samedi 14 juin 2014

Irak: l’EIIL a supplanté Al-Qaïda

En perte d'influence, Al-Qaïda entre en rivalité avec l’EIIL 

Les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant sont à 160 kilomètres de Bagdad
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EN IMAGES - Irak : l’offensive fulgurante des djihadistes
Les combattants djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont réussi mardi ce que l’organisation terroriste Al-Qaïda n’avait encore jamais fait: prendre le contrôle d’une région entière, sans résistance. Les islamistes se sont en effet emparés de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, et avancent sur Bagdad, la capitale.


Le chef de l’EIIL, Abou Bakr Al-Baghdadi, décrit comme un "nouveau Ben Laden",a refusé de faire allégeance à Al-Qaïda.
 
Bien que l’EIIL soit au départ une émanation de la branche irakienne d’Al-Qaïdail a fait scission avec ses dirigeants et conteste ouvertement l’autorité du chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. Il s’oppose frontalement au n°1 du mouvement terroriste, Ayman Al-Zaouahri, à qui il a refusé de prêter allégeance à la mort d’Oussama Ben Laden. Pour ses partisans, Al-Baghdadi représente la nouvelle génération de djihadistes, l’après-Al-Qaïda : "Il a été désigné par cheikh Oussama pour établir l’Etat, c’était son plan avant qu’il ne soit tué", estime le combattant islamiste. Il sait attirer les jeunes et se montre plus ouvert aux apprentis djihadistes que les officiers d’Ayman Al-Zaouahri. Il entend supplanter l’organisation terroriste et il semble bien près d'y parvenir.

Les deux groupes partagent la même idéologie djihadiste et non pas le même "projet politique", explique l’islamologue Romain Caillet, de l’Institut français du Proche-Orient. "Du point de vue du djihadiste", l’EIIL a en effet une "valeur ajoutée par rapport à celui d’Al-Qaïda : Al-Qaïda, c’est une lutte globalisée, déterritorialisée, tandis que l’EIIL se voit comme un véritable Etat en fonctionnement". Et en participant à "l’édification d’un Etat islamique", les partisans de l’EIIL ont donc l’impression d’avoir "passé une étape supérieure à celle d’Al-Qaida".

Les surgeons d'al-Qaïda se développent 
Des combattants de l'EIIL sont entré à Mossul
L’organisation terroriste fondée par Oussama Ben Laden pâtit aussi de sa structure éclatée. "Détruite en Afghanistan par l’offensive américaine", sa direction a vu ses "débris" se reconstituer, poursuit le chercheur. C’est grâce à ses "branches régionales", comme Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) ou Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), que l’organisation a pu retrouver de la vigueur. Mais aujourd’hui, certains de ces "drageons" menacent de lâcher leur support, à l’image d’Aqpa, la dernière branche d’Al-Qaïda dans le monde arabe.

Le problème d'al-Qaïda est aussi l'éloignement du successeur de Ben Laden, Zawahiri. Celui-ci est "bloqué au Waziristan" (Pakistan), "loin du monde arabe" et il est "en train de perdre son autorité", tandis que le jeune Baghdadi a au contraire renforcé la sienne pour parvenir à incarner une nouvelle génération de djihadistes. Il se montre aussi plus ouvert au recrutement de nouveaux combattants.

La communication de Baghdadi est plus efficace. Au-delà de la personnalité du chef, le mode de communication de l’EIIL "ringardise celui d’Al-Qaïda". Plus efficace, surtout sur les réseaux sociaux, il attire des jeunes. Mais aussi un "état-major militaire beaucoup plus compétent que celui d’Al-Qaïda", souligne Romain Caillet, détaillant : "ceux qui ont fondé la structure militaire de l’EIIL sont d’anciens cadres du régime de Saddam Hussein: colonels d’état-major, officiers des services de renseignement, ou encore officiers de la garde présidentielle".

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