samedi 16 août 2014

Croissance : les ministres se mobilisent pour excuser les prévisions du gouvernement

Histoire d'un "génocide économique" 

Quand Hollande promettait sur une croissance à 2% en 2014
En 2012, le candidat socialiste à la présidentielle tablait une croissance à 2% en 2014, et autour de 2,25% en 2015. Des chiffres qui se révèlent aujourd'hui bien en-dessous de la réalité.
Le programme de François Hollande et ses "60 engagements pour la France", dévoilés en janvier 2012.


"Mon projet se fonde sur des hypothèses de croissance à la fois prudentes et réalistes." 
Nous sommes début 2012. Candidat à la présidence de la République, François Hollande dévoile en grande pompe ses "60 engagements pour la France". Accusé par ses adversaires de faire des promesses trop coûteuses au regard de l'économie française, le candidat socialiste insiste au contraire sur "le sérieux budgétaire" de son programme

Pour financer ses engagements, François Hollande compte alors sur un rapide retour de la croissance : 0,5% en 2012, 1,7% en 2013, 2% en 2014, puis 2 à 2,5% à partir de 2015. Deux ans et demi plus tard, ces hypothèses "prudentes et réalistes" semblent complètement irresponsables… Après la publication des dernières prévisions de l'INSEE, jeudi 14 août, le gouvernement n'espère plus désormais qu'une croissance de 0,5% en 2014 et de 1% en 2015, après 0% en 2012 et 0,3% en 2013.
Conséquence directe de ce blocage de la croissance  : la promesse de François Hollande de ramener le déficit sous la barre des 3% dès 2013, conformément aux engagements européens, est, elle aussi, loin d'être atteinte. Après l'avoir déjà reportée plusieurs fois, son compère, le ministre des Finances, Michel Sapin, a implicitement reconnu, jeudi 14 août, que la France n'atteindrait pas cet objectif en 2015.

Amateurisme ou tromperie "criminelle"? 

"A l'époque, nous nous étions calés sur les prévisions de la majorité alors en place. Nous n'avions pas encore mesuré l'ampleur des choses qui allaient nous êtres léguées après dix ans de droite au pouvoir", se défend le député Olivier Faure, porte-parole du Parti socialiste, assez lâche pour assumer une idéologie ringarde, ainsi qu'une politique de stigmatisation et de menaces et, au final, la déroute du pouvoir socialiste. 
A quel moment le déficit français repassera enfin sous la barre des 3% ? "L'économie n'est pas une science exacte, esquive le foireux Olivier Faure. La question, c'est celle de la trajectoire. Et aujourd'hui, cette trajectoire de réduction du déficit doit être maintenue," raconte ce fanal socialiste

Le gouvernement mobilise les media pour justifier les mauvais chiffres sur la croissance. Les éléments de langage qu'ils colportent accusent l'Europe de tous les maux de la France. C'est donc aux Européens de répondre, car nous ne changerons pas de cap, s'obstinent-ils.

Tout ne se passe pas comme attendu. Pour 2014, le gouvernement va devoir revoir ses prévisions de croissance. Après la publication des derniers chiffres par l'Insee, le résultat est cinglant: au deuxième trimestre, la France s'est figée dans une croissance zéro. Des données qui font voler en éclats les prévisions du gouvernement.

Quatre ministres sont rentrés de vacances pour faire le service après-vente de résultats clairement négatifs

Ce jeudi, sur les antennes des radios et télévisions, Michel Sapin, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de la Ville, des sports et des droits des femmes, ainsi que Kader Arif, en charge des anciens combattants sont sur le pont pour enfumer l'opinion. Tous ces menteurs vertueux pointent l'Europe qui n'y est pourtant pour rien, affirmant que l'exécutif français n'est pas seul à s'être trompé dans les prévisions et que le gouvernement va donc maintenir sa politique.

