jeudi 3 juillet 2014

Pourvu que le justiciable "ordinaire" soit mieux traité que Sarkozy

Pizza, ascenseur en panne et dialogue de sourds : le récit de la garde à vue de Sarkozy

Ne pourrait-il pas avoir le choix entre pizza et kebab?

Durant dix-huit heures, mardi et mercredi, Nicolas Sarkozy a dû se plier à une garde à vue avant d'être -de toute façon- présenté à des juges. Le journal Le Figaro nous fait pénétrer dans les coulisses. Sait-on jamais: tout justiciable "ordinaire" peut un jour avoir à suivre le même parcours.

Un marathon de dix-huit heures. 
L'ancien président n'a pas à se plaindre: la police ne l'a pas contraint à remettre sa ceinture et ses lacets et c'est un privilège peu républicain.
De 8 heures, mardi matin, jusqu'au milieu de la nuit, Nicolas Sarkozy a dû renouer avec la dure réalité d'une garde à vue, avant la prochaine, suivie d'un défèrement devant deux juges d'instruction qui avaient veillé loin dans la nuit, rien que pour lui. Le Figaro raconte, jeudi 3 juillet, les détails de ces dix-huit heures d'interrogatoires en continu, sans avocat, comme seule la France l'autorise, si on veut excepter les démocraties exemplaires de Corée du Nord, de Cuba ou du Soudan.

Tout commence à 8 heures du matin, lorsque la voiture de Nicolas Sarkozy arrive au siège de la police judiciaire, à Nanterre. A ce moment-là, l'ex-chef de l'Etat ne sait rien, selon ses proches, pas même s'il va être interrogé librement ou sous le statut de la garde à vue. Le suspense ne dure pas bien longtemps : à peine assis dans le bureau des enquêteurs, sa garde à vue lui est notifiée, rapporte Le Figaro, signalant ainsi une préméditation.

Droit à un avocat… et à une pizza

Comme pour tout justiciable en pareilles circonstances, le début de l'interrogatoire est de pure forme. Nicolas Sarkozy est prié de décliner son identité et celle de ses ascendants. Les policiers l'informent qu'il a droit à un avocat. Car l'ex-président est venu seul, sans conseil, en signe de protestation. Voire de solidarité. Son principal avocat, Thierry Herzog, est en effet en garde à vue depuis la veille, dans les mêmes locaux, comme si cette privation d'un conseil était calculée. Sans aucune malveillance.

Photo Europe 1
Ce n'est qu'au bout de trois heures que l'interrogatoire entre dans le vif du sujet. Il aura fallu attendre 11h00. A midi, Nicolas Sarkozy est autorisé à se faire livrer une pizza: est-il autorisé à s'hydrater? Et l'audition se poursuit, calmement, jusqu'à 22 heures. Dix heures, et les policiers envoient les PV d'audition aux deux magistrates du pôle financier, à Paris. Il suffit de quelques dizaines de minutes pour que celles-ci ordonnent que Nicolas Sarkozy leur soit présenté.

"Rien à dire" aux magistrates

Après être resté bloqué vingt minutes avec des policiers dans un ascenseur en panne dans les locaux du tribunal de Nanterre -toute action syndicale mal-intentionnée étant à écartée-, l'ancien chef de l'Etat est conduit - à cinq, car le président court vite, on le sait - dans une voiture de police jusque dans le bureau des juges.
Cette fois, il se fait assister par l'avocat Pierre Haïk. L'interrogatoire tourne au dialogue de sourds. Nicolas Sarkozy accuse les magistrates d'être des "juges politiques" et estime n'avoir rien à leur dire qui n'a pas été dit à la police et consigné dans le rapport entre leurs mains: n'ont-elles pas eu à l'éplucher avant de décider que l'ancien chef de l'Etat leur soit présenté? Une heure trente d'audition plus tard, il rentre chez lui, à 1h50.

Le quotidien souligne que contrairement à son client, Thierry Herzog a dû subir des conditions de garde à vue bien plus dures. A son arrivée, sa ceinture et sa montre lui ont été retirées et son interrogatoire a été mené non dans un bureau, mais en cellule de garde à vue. Lorsque la juge Simon avait perquisitionné le maître du barreau, elle avait exigé qu'il prenne sa douche ...porte ouverte ! Et la dame n'est pas membre du SM...
Raffinement qui ne rappelle pas à Libération les plus sombres années de la Stasi ?

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