférera Guérini à la droite
En cas de duel Jean-Noël Guérini-candidat de droite, le PS choisira le président sortant du Conseil général des Bouches-du-Rhône, en rupture pourtant avec le PS, a informé mardi le secrétaire de la fédération départementale Jean-David Ciot. Le PS présentera un candidat à la présidence du conseil général contre J.-N. Guérini, dit Ciot au journal La Provence, mais "si, à la fin (...), nous assistons à un duel entre (Martine) Vassal [chef de file UMP-UDI], et Guérini, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que la candidate de droite pro-métropole ne gagne pas", poursuit-il, assurant qu' "il n’y a pas d’alliance entre le PS et la Force du 13" pour conserver la présidence du Conseil général des Bouches-du-Rhône...
En délicatesse apparente avec le PS depuis sa mise en examen pour association de malfaiteurs dans une affaire de marchés présumés truqués, Guérini, démissionnaire du PS au printemps 2014, a été réélu sénateur des Bouches-du-Rhône en septembre 2014 à la tête d’une liste dissidente de gauche (Force du 13) et il a demandé son rattachement au groupe PRG, cousin docile du PS.
Le parrain peut aussi compter sur certains media qu'il tient par les bourses
Remplaçant les élections cantonales, les départementales de fin mars vont désigner les membres du Conseil départemental (ex-Conseil général) dans le cadre du canton. Les conseillers généraux élus en 2008 et en 2011 seront ainsi tous remplacés en mars 2015 par des conseillers départementaux.
"Connards !" A peine tourné le coin du couloir, Jean-Noël Guérini se croit seul et se lâche. Très énervé, le président du Conseil général vient de présenter ses voeux au monde des media, de louer la liberté de la presse et d'écraser une larme sur le sort de Charlie Hebdo. L'insulte vise deux journalistes du site Marsactu, qu'il vient de quitter. L'un d'eux l'a interpellé publiquement, évoquant les lourdes difficultés des titres locaux, les publicités institutionnelles distribuées sans transparence et la placardisation d'un journaliste de La Provence qui a longtemps couvert les affaires judiciaires de Jean-Noël Guérini.
Le patron du département s'en prend à l'opposition
Marsactu "n'est pas indépendant" et ne l'a jamais invité à l'un de ses talk-shows, se plaint-il. Les publicités achetées avec l'argent de la collectivité ? "Je fais ce que je veux !" s'étrangle l'ex-socialiste, qui affirme que l'actionnaire de Marsactu - et co-fondateur et directeur général de LCM, chaîne locale de télévision à Marseille - "vient sans cesse demander de l'argent". "C'est faux ! répond l'intéressé. Je ne lui ai pas demandé un sou en cinq ans."
Guérini est dans la logique du carnet de chèques ou du baiser de la mort
Fondateur, au début de l'année 2010, de ce site d'investigation, Pierre Boucaud poursuit : "Nous vivons toujours l'héritage du defferrisme. Gaston Defferre, maire et patron de presse, concentrait tous les pouvoirs. Dans l'inconscient collectif, à Marseille, tu es donc toujours censé rouler pour quelqu'un. Guérini, comme Gaudin, ne pensent pas que tu puisses être indépendant. Le président du Conseil général est dans la logique du revolver ou du carnet de chèques: soit il tue financièrement, soit il distribue à sa guise. Un acteur économique privé peut éventuellement être dans cette logique. Mais là, il s'agit d'argent public."
Avec les affaires, les relations entre le président du Conseil général et les rédactions se sont encore un peu plus tendues. Marc Auburtin, directeur général du quotidien La Provence reconnaît "un fort ralentissement de la publicité" à partir de 2011. Le Conseil général a totalement fermé le robinet de ses "budgets com" au plus important quotidien régional. "Nous avons arrêté nos relations à une certaine époque, car nous n'étions pas d'accord, non pas sur le contenu des articles, mais sur la façon que nous étions traités, nous, conseil général. Les choses ont été rétablies, ça se passe bien", savoure Jean-Noël Guérini.
Les voeux du Conseil général sur une pleine page de La Provence
Depuis l'été dernier, la communication du conseil général est en effet réapparue dans le journal, pour faire sa promotion. D'abord via les annonces légales, puis à travers l'achat d'encarts. En début d'année, la collectivité a même présenté ses voeux aux lecteurs sur une pleine page. Une première depuis quatre ans ! Un signe que les relations se normalisent, assure le parrain des Bouches-du-Rhône... et que le président sortant repart en campagne.
Le directeur général de La Provence résume ainsi la situation : "Jean-Noël Guérini comprend nos impératifs, et nous comprenons les siens." Quitte à écarter un membre de la rédaction de la couverture des "affaires Guérini" ? "Aucun journaliste n'est propriétaire des sujets qu'il traite !" rétorque Marc Auburtin. Le président du Conseil général, lui, se réjouit de la mise à l'écart de Fred Guilledoux, une signature qu'il jugeait trop proche de son ennemi déclaré Patrick Mennucci.
Ce journaliste de La Provence "devait devenir son directeur de la presse et de la communication", affirme-t-il - ce que Patrick Mennucci dément. "C'est ça, la liberté de la presse ?" Il amène les doigts à sa bouche, fait mine de recevoir la becquée, puis se tape sur le ventre. "Mangiare ! mangiare ! C'est pas des journalistes, pour moi", dit-il.
Jean-Noël Guérini aurait-il oublié que trois membres de son cabinet sont d'anciens journalistes de La Provence, à commencer par Gilbert Gaudin (photo ci-dessus), son directeur de la communication assis à son côté?
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