Le plus concerné, le ministre des Finances, Michel Sapin, reconnaît toutefois la "panne" de croissance de la France mais appelle à une réponse européenne, passant par la BCE et par une "adaptation" des règles budgétaires. Dans un texte publié par Le Monde, ce proche de Hollande avoue que la France n'atteindra que 0,5% de croissance cette année, contre un objectif initial de 1%, et ne croit pas pour 2015 à un chiffre "très supérieur à 1%". 
Et il fait aussi exploser les prévisions de déficit: cette croissance zéro, combinée à une inflation si légère qu'on parle de déflation aura pour effet un déficit public "supérieur à 4% du PIB en 2014", au lieu d'une prévision initiale de 3,8%. L'objectif d'un respect en 2015 de la limite européenne de 3% s'en trouverait fortement compromis.

"L'Europe doit agir", disent en choeur les ministres

Invité d'Europe 1, Michel Sapin est contraint de lâcher la vérité: "C'est un mauvais chiffre. Je le regarde comme tel, je le commente comme tel." Mais il n'assume rien, refusant d'accorder la responsabilité de cette mauvaise prévision, et de ce mauvais résultat, au seul gouvernement. "1% de croissance en 2014, c'était la prévision du FMI, de l'OCDE, de la Commission européenne. Nous le corrigeons. La réalité n'était pas celle prévue par les observateurs", ajoute-t-il, inculpant tout le monde. "Je ne vois pas comment nous pourrions faire mieux que 0,5%, ce qui n'est pas suffisant."

Comme il l'a fait dans la tribune publiée par Le Monde, le ministre met à son tour l'Europe en cause. "Il y a un problème français et un problème européen. Même la croissance allemande est à l'arrêt", a-t-il commenté, dans un amalgame désobligeant pour les membres de la zone euro. "L'Europe doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions à la situation particulière et exceptionnelle que connaît notre continent. La France pèsera en ce sens", écrit-il, faisant la leçon à ses alliés.

Sur RMC, Najat Vallaud-Belkacem débite  les mêmes arguments: tous les commentateurs faisaient cette prévision et un appel lancé à l'Europe. "Ce n'est pas 'on a été trop optimistes', ce n'est pas le gouvernement seul, tous les observateurs économiques prévoyaient des chiffres plus importants", glisse-t-elle, avouant la dépendance du gouvernement aux analystes.
En phase avec son collègue des Finances, elle considère qu'il "faut que l'Europe prenne en considération la situation et qu'elle mette en oeuvre une politique monétaire adaptée à cette situation exceptionnelle de croissance faible." "Sans l'Europe, nous n'arriverons pas à aller plus loin."

Et que peut le pouvoir socialiste pour l'économie française ? 

La ministre de la Ville, des sports et des droits des femmes estime comme les autres qu'il ne faut surtout pas changer de cap. "Nous n'irons pas plus loin pour faire d'autres économies", insiste-t-elle. "Et pour ne pas avoir à aller plus loin, nous demandons à l'Europe d'adapter sa politique monétaire". Les socialistes élèvent l'Europe au rang de sous-traitant de l'entreprise France en plein coulage.

"Il y a un problème européen", lance de son côté le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, citant les chiffres négatifs de l'Allemagne, sur France Inter. "Il faut des politiques à l'échelle européenne pour redresser cette croissance", répète-t-il. Mais pas question non plus de changer de cap et d'abandonner la règle des 3% du PIB pour le déficit. "Les 3%, ça reste un cadre. La France a pris un engagement. Les efforts sont engagés, ils le resteront. Mais on n'en fera pas plus. On fera ce qui est de notre responsabilité."

Du côté de Kader Arif, proche de François Hollande et secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, donc parfaitement compétent en matière économique (et financière!) le discours est encore une fois le même, sur i-télé. Interpellé sur la "panne" de la France, il répond: "l'Europe est en panne", évoquant l'Allemagne et l'Italie, parce que l'Espagne, elle, remonte la pente. Comme ses collègues, le ministre juge qu'il faut "maintenir une politique de réforme", avec "une politique d'investissement forte". Concédant qu'il faut "adapter le budget 2015 à l'aune de ces mauvais résultats".
Que voulez-vous ajouter à ça ?...

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