dimanche 16 mars 2014

Circulation alternée: les coulisses politiques d'un feu rouge des Verts radicaux

L'altermondialiste Duflot a-t-elle pris le pouvoir au gouvernement ?

Le Premier ministre met en place la circulation alternée sous la pression des altermondialistes.


L'exécutif découvre ses nouvelles mesures
dans Le Monde
L'utilité des Verts radicaux en campagne était contestée sur les marchés écolos et bien au-delà.  Cécile Duflot s'avouait rongée par les Verts alpagués à chaque meeting sur le passage des paroles aux actes et qui la harcelaient d'appels à l'action. "Mais pourquoi vous ne faites pas la circulation alternée!", insistent les "yaka" qui, la prenant pour la ministre de l’Ecologie, lui demandent des comptes. Militante pour cette solution, mais inaudible en interne et illisible en externe, la ministre du Logement est en fait devenue extrêmement susceptible sur tous les sujets qui pointent son incurie. Elle a donc mis en demeure l'âne Martin (PS), le sombre Ayrault et le mol Hollande, avant de finir par provoquer "un conseil stratégique", à quinze jours des municipales.  "Pour la calmer", soupire un de ses souffre-douleurs.

En début de semaine, Philippe Martin s'est mis en mode action et a fait pression tantôt en passant par l’Elysée tantôt par Matignon. A Matignon,  le risque de paniquer la population a fait tergiverser Ayrault, qui préfère temporiser et ne pas faire d’annonces. Marisol Touraine ne semble pas encore concernée, accréditant ainsi l'idée que la santé publique n'est pas autant menacée que les candidats altermondialistes en mal de crédibilité. 

Il faut attendre jeudi, alors qu’il était mobilisé pour le soutien d'un candidat PS aux municipales, pour qu'il suspende la campagne et veille à prendre des mesures de protection de la population. Martin annule donc in extremis  son vol, non pas pour donner l'exemple de la réduction de CO2, mais parce que l'exécutif s'est décidé à lâcher le sujet des écoutes illégales. Il vient d’avoir l’aval du gouvernement pour se consacrer aux électeurs du nord de la France exposés aux particules fines de l'air. Les réunions de crise s'enclenchent finalement en sorte de donner l'illusion d'une capacité du gouvernement à mobiliser. Hildalgo, Huchon, Delanoë sont contactés par téléphone. Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, se montre très coopératif et le préfet de Paris lance des menaces de sanctions aux automobilistes sourds aux sirènes écologistes.

Entre la poire bio et le fromage AOC

Jeudi 13 à midi, le vice-président écolo de la région Ile-de–France, chargé des transports, Pierre Serne se rend à Matignon pour un déjeuner de toute façon prévu de longue date avec un conseiller de Jean-Marc Ayrault sur le sujet de la réforme ferroviaire. Mais l’urgence étant décrétée, il ne fut plus question que de qualité de l'air. "A Matignon, ils étaient un peu secoués parce que nous avions tapé fort sur l’inaction du gouvernement, le matin même en conférence de presse", explique Serne.

Lors de ce déjeuner, Serne remet les gaz. Le conseiller informe Christophe Chantepy, le directeur de cabinet du Premier ministre, qu'il va  chanter Manon sur l'air de la Tosca à Jean-Marc Zéro.

Ayrault finit par soulever une paupière. Si la situation ne s’améliore pas, la circulation alternée sera annoncée samedi. Mais, à quelques jours des municipales, la mesure pourrait s’avérer dangereusement impopulaire et illusoire. Cette donnée n’échappe à personne, d’autant que la préfecture de police n'a pas la cote auprès des Franciliens. Philippe Martin se montre "timide", selon une source gouvernementale. 

On tranche alors en faveur d’une demi-mesure : la gratuité des transports. Qui paie ? L’Etat, la région ? On verra après les élections ! Il faut donner l'impression d'exister, alors que seize ministres sur 38 sont en campagne sur le terrain. "Normalement, la gratuité et la circulation alternée se mettent en place au même moment", explique Serne. qui connaît bien le décret de 1997 en question.

Echange téléphonique  final


Jeudi en fin d’après-midi, Philippe Martin annonce 
la gratuité des transports. A son côté, Huchon opine sur commande. Sa lecture finie, Martin tourne les talons quand un journaliste resté sur sa faim lance à voix haute. "Et la circulation alternée ?" Martin se retourne, réfléchit, mais repart se claquemurer dans son ministère, Huchon sur les talons. Consternation: la montagne a encore accouché d'une souris verte et les écolos couinent

Samedi matin, Martin se montre dubitatif.
Interrogé par Libération, son ministère pointe en revanche EELV, assurant que Martin n’est pas de ceux qui font pression par media interposés. 
"La circulation alternée est une mesure lourde à mettre en œuvre", plaide mollement Martin, prêt à "reconnaître un malentendu"...
Mais, "dans l’absolu, ce n’est pas très compliqué à mettre en œuvre. Pour que cela fonctionne, il faut bien informer et compter sur le civisme", glisse un membre de la préfecture de police de Paris, chargée de faire taire la cacophonie.


Samedi, en début d’après-midi, est annoncée une réunion de crise au ministère de Martin. Marisol Touraine y est même présente. La ministre de la Santé s’est mise à faire passer des messages à Matignon et à l’Elysée concernant principalement les enjeux de santé publique. Les deux ministres ensuite rendre compte à Matignon. Au début de cette nouvelle "mise sur la table" avec Chantepy et quelques autres, la circulation alternée n’est pas encore décidéePar téléphone, les protagonistes relancent  Jean-Marc Ayrault qui finit  alors  par donner son feu vert à la circulation alternée.

Mode d'emploi de la "circulation alternée" (lien)
(véhicules autorisés / interdits à la circulation)

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