vendredi 17 janvier 2014

Le déficit budgétaire ne baisse toujours pas en 2013

Le dérapage est dû à des manques de recettes et d'économies

Le déficit budgétaire 2013 de la France a dérapé de 2,7 milliards d'euros par rapport aux prévisions du gouvernement, 
lors du collectif budgétaire de novembre.

Le déficit public devrait s'établir à 74,9 milliards d'euros pour l'Etat, soit 12 milliards de plus que prévu initialement, selon des chiffres dévoilés par Bercy dans la soirée du jeudi 16 janvier.
A la dérive des dépenses se sont ajoutées de faibles rentrées fiscales liées à la faiblesse de la croissance. "Trop d'impôt tue l'impôt". La droite avait donc bien des raisons de reprocher au gouvernement d'avoir tellement augmenté les prélèvements obligatoires que les Français ne voient plus l'intérêt de travailler plus pour gagner plus.

Pas de croissance, pas de recettes

Les recettes fiscales sont déficitaires de 3,5 milliards d'euros
par rapport à la prévision du collectif budgétaire établie à 284 milliards d'euros.
Ce dérapage est dû à des "rentrées fiscales moindres qu'escompté, principalement du fait d'une conjoncture défavorable", selon le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, et son homologue délégué au Budget, Bernard Cazeneuve qui détournent l'attention du manque de croissance: une création insuffisante de richesse et ce sont des impôts en moins.
Cette dégradation est liée à de moindres rentrées d'impôt sur les sociétés (-2,5 milliards) et d'impôt sur le revenu (-1,8 milliard), "qui s'inscrivent dans le contexte d'une croissance très faible deux années consécutives", selon Bercy qui met  les années passées sans cesse en cause.

La TVA pour tous, une taxe rentable
Seul motif de satisfaction côté rentrées, la TVA a rapporté 600 millions d'euros de plus que prévu, sur le dos des Français, contribuables ou non. Le ministère se félicite d'un regain de la consommation des Français...
Mais les taux de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ont encore relevés depuis le 1er janvier 2014, de quoi décourager de consommer. C'est ainsi notamment que les taux de la restauration, la vente de produits alimentaires préparés, les transports ou les travaux de rénovation dans les logements anciens sont relevés de trois points, 7 % à 10 %.

Avec sa presse, l'Etat veut faire croire qu'il est parvenu à maîtriser ses dépenses 

Le gouvernement a fait des économies en dormant
Les dépenses totales de l'Etat ont été inférieures de 600 millions d'euros aux prévisions de novembre dernier, à 368,1 milliards. L'économie a surtout été réalisée sur la charge de la dette, grâce à des taux obligataires extrêmement bas.

Si on écarte la dette et les pensions, les dépenses sont également inférieures d'une centaine de millions au montant fixé en loi de finances rectificative, à 279,3 milliards d'euros. "Ces résultats traduisent l'engagement et l'action du gouvernement pour tenir de manière exemplaire la dépense. Du côté des recettes, les moindres rentrées n'ont en revanche pas été compensées par un effort supplémentaire afin de ne pas obérer les perspectives de reprise de la croissance", raconte Bercy.

Le gouvernement se targue d'avoir tenu la dépense de l'État, mais elle augmente par rapport à 2012.
 
Une nouvelle fois en 2013, l'État a dépensé beaucoup plus qu'il n'a gagné. C'est surtout bien plus que ce que prévoyait la loi de finances initiale 2013, il y a un peu plus d'un an. 
A la vérité, malgré tous les serrages de vis, les dépenses de l'État ont continué d'augmenter cette année en valeur absolue, et ce, alors même que l'État a payé moins d'intérêts sur sa dette en 2013 (45 milliards contre 46,3 milliards en 2012) grâce à la baisse des taux réclamée par les investisseurs internationaux.
La mauvaise tendance ne s'explique pas seulement par les retraites des fonctionnaires qui pèseront 44 milliards en 2013 contre 42,3 en 2012. Elle s'est également accentuée dans le périmètre où l'État s'est engagé à ne pas dépenser un euro de plus d'une année sur l'autre (hors charge de la dette et pensions des fonctionnaires) - là où il a la meilleure capacité à maîtriser la dépense rapidement. Or, l'écart atteint plus d'un milliard d'euros par rapport à 2012 !
VOIR et ENTENDRE Emmanuel Lechypre (BFMTV Business) suggérer comment réaliser les 50 milliards d'euros d'économies du gouvernement:

Objectif 3% en 2015

Dans un entretien au Monde à paraître vendredi, le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovi a admis que les recettes fiscales étaient "inférieures aux prévisions". C'est lié "pour l'essentiel au recul de la croissance".
"Pour pouvoir tenir nos engagements, il est décisif que la croissance reprenne. C'est la genèse du pacte de responsabilité", a-t-il souligné, en croisant les doigts. 

Mais les chances de réussite de ce pacte sont 
d'ores et déjà mises à mal par les doutes exprimés par la presse
sur la volonté du patronat de respecter ses engagements à embaucher à l'aveugle et créer de l'offre. La réussite du pacte est en effet soumise à la confiance que la politique du gouvernement inspirera aux patrons échaudés par deux années d'aggressions verbales et de menaces. En clair, la majorité n'a changé ni de mentalité, ni de comportement.  Elle anticipe l'échec de ce pacte et dégage par avance le gouvernement de toute repsonsabilité...

Le pacte de responsabilité de François Hollande passera par la fin des cotisations familiales sur les entreprises afin de "poursuivre l'allègement du coût du travail" et faciliter les embauches. 
Qui assurera le maintien du niveau de couverture sociale?

Ce dérapage dans l'exécution budgétaire pourrait toutefois compliquer la tâche du gouvernement qui aimerait -mais ne sait pas- réduire progressivement son déficit public pour l'amener sous 3% du PIB en 2015.
Des recettes moins dynamiques qu'annoncé, des dépenses qui continuent d'augmenter pour l'État,  la réduction du déficit va être compliquée.
Et pas seulement à cause de la conjoncture. La part structurelle du déficit, celle qui ne dépend pas de la croissance à court terme, se réduit aussi beaucoup moins vite que prévu dans la loi de finances initiale. Malgré les plus de 20 milliards de hausses d'impôts et les 12,5 milliards de baisses de dépenses par rapport à la tendance naturelle à l'augmentation prévue dans le budget 2013, le déficit structurel, scruté par Bruxelles, ne devrait s'améliorer que de 1,3 point, contre 2 points qui étaient espérés initialement. Résultat, il devrait encore atteindre 2,6 % du PIB cette année contre 1,6 % espéré. 

Le déficit public, qui inclut outre le déficit budgétaire les comptes de la sécurité sociales et des collectivités territoriales, sera publié le 31 mars 2014.

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