vendredi 1 août 2014

Dissolution possible de la LDJ : l' "enfumage" n'est pas celui que le NPA dénonce

La convocation du NPA par le juge ne trompe personne en matière d'enfumage

Alors que le ministère de l'Intérieur monte un argumentaire imparables  qui justifierait la dissolution de la Ligue de défense juive (LDJ)
 
à laquelle le gouvernement semble particulièrement tenir, personnalités politiques et autorités religieuses affichent ces derniers jours des positions diverses, pas toujours tranchées. 

Le groupe dans le collimateur du pouvoir a été récemment accusé de violences en marge de manifestations pro-palestiniennes, autorisée par le gouvernement le 13 juillet à Paris, mais qui avait tourné à l'émeute, et le 20 à Sarcelles (Val-d'Oise), interdite aux organisateurs  au vu des risques, et qui avait pareillement dégénéré. Et c'est pourtant la LDJ qui est dans le viseur de Hollande, plutôt que le NPA et le PCF, principaux organisateurs et fournisseurs de la logistique..

Jeudi, Bernard Cazeneuve a admis être confronté à des "conditions de droit" contre l'arbitraire pour pouvoir prononcer la dissolution d'un groupe tel que la LDJ: "Si les conditions de droit sont remplies, concernant l'ensemble des groupes qui peuvent poser problème, nous procéderons à des dissolutions. Si elles ne sont pas réunies, nous ne le ferons pas", a déclaré le ministre de l'Intérieur en marge d'une visite de la base de la Sécurité civile de Marignane (Bouches-du-Rhône).

Ainsi le pouvoir socialiste a-t-il décidé d'une dissolution politique avant même d'avoir rassemblé les éléments qui y autorise: c'est mettre la charrue avant les boeufs.

Le PC demande la dissolution du groupuscule, "menace récurrente" à l'ordre public. Oublieux des violences urbaines de Barbès, cet organisateur a toutes les audaces. Le PCF a appelé jeudi le ministre de l'Intérieur "à engager une procédure de dissolution de la LDJ, qui constitue une menace récurrente et particulièrement violente à l'ordre public, tant par son recours à la violence physique que par ses propos racistes". "Les débordements dont certaines manifestations récentes de soutien à la Palestine ont été le théâtre ces dernières semaines ont été unanimement condamnés", ont insisté les staliniens pour qui "ces événements ont mis en lumière les agissements de groupuscules organisés se présentant comme "pro-israéliens", parmi lesquels la Ligue de Défense Juive (LDJ)", polémiquent les fauteurs de troubles. "La LDJ est considérée comme organisation terroriste par de nombreux Etats, que ceux-ci soutiennent ou non la politique étrangère d'Israël, où elle est d'ailleurs elle-même interdite", a ajouté le parti.
Or, le Hamas que soutient le PCF est également sur la liste rouge américaine des terroristes. Et, à l'inverse, Roger Cukierman, ancien président du Conseil représentatif des Juifs de France (Crif), dénonce l’extrême gauche pour son "antisionisme, nouvel habit de l’antisémitisme".



Olivier Faure (l'un des porte-parole du PS) demande des "éclaircissements." Dans une lettre au ministre de l'Intérieur, datée de mercredi, ce vice-Président du Groupe socialiste à l'Assemblée nationale disait vouloir comprendre pourquoi la LDJ était "autorisée en France"avait rapporté Europe 1 jeudiInterrogé de surcroît par Libération, le même, un ex-conseiller spécial du premier ministre Jean-Marc Ayrault, s'est répandu: "Nous vivons dans un Etat de droit, et nous avons une organisation qui revendique des liens avec une organisation interdite en Israël, où elle est considérée comme raciste, ainsi qu’aux Etats-Unis. Je souhaite avoir des éclaircissements sur ses ramifications. Si l’organisation française se rattache à l’organisation interdite ailleurs, la dissolution est la seule voie possible."
Quand il s'agit de l’agression contre la librairie où Alain Soral faisait une séance de dédicaces, le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, condamne la LDJ et soutient ainsi le co-fondateur du GUD, un mouvement classé à l'extrême droite et le co-listier sur de l'antisioniste Dieudonné aux élections européennes de 2009.

