Examen en trois jours du texte de réforme ferroviaire à l'Assemblée
Au septième jour de la grève des cheminots,
ce n'est plus le moment de lâcher, selon les syndicats CGT et SUD-Rail qui refusent de désarmer mardi au moment oû les députés entament l'examen de la réforme ferroviaire à l'origine du conflit.
Dans l'après-midi, les parlementaires commenceront à débattre du projet de loi gouvernemental, avec pour objectif médiatique de stabiliser la dette de 44 milliards d'euros du secteur ferroviaire et avec pour finalité économique d'ouvrir totalement le réseau à la concurrence, comme c'est déjà le cas pour le fret. Pour ce faire, le texte prévoit de réunir à nouveau la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), qui gère le réseau, dans une holding publique. Près de 400 amendements ont été déposés, émanant de tous les groupes, car le PS lui-même est divisé sur le projet qui détricote .
Face à ce projet, à l'origine de la grève,
Le 16/6/2014, dans une cour de Saint-Lazare,
les grévistes SNCF votent la reconduction de
la grève en AG, par 220 voix pour, 0 contre
|
la CGT et SUD-Rail n'ont pas désarmé "malgré une érosion continue du taux de participation au conflit, de 14,8% lundi contre 27,64% le premier jour de grève," lit-on dans la presse gouvernementale. Alors que la SNCF annonce 14% de grévistes aujourd'hui, la CGT dénonce une guerre des chiffres. "Je conteste les chiffres de la SNCF ! En 2010, quinze jours de grève : nous avions intercepté des mails de la direction générale en direction des régions, leur indiquant de ne pas publier les chiffres des grévistes, de ne pas les communiquer aux syndicats avant que l'Elysée les repasse à la moulinette", dénonçait Didier Le Reste, ancien secrétaire national de la CGT Cheminots, ce matin sur Europe 1.
Aux gares de l'Est et St-Lazare à Paris la grève est reconduite jusqu'à mercredi 11h et que le mouvement se radicalise avec des actions illégales. Invité de la Matinale de France Inter, Frédéric Cuvillier, a fait part d’ "exactions" perpétrées sur le réseau ferré. "Des blocages d’aiguillages et des incendies volontaires ont eu lieu sur le réseau". Ce mardi matin, le train Marseille-Nîmes a été brièvement bloqué à l'entrée de la ville par la présence de manifestants sur les voies. Ils ont appelé lundi soir les cheminots à "faire grandir le rapport de force" après avoir été reçus par la direction de la SNCF. Ils l'accusent d'avoir "joué la provocation en radicalisant" son attitude envers les grévistes et d'avoir jugé "les revendications des cheminots hors-sujet".
Suite aux signes de fermeté émis par Hollande et Valls (cette grève n'est "pas utile et pas responsable", selon lui sur France Info), l'hebdomadaire Le Point assurait dès le 3e jour que le mouvement s'essoufflait ( lien: "Grève à la SNCF : la mobilisation faiblit". "La participation à 10 h 30 est de 17,49 % contre 22,64 % jeudi, soit un recul de 5 points. Le recul est de 10 points par rapport à mercredi, toute première journée de grève." C'était une affirmation en date du 13 juin.
Le Dr. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, est passé à l'offensive mardi, dénonçant avec véhémence les "jamais-contents" qui n'en ont "jamais assez" et prennent "en otages" les voyageurs. Sur France Inter, ce membre du gouvernement socialiste a joué la division, stigmatisant une "petite minorité de gens" qui "ont des problèmes entre eux".
VOIR et ENTENDRE ce briseur de grève, représentant de la "gauche sociale":
Or, les questions abordées avec la direction portaient sur les salaires, l'emploi, les conditions de travail et non pas sur la réforme, mais pour la CGT-cheminots et SUD-Rail "tout est lié".
