Auchan exploitait les travailleurs victimes du drame du Rana Plaza, au Bangladesh
Le cache-misère de la sous-traitance
L'enseigne de grande distribution française est dans la ligne de mire de plusieurs ONG, révèle Le Parisien. En sous-traitance, Auchan aurait fait fabriquer des vêtements dans cet immeuble qui s'est effondré le 24 avril 2013.
C'était il y a un an jour pour jour. Le Rana Plaza, un immeuble qui abritait des ateliers de confection, s'effondre à Dacca (Bangladesh), tuant 1.138 ouvriers et blessant 2.500 personnes. "J'ai eu la hanche brisée et je ne peux plus me tenir debout", raconte Kohinur, une rescapée rencontrée par France 3. Handicapée à vie, elle n'a touché que 310 euros d'indemnités versées par le gouvernement.
Seules 10 des 28 marques internationales concernées ont accepté d'indemniser les victimes. Un an après, plusieurs clients de ces ateliers, qui fournissaient une trentaine de marques occidentales, restent dans le viseur des ONG.
Une plainte contre l'enseigne de grande distribution française Auchan
Que reproche-t-on à Auchan ?
Les associations Sherpa, Peuples solidaires et le collectif Ethique sur l'éthiquette vont déposer jeudi 24 avril.
Dans les décombres du Rana Plaza, des étiquettes de la marque de vêtements In extenso d'Auchan ont en effet été retrouvées. Mais l'empire de la famille Mulliez refuse de participer au fonds d'indemnisation des victimes, arguant avoir été "victime de sous-traitance dissimulée". "Nous n'avons aucun lien direct ou indirect avec les entreprises travaillant sur le site", assure un porte-parole du groupe.
En face, William Bourdon, le président de Sherpa, dénonce dans le quotidien "une formidable opération d'enfumage des consommateurs". "Ils ont rompu tout lien avec le fournisseur qu'ils soupçonnaient", abonde Fanny Gallois, du collectif Ethique sur l'étiquette. Les associations poursuivent Auchan pour des "pratiques commerciales trompeuses".
Que font les autres entreprises ?
Auchan n'est d'ailleurs pas la seule entreprise dans le déni. Carrefour nie également sa présence. A l'inverse, la marque Britannique Primark a été la première à se mobiliser, apportant 12 millions de dollars (8,7 millions d'euros), rapporte Le Monde.
D'autres marques étrangères ont versé au fonds d'indemnisation, selon l'OIT, notamment les sociétés américaines Gap, Wal-Mart, espagnoles Inditex (Zara), El Corte Ingles, Mango, française Camaïeu, l'enseigne à bas prix allemande KIK, le danois Mascot, les britanniques Premier Clothing et Bonmarché, le néerlandais C&A, le canadien Loblaw… Au 4 avril, ces donations n'excédaient pas 15 millions de dollars, soit un peu plus du tiers de l'objectif attendu. Mais, en France, seule Camaïeu a décidé d'en faire autant.
VOIR et ENTENDRE un document consacré à la révolte populaire des salariés exploités par des marques occidentales au Cambodge ou au Bangladesh:
Les conditions de travail ont-elles changé ?
La mobilisation des ouvriers et la mobilisation internationale ont permis quelques progrès. Le salaire des ouvriers du textile est passé de 30 à 53 euros par mois.
Autre progrès, un accord international sur la protection incendie et sur la sécurité des bâtiments, à ce jour signé par 150 marques européennes.
Depuis, des visites de contrôle sont prévues dans toutes les usines du Bangladesh. "Si cet accord avait été signé en 2011, des vies auraient été sauvées", estime le syndicaliste Kalpona Akter.
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