Aubry refuse l'association de régions pauvres
La maire PS de Lille critique les choix de François Hollande sur la réforme territoriale
Tandis que Hollande n'aime pas les riches, Aubry n'aime pas les pauvres...
La fusion entre Nord-Pas-de-Calais et Picardie est une "aberration économique et sociale", a déclaré vendredi Martine Aubry.
Tandis que Hollande n'aime pas les riches, Aubry n'aime pas les pauvres...
La fusion entre Nord-Pas-de-Calais et Picardie est une "aberration économique et sociale", a déclaré vendredi Martine Aubry.
On était soulagé de ne plus entendre l'ex-patronne du PS mais, connue pour son agressivité, la rivale de François Hollande à la primaire socialiste en 2011 a ouvert les hostilités contre le chef de l'Etat sur le sujet de la réforme territoriale.
La maire PS de Lille et d'autres élus d'Alsace ou encore de Normandie désapprouvent le redécoupage en 13 régions métropolitaines, contre 22 aujourd'hui, prévu dans l'article clé de la réforme territoriale voté par les députés vendredi matin.
La carte ainsi remodelée ajoute le Limousin et le Poitou-Charentes à la dynamique Aquitaine et la Champagne-Ardenne à la riche région Alsace-Lorraine, mais associe la terne Picardie à la région défavorisée du Nord-Pas-de-Calais.
"Nous voulons avoir le temps de porter une grande réforme qui ait un sens".
"Nous sommes pour une grande, voire une très grande région, mais nous voulons avoir le temps de regarder les choses", a atermoyé l'"amère Aubry lors d'une conférence de presse à Paris.
Un tel projet se construit "avec cohérence et vision, pas par petits bouts", a-t-elle asséné, sous-entendant l'incohérence et la pusillanimité du gouvernement socialiste.
"Nous sommes en colère sur la forme, a-t-elle clamé, les joues en feu. Sur le fond, nous voulons aller plus loin", a insisté l'ancienne première secrétaire du PS, entourée de huit autres élus de la région Nord-Pas-de-Calais.
Sortant de sa bouderie depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012, elle a argumenté sur la fusion prévue entre Nord-Pas-de-Calais et Picardie. "Deux régions pauvres n'ont jamais fait une région riche", a-t-elle admis. "Ce n'est pas parce qu'on est plus grands qu'on est plus forts".
La Ch'tite Aubry a aussi regretté la méthode employée
Elle dénonce l'absence de concertation, la politique du fait accompli de la présentation aux députés, mardi dernier, d'une carte de 13 régions différente de celle présentée début juin par l'Elysée, qui en comptait 14.
"Personne ne nous a dit qu'on allait regrouper immédiatement alors qu'on travaillait sur d'autres hypothèses", a déploré l'élue, qui a évoqué la possibilité de créer à terme une "très grande région" comprenant le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et les deux Normandie.
Aubry défend le droit de chacun à ses origines...
L'Assemblée doit se prononcer le 23 juillet par un vote solennel sur l'ensemble du projet de loi.
Martine Aubry compte d'ailleurs sur le Sénat pour amender le texte, estimant que les régions ont besoin de deux ans de réflexion, jusqu'en 2016, pour établir une carte définitive.
"On n'est pas en train de faire du Monopoly ou du Sim's City. On touche aux origines de chacun", a-t-elle plaidé.
Le maire UMP de Tourcoing, a désapprouvé la démarche de Martine Aubry, qui se sert selon lui de l'avenir des régions "pour régler ses comptes au PS". Gérald Darmanin juge en effet "évident" une fusion entre Nord-Pas-de-Calais et Picardie.
La carte des nouvelles régions irrite d'autres élus
Après la droite alsacienne mardi, les socialistes Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional de Lorraine, et Roland Ries, sénateur-maire de Strasbourg, ont écrit à Manuel Valls, le Premier ministre, pour dénoncer le projet de fusion surprise de leurs régions avec Champagne-Ardenne.
Jean-Pierre Masseret juge "inacceptable que l'Alsace et la Lorraine soient la variable d'ajustement d'une carte, certes difficile à construire".
Le maire de Strasbourg rappelle de son côté le "large consensus" qui s’était exprimé dans les deux régions en faveur d’une fusion de l'Alsace et de la Lorraine, "qui correspond à une réalité historique, géographique et économique". Il n'en est pas de même de la pièce rapportée de Champagne-Ardennes.
"Le revirement gouvernemental, sans la moindre concertation avec les intéressés, nous a complètement interloqués", dit Roland Ries.
Dans une lettre au Premier ministre, sept parlementaires bas-normands de droite estiment pour leur part que Caen serait "grandement en danger" si elle perdait sa fonction de capitale au profit de Rouen lors de la fusion de la Haute et de la Basse-Normandie.
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