Le mouvement ne faiblit pas
A la vérité, des rassemblements sont prévues dans la matinée du 17 juin à Paris et dans toute la France "pour exiger une autre réforme et l'ouverture de négociations". Pour la CGT et SUD-Rail, les cheminots en sont à leur 7e jour de grève avec "aucune négociation réellement entamée que ce soit du côté du gouvernement ou de la direction SNCF". A leurs yeux, "le projet de loi demeure fortement néfaste pour le service public SNCF et les cheminots" en dépit des "engagements" du gouvernement qui ont conduit à un accord avec l'UNSA et la CFDT, proche du PS, la semaine dernière.
La manipulation de l'opinion s'intensifie
Le pouvoir travaille l'opinion et, depuis deux jours, BFMTV sort des témoignages d'usagers sélectionnés pour leur exaspération. Un sondage sur-mesure a paru ce jour dans Le Parisien/Aujourd'hui en France: selon l'entreprise Harris interactive, plus des trois quarts des Français (76%) se diraient opposés à une grève dont ils ne connaissent pas les enjeux, 22% y étant favorables.
La manipulation des chiffres bat son plein. Alors que les usagers manifesteraient un mécontentement grandissant, les media aux ordres promettent une "amélioration notable" du trafic ferroviaire notamment sur les lignes régionales et en région parisienne, au deuxième jour des épreuves du baccalauréat, utilisé comme moyen de pression depuis ce weekend. Les trains qui permettent aux candidats de rejoindre les centres d'examen "seront à nouveau particulièrement suivis", rassure la SNCF. "Ils feront de nouveau l'objet d'une information spécifique", précise-t-elle.
En moyenne, six TER sur dix circuleront, mais seulement 4 Intercités sur 10. En Ile-de-France, la circulation sera seulement d'un train sur deux. Seul le RER A connaîtra un trafic normal. Sur le RER B, la circulation sera d'un train toutes les dix minutes à Paris Nord et sur le RER D d'un train tous les quarts d'heure aux heures de pointe. Un train sur trois circulera sur les RER C et E.
Sur les grandes lignes les usagers disposeront de deux TGV sur trois sur l'axe Est, six TGV sur dix sur les axes Nord et Atlantique, mais quatre TGV sur dix sur l'axe Sud-Est et les relations province-province.Un moteur de recherche permet de rechercher train par train,
les disponibilités et les horaires de départ, consultable ici.
Deux numéros verts ont été mis en place pour les usages.
Pour l'info trafic Grandes Lignes 0 805 90 36 35,
et pour l'info trafic Transiliens : 0 805 70 08 05.
Passage en force annoncé à l'Assemblée
Le débat à l'Assemblée, prévu pour ne durer que de mardi après-midi à jeudi, malgré les tensions de toutes parts, doit débuter par un discours du ministre des Transports, F. Cuvillier, et sera suivi par deux motions de procédure contre le projet qui n'ont aucune chance d'être adoptées.
Après la discussion générale, d'environ deux heures et demie, l'examen du texte ne devrait pas débuter avant la nuit, article par article, amendements par amendements.
Ce texte prévoit un retour à la situation ante, avec une organisation réunifiée avec à sa tête un établissement public à caractère industriel (Epic) nommé SNCF. Cet Epic, dit encore Epic "mère", chapeautera deux Epic "filles": "SNCF Mobilités", soit l'actuelle SNCF, qui exploitera les trains et "SNCF Réseau", l'actuel Réseau ferré de France (RFF) qui gère l'infrastructure avec SNCF Infra.
Selon le député PS de Gironde, Gilles Savary, rapporteur à l'Assemblée du texte gouvernemental de loi (mais ce Bordelais est président du Conseil supérieur de l'...aviation civile), les amendements mettent notamment à mal la garantie d'institutions représentatives du personnel communes aux trois Epic, avec en particulier un Comité central d'entreprise commun. Ils confirmeront aussi les missions de l'Epic de tête qui aura en charge la gestion du personnel.
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