jeudi 14 août 2014

Acculé par ses échecs, Hollande réserve une rentrée d'enfer aux Français

Les sept plaies d'Egypte sont pour Hollande


Déflation, déficits, chômage, logement, retocages par le Conseil constitutionnel, frondeurs du PS et impopularité: François Hollande est contraint d'assumer ses échecs 

Une seule option, selon des économistes, accélérer le rythme de réformes impopulaires dans une partie de sa majorité et parmi une majorité de Français

L'abandon implicite, jeudi, de l'objectif de ramener les déficits publics à 3% du PIB en 2015 en raison d'une croissance nulle sonne, avec ceux de l'inversion de la courbe du chômage ou de la construction de 2,5 millions de logements pendant le quinquennat, le glas des engagements phares du président.
"Mieux vaut assumer ce qui est, plutôt que d’espérer ce qui ne sera pas", a  piteusement résumé le ministre des Finances, Michel Sapin, dans une tribune au Monde,  pour rendre compte devant l'opinion de l'impasse dans laquelle se trouve le gouvernement, à la veille du week-end du 15 août.

Le président et son Premier ministre n'ont pas prévu de s'exprimer sur ce revers vendredi au Fort de Brégançon dans le Var, où ils prévoient de faire le point sur la situation économique depuis la résidence d'été présidentielle qu'il devait déserter.
Manuel Valls avait préparé l'opinion à de mauvaises nouvelles économiques, le 1er août lors d'un séminaire gouvernemental. "Réformer inlassablement", avait promis le Premier ministre, alors que ses partenaires européens et les milieux économiques demandent de ne pas compter sur le seul pacte de responsabilité pour baisser plus fortement le coût du travail pour les entreprises.

L'idéologie socialiste a ruiné nos espoirs de reprise

"Les réformes structurelles doivent aller plus loin", a révenu jeudi le MEDEF qui réclame notamment la révision des seuils de salariés au-delà desquels les entreprises se voient imposer des obligations sociales, une réforme à laquelle se résigne le gouvernement deux ans trop tard, après avoir donné des gages à sa gauche, mais qui est toujours rejetée par les syndicats radicaux.

Le gouvernement estime que la publication des chiffres rend  "d'autant plus pertinentes et nécessaires‎" les réformes portant notamment sur les seuils sociaux, les professions réglementées ou encore le logement, selon l'entourage du Premier ministre. "Les réformes sont indispensables, la majorité l'a compris", veut-on croire de même source, en réponse aux risques que font peser les frondeurs.

Pour l'économiste Patrick Artus, "la croissance est bloquée par un problème massif d’offre", et une relance de gauche classique en faveur des ménages -réclamée par les "fondeurs" de la gauche ringarde du PS- ne changerait pas la donne"On voit bien au deuxième trimestre que le soutien de la consommation profite aux importations et pas à la production domestique", analyse le directeur de la recherche et des études de Natixis.

L'Europe campe quant à elle sur ses positions 

"C'est à travers des réformes, votées et mises en oeuvre, que les conditions d'une reprise durable pour la croissance et l'emploi seront posées en France", a dit jeudi un porte-parole de la Commission après la réduction de moitié, à 0,5%, de la prévision de croissance française pour 2014.

Manuel Valls prépare une tournée des capitales européennes à la rentrée, en commençant avec Angela Merkel en septembre, pour quémander de nouveaux délais, alors que les précédents ont été refusés, la presse aux ordres considérant que le rythme de réduction des déficits ne peut  se faire en France à un rythme qui n'étouffe pas une activité encore balbutiante.
Suite aux promesses non tenues pour 2014, il peinera à convaincre que la France a consenti les efforts structurels suffisants pour reporter au-delà de 2015 l'objectif de ramener le déficit à 3%.
Il compte notamment sur le projet du ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, de s'attaquer aux professions réglementées pour étayer la position de la France.

Hollande a indisposé par ses mises en accusation de l'Europe
"Vu l’indulgence dont a fait traditionnellement preuve Bruxelles à l’égard de la France, on peut craindre que Paris obtienne un délai supplémentaire pour atteindre les 3%", estime Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque, banque d'investissement en ligne danoise, qui craint que la France abandonne les réformes sitôt obtenu un nouveau délai"Sans pression forte de la part de l’Europe et ou des marchés financiers, la France ira à reculons dans les réformes", estime-t-il, alors que des certains économistes prédisent un avenir sombre s'il n'y a pas de changement de politique fort.

"Le chômage continuera de battre des records au moins jusqu’au printemps 2015", estime Marc Touati du cabinet ACDEFI pour qui la dette de la France atteindra 100% du PIB en 2015.

"En prévision de ce nouveau dépassement des objectifs de comptes publics, la note de la France sera dégradée d’au moins deux crans d’ici la fin d’année", prédit l'économiste, qui voit la crise de la dette revenir "en fanfare dès cet automne" et frapper la France.
Après les six plaies d'Egypte, les dix fléaux...

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