Les enquêtes PISA se tromperaient donc...
L'AFP affirme que "le bac 2014 est un très bon cru".
87,9% de réussite tous bacs confondus. Mais quand la braderie a un tel succès, ça cache nécessairement des malfaçons... "Attention à ne pas se laisser aveugler par ces chiffres qui cachent un recul d'un point au bac général", lance toutefois l'Agence française de presse qui fournit aux media des articles bien-pensants prêts à l'emploi.
88%, c'est le taux de réussite au baccalauréat 2014, soit encore 1,1 point de plus que l'année dernière, après les traditionnelles épreuves de rattrapage à partir de 8/20. Le précieux sésame bat cette année tous les records dont celui du nombre de bacheliers dans une génération s'élevant à 77,3%. Ils étaient cette année 624 700 à plancher sur la philosophie, les maths ou encore l'histoire-géo. On sait ainsi que les Français ne maîtrisent toujours pas l'anglais et pas mieux depuis qu'il est pratiqué dès le CM2, après huit années d'enseignement.Ministre depuis trois mois, Benoit Hamon ne veut pas le savoir et a cru bon de se féliciter de ces "très bons résultats de l'ensemble des voies du lycée".
Ce record justifie-t-il des cris de victoire?
Les enquêtes PISA sont là pour refroidir un tel enthousiasme officiel. Les travaux de l'OCDE montrent en effet que le tableau n'est pas aussi honorable que les instances gouvernementales le voudraient.
Un léger recul du bac général
Mais si le taux de réussite tous bacs confondus est exceptionnel cette année, ces chiffres cachent pourtant un léger recul de la filière générale du baccalauréat. Bien que son taux demeure élevé (90,9%), toutes les séries de la voie générale baissent. Dans la série scientifique, le taux de réussite atteint 91,9% soit une chute de 0,6 point, en série littéraire, il est de 90% (-0,9 point). C'est dans la filière économique et sociale qu'il connaît sa baisse la plus importante, 1,7 point, pour atteindre 89,7% de réussite. Du côté des séries technologiques, le taux dépasse pour la première fois les 90%, poursuivant sa progression depuis 2006.
A l'issue de la session de juin, c'est pratiquement un candidat sur deux (46%) qui a obtenu une mention, de plus en plus indispensable pour entrer dans une grande école. Quasiment tous les bacheliers peuvent prétendre à une grande école... La démocratisation de l'enseignement fait des merveilles !
Les enquêtes Pisa de l'OCDE ne surestiment pas nos scolaires
On connaît l’étude PISA qui mesure le niveau scolaire des élèves des pays de l’OCDE en mathématiques, à l’écrit et à l’oral. Réalisée auprès de 510.000 élèves de 15 ans dans 65 pays, cette enquête internationale publiée en décembre 2013 constate pour la France un accroissement des inégalités, un recul en mathématiques, mais une remontée des résultats en compréhension de l’écrit.
Si on ne regarde que les pays de l’OCDE, la France est cette année 18e en mathématiques, 14e en compréhension de l’écrit et 19e en sciences.
Autre sujet d’inquiétude : les différences de performance en fonction du milieu d’origine.
En France, l’écart entre groupes socio-économiques est plus large que la moyenne de l’OCDE. Un élève de milieu aisé obtient 50 points de plus qu’un élève de milieu modeste, contre 41 points en moyenne dans les pays l’OCDE étudiés. Le niveau de diplôme des parents est aussi un facteur important. Quand l’un d’eux occupe un emploi hautement qualifié, l’élève obtient 58 points de plus en culture financière qu’un élève dont les parents occupent des postes intermédiaires ou peu qualifiés.
L’écart entre les élèves issus de l’immigration et les élèves d’origine française est notable : les élèves nés de parents français obtiennent 61 points de plus que ceux nés à l’étranger ou dont les parents sont nés à l’étranger. On ne peut cependant en tirer une règle générale, puisqu'au bac 2014, une jeune franco-marocaine -dont le père était ingénieur avant d'arriver en France- a pu obtenir 21 sur 20 de moyenne...
Mais il faudra désormais faire avec un autre sujet de déconvenue avec une nouvelle étude PISA qui mesure "les connaissances et les compétences financières dont les jeunes ont besoin pour passer de l’école aux études supérieures, à la vie active ou à la création d’entreprise". Une fois de plus, dans cette étude menée auprès de 29.000 élèves ayant répondu durant 60 minutes à un questionnaire à choix multiples, la France est un mauvais élève. Elle ne se classe qu’au onzième rang des 18 pays passés au crible.
En France, un élève sur cinq (19.4 %, contre 15.3 % en moyenne dans l’OCDE) n’atteint pas le niveau de compétence de base en culture financière. "Au mieux, ces élèves peuvent faire la différence entre besoins et souhaits, prendre des décisions simples sur les dépenses quotidiennes et savent à quoi servent des documents financiers courants, tels qu’une facture", explique l’étude.
Les résultats du bac sont donc à prendre avec des pincettes.
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