Marine Le Pen (FN) : dissoudre la LDJ si elle "multiplie les actions violentes".
"S'il existe une LDJ, c'est qu'un grand nombre de juifs se sentent en insécurité. Ils ont le sentiment qu'un nouvel antisémitisme monte en France", a déclaré Marine Le Pen, vendredi, sur RTL. Mais la patronne du FN a estimé que "si la LDJ multiplie les actions violentes, il faut la dissoudre". Jeudi, elle avait estimé que "si la LDJ (agissait) de manière violente systématiquement alors elle (remplissait) dans les conditions d'une interdiction".

En revanche, Claude Goasguen (UMP) est favorable à la dissolution du ...NPA. "Si la LDJ est dissoute, alors il faut dissoudre le NPA (Nouveau parti anticapitaliste, l'un des organisateurs de manifestations pro-palestiniennes]. Si on dissout l'un, il faut dissoudre l'autre", a déclaré au Figaro le député de Paris Claude Goasguen.

Demarcq (NPA) : "C'est de l'enfumage", a affirmé vendredi Sandra Demarcq sur France 2. "On combat cette organisation", un groupuscule "d'extrême-droite" qui scande, selon la porte-parole du NPA, parti trotskiste révolutionnaire, dans ses manifestations "pas d'arabe, pas d'attentat". Mais "sur la dissolution, on est toujours un peu perplexe", "ça n'empêche pas la reconstitution de ces groupes". "Les membres de la LDJ, il faut les condamner pénalement", a-t-elle poursuivi, à deux doigts de réclamer des sanctions financières. L'enjeu du mouvement pro-palestinien, "ce n'est pas la dissolution de la LDJ", "c'est obliger Israël à arrêter ce conflit". Invitée par le service public à répondre à l'attaque de Claude Goasguen, Sandra Demarcq a ironisé , faute d'argument: "Claude Goasguen nous fait toujours beaucoup rire".

Les anti-sionistes du Crif etde l'UEJF souhaitent aussi  dissoudre les groupes qui ont commis des actes antisémites

"Gaza Firm" était présent
aux 
3 manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré 
"Je condamne toutes les formes d'extrémisme, notamment les méthodes parfois radicales de la LDJ, mais si le gouvernement la dissout, qu'il dissolve également tous les groupes radicaux qui se sont livrés à des violences antisémites ces derniers jours", a réagi jeudi le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Sacha Reingewirtz.
Et le responsable de l'UEJF de citer le collectif pro-Hamas Cheikh Yassine, le groupe Egalité et Réconciliation, d'Alain Soral, les militants gravitant dans la mouvance du polémiste Dieudonné ou encore la Gaza Firm, "qui défile dans les rues de Paris pour casser du Juif".
A chaque fois, à Bastille le 13 juillet, à Barbès le 19 juillet et samedi dernier place de la République. le même groupe, qui se fait appeler "Gaza Firm", était présent et il est soupçonné d'avoir organisé les débordements. 

Scènes de la manifestation pro-Hamas, avec la participation active de Gaza Firm le 19 juillet 2014:


Les activistes de Gaza Firm seraient issus des supporters ultras du PSG. 
 Sympathisants de Dieudonné et Alain Soral
du collectif "Gaza Firm"
pudiquement qualifiés de "casseurs"
Des anciens du virage Auteuil et de Karsud ayant des liens avec la frange radicale de la tribune Boulogne. "Le mot 'Firm' trahit leur origine, c’est un code de supporter ultra qui rappelle l’Inter City Firm (la première bande de supporters de foot hooligans anglaise, ndlr)", explique à Mediapart un fin connaisseur de cette nébuleuse. Mais contre toute évidence, "Gaza Firm" continue de nier sur Twitter tout lien avec Alain Soral, Dieudonné ou le PSG. Tout en refusant, jusqu'à présent, de s'exprimer à visage découvert. Contactés par metronews, certains membres avaient accepté de s'exprimer par mail "pour arrêter ces amalgames entre 'Gaza Firm' et l'extrême droite". Ils ont finalement refusé de communiquer.

Le fondateur du think tank Avenir du judaïsme, Jean-François Strouf, a de son côté estimé que les dirigeants de la première communauté juive d'Europe (5 à 600.000 membres) devraient clairement "prendre leurs distances avec des éléments extrémistes", tout en se disant "indifférent" au sort de la LDJ, un groupe "marginal".

Réaction de Roger Cukierman, président du CRIF
"Ce que je souhaite, c'est que si cette organisation devait être interdite, qu'on pense également à interdire ceux qui ont favorisé des exactions antisémites à l'occasion d'autres manifestations". 

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