lundi 24 février 2014

Nantes mise à sac par l'extrême gauche et pourtant très peu d'interpellations

Pourquoi Valls laisse faire et ne poursuit pas?

La presse pourrait s'interroger, mais non !


Après le saccage de Nantes, Hugues Moutouh ancien conseiller spécial du ministère de l'Intérieur, s'interroge sur le faible nombre d'interpellations.
A la différence des manifestations contre le mariage homosexuel, "les forces de l'ordre n'ont pas reçu de consignes particulières pour faire du zèle".



Le quotidien Le Figaro a sollicité le "décryptage" de  Hugues Moutouh, ancien conseiller spécial du ministre de l'Intérieur au moment de l'affaire Merah, puis préfet. Il est désormais avocat...

La manifestation anti-aéroport de Notre-Dames-des-Landes a dégénéré samedi tournant au saccage de la ville de Nantes. Comment expliquez-vous de tels débordements?

C'est plutôt le contraire qui eut été étonnant. Compte tenu des liens étroits qui existent entre les opposants au projet d'aéroport de Notre Dame Les Landes et les milieux extrémistes de l'ultra gauche et de l'anarchisme, je ne suis pas vraiment surpris. Le pire était à craindre.

Auraient-ils pu être anticipés? Peut-on parler de défaillance de la part des services du ministère de l'Intérieur?

Je n'ai pas connaissance du travail qui a été fait en amont par les services de l'Etat, concernant cette manifestation. Je me garderai donc bien de parler de défaillance. La gestion de l'ordre public n'est malheureusement pas une science exacte. D'après mes informations, une dizaine de forces de police et de gendarmerie étaient présentes sur place, soit plus d'un millier d'hommes. On ne peut donc pas dire que la manifestation ait été prise à la légère. [Entre 20.000 et 50.000 étaient rassemblés, dont des anarchistes et révolutionnaires]

Ma première pensée va aux policiers qui ont été blessés lors des affrontements. Je crois qu'ils ont été la cible de jets de boulons et de pierres, de billes d'acier aussi. Ils ont fait face à des professionnels de la guérilla urbaine que tous les services de police d'Europe connaissent bien. Par facilité de langage, on parle de Black Bloc.

Les policiers et les gendarmes ont ils reçu des consignes particulières ?

Ensuite, je m'interroge un peu. Je sais que les forces de l'ordre ont reçu l'ordre de sécuriser les lieux sensibles de Nantes: préfecture, mairie, etc. Rien d'anormal jusque là. Le bouclage des points stratégiques de la ville a été une réussite puisque les manifestants n'ont pas réussi à les atteindre. 
Le seul chiffre qui suscite de ma part une certaine incompréhension est la quasi inexistence d'interpellations: cela reste a être confirmé, mais les sources parlent de 14 interpellations. Le moins que l'on puisse dire est que le chiffre est surprenant. Le ministre de l'Intérieur parlait récemment d'un millier de militants d'ultra gauche très violents qui s'opposaient aux forces de l'ordre [dans un Etat de droit!] Pourquoi n'y a t-il pas eu davantage d'interpellations? Si il y a une critique à faire, c'est celle-là. 
Les policiers et les gendarmes ont ils reçu des consignes particulières? Ont ils reçu l'ordre de ne pas aller au contact, afin de ne pas envenimer les choses? Pourtant les responsables publics devaient s'attendre à la présence dans le cortège des manifestants de ces casseurs professionnels. Dans ces cas là, il y a moyen d'anticiper: il y a des unités spécialisés que l'on peut mobiliser pour interpeller les individus dangereux au sein des manifestants, comme les compagnies départementales d'intervention ou les BAC.
[Ainsi est posée la carence du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Le préfet sera-t-il limogé pour mauvaise appréciation de la situation?]

Si l'affrontement et les violences étaient prévisibles, alors je me demande pourquoi cette manifestation sur la voie publique a été autorisée.
Au lendemain de la manifestation, le maire de Nantes, Patrick Rimbert a estimé que «ces violences étaient prévisibles» et Florian Philippot a accusé Manuel Valls de «complaisance» à l'égard «des groupes d'extrême gauche». 

Le ministère de l'Intérieur a-t-il minimisé les risques pour des raisons idéologiques?

N'étant pas un homme politique, je ne m'aventurerai pas sur ce terrain. Je préfère me limiter à poser des questions techniques qui sont à mon sens plus constructives. Il faudrait savoir exactement la nature des informations qui sont remontées au plus haut niveau de l'Etat. Si l'affrontement et les violences étaient prévisibles, alors je me demande pourquoi cette manifestation sur la voie publique a été autorisée. Sans doute était-il difficile, du moins je l'imagine, de l'interdire, dans la mesure où elle bénéficie, au sein de la majorité gouvernementale, d'un appui politique, en la personnes des ministres écologistes.

La réaction du gouvernement est moins virulente qu'après certains débordements en marge des manifestations contre le mariage homosexuel, alors même que les [violences et les] dégâts sont nettement plus importants. Comment expliquez-vous ce deux poids deux mesures? Peut-on parler d'ordre républicain à plusieurs vitesses?

Il est évident qu'à la différence des manifestations contre le mariage homosexuel, les forces de l'ordre n'ont pas reçu de consignes particulières pour faire du zèle, interpeller les opposants afin de les déferrer à la justice. À Nantes, on s'est contenté de gérer le maintien de l'ordre public, sans chercher à judiciariser les événements. C'est vraiment regrettable. Cela étant, il est plus simple de mettre la main sur des jeunes bourgeois de province qui manifestent paisiblement que sur des militants anarchistes expérimentés, rompus aux techniques de la guérilla urbaine.

Manuel Valls, a mis en cause le groupuscule d'extrême gauche «Black Bloc». Faut-il le dissoudre et plus généralement renforcer la surveillance de l'ultragauche?

C'est une bonne question, mais la réponse n'est malheureusement pas satisfaisante: on ne peut dissoudre ce qui n'existe pas, du moins officiellement. Ce que l'on appelle les Black Bloc ne sont pas des associations en bonne et due forme. Pas de listing d'adhérents, pas de déclaration en préfecture! Ce sont des petites unités autonomes, sans hiérarchie ni réelle organisation. Ces groupuscules sont gérés de telle façon à faire échec aux poursuites classiques. On ne peut pas dissoudre un mouvement qui n'existe pas. Il faut adopter une démarche davantage calquée sur la lutte contre la criminalité.

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