vendredi 17 janvier 2014

Encore de l'argent et du temps pour enseigner autrement en ZEP: aux francophones ?

Peillon offre "300 à 400 millions d'euros" aux ZEP

Le ministre de l'Education nationale veut réduire l'écart de performances scolaires entre les élèves de ZEP et les francophones.

Vincent Peillon a présenté en conseil des ministres, mercredi 15 janvier, les grandes lignes de sa réforme des zones d’éducation prioritaires (ZEP), une refondation qui devenait urgente tant les élèves des établissements classés en ZEP, et pourtant bien dotés, décrochent du système scolaire à l'âge de 16 ans, à la fin de l'obligation scolaire: 20 % sont des "décrocheurs". Le nouveau dispositif se décline en trois axes : aider les enseignants, aider les élèves, améliorer l’environnement éducatif.
"Les résultats des zones d'éducation prioritaire ne sont pas bons". 
Le constat est sans appel : selon Vincent Peillon, les ZEP créées en 1981, par Alain Savary, le ministre de l'Education de François Mitterrand, sont un échec qu'il faut endiguer au plus vite. Premier symptôme de ces mauvais résultats, l'acquisition des compétences de base à la sortie de la 3ème. "En fin de 3ème, 79% des élèves hors éducation prioritaire maîtrisent les compétences de base telles que la lecture. Ils ne sont que 42% en ZEP", constate le ministre de l’Éducation nationale, aidé de la Cour des Comptes.  

"On fait croire que l'on donne davantage aux ZEP mais c'est faux", polémique Peillon.
"On consacre aujourd'hui 50% d'argent public en plus pour un élève du centre parisien que pour un élève de Créteil", affirme Peillon. Alors, cent millions d'euros supplémentaires ont été affectés par Bercy aux professeurs de ZEP, environ 90 € par tête et par mois, outre la création d’un nouvel échelon auquel pourront accéder les professeurs de ZEP, avec l'effet  prévisible d'aspiration bien connu... Ce sont donc "300 à 400 millions d'euros" qui seront au total réaffectés à ces zones en difficultéen sorte d'attirer des enseignants en ZEP, leur offrir du temps pour se former et pour travailler en équipe. Le service hebdomadaire des professseurs de ZEP va être réduit à 16 heures 30 et les enseignants du premier degré vont bénéficier de 9 jours sans classe, pour leur formation et leur concertation.

Sans dépense budgétaire supplémentaire
 
Selon le ministre, cette somme ne représente "pas un euro de plus par rapport à la loi de programmation de l'école": il s'agit donc d'une redistribution des moyens déjà engagés, en concentrant les efforts sur 350 réseaux de l’éducation populaire, qui seront nommés "Rep +".Il est vrai que nombre de ces établissements, écoles, collèges ou lycées, restent classés ZEP sans vraie justification, tandis que d’autres, qui auraient besoin de plus de moyens, sont maintenus à l’extérieur du dispositif, mais il n'est pas moins vrai que la sectorisation sera revue pour assurer une mixité sociale plus grande dans les établissements, en faveur des enfants dont les familles sont éloignées de l’école, avec le risque de nivellement par le bas et de gangrène par la violence.

VOIR et ENTENDRE que Peillon va déshabiller Pierre pour habiller Samir:

Le gouvernement a donc décidé de donner la priorité aux ZEP.
Le projet Peillon repose sur le pari que l’institution est capable de se transformer. L’essentiel de ce plan réside dans le choix de la transformation des pratiques et des organisations pédagogiques et éducatives en vue de faire entrer les enfants plus précocement dans la culture scolaire et d’assurer une meilleure réussite des élèves des territoires de l’éducation prioritaire, "ceux qui ne bénéficient pas à la maison de la même chance que les fils de cadres supérieurs bercés aux jeux éducatifs et aux lectures d’albums", dont la propagande marxisante officielle oublie de reconnaître en même temps que ces enfants manquent souvent d'une présence parentale effective.
Vincent Peillon entend dégager du temps pour certains professeurs en les faisant bénéficier de décharges horaires de deux heures hebdomadaires. Une mesure qui sera d'abord testée à la rentrée 2014 - essentiellement en termes de formation - pour une centaine de collèges de ZEP, avant de s'étendre à un plus grand nombre d'établissements en 2015. Les professeurs affectés à ces zones devront également bénéficier d'une meilleure formation et de l'encadrement d'un tuteur. Avec une inconnue, que chaque École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE) joue le jeu, souligne l'OZP, Observatoire des Zones Prioritaires.

Le recrutement est d'ailleurs l'une des priorités de Vincent Peillon
7.000 des 54.000 créations de postes d'enseignants prévues pour le quinquennat étant destinés à améliorer le taux d'encadrement - "plus de professeurs que de classes" - afin d'arriver au taux optimum que le ministre évalue à "20/25 élèves par classe"
L'objectif final du ministre est de "réduire l'écart de performances scolaires (entre les jeunes hors éducation prioritaires et élèves de ZEP) de 10%". Cet écart serait actuellement de 30%.
La FSU, la FCPE et les maires sont étrangement silencieux.
Comme l’éducation prioritaire s’organise plutôt autour des collèges que des écoles, "dans tous les collèges de l’éducation prioritaire, les élèves de 6e seront pris en charge de façon continue jusqu’à 16 h 30 grâce à des recrutements d’assistants d’éducation permettant de leur proposer des activités pédagogiques et éducatives en petits groupes lorsqu’ils n’ont pas cours". 
Ces élus nous avaient pourtant habitués à critiquer le manque de formation des intervenants extérieurs qui venaient en outre concurrencer les maîtres et que les municipalités disaient ne pas pouvoir financer...

Peillon n'a rien inventé

Au moins, il ne "détricote pas, il "refonde"... 
Pour la rentrée 2012, Luc Chatel avait en effet voulu le programme des écoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite (Éclair). Il concernait 339 établissements, dont 303 collèges et les écoles de leurs secteurs de recrutement. 
Ses objectifs étaient déjà de faciliter la réussite de chacun et d'améliorer le climat scolaire, de développer l'ambition pour tous et de renforcer la stabilité des équipes. 
Ce programme prévoyait des innovations en matière de pédagogie, de vie scolaire et de ressources humaines à organiser au sein de chaque établissement ou école.

Un copié-collé que Peillon aura le temps de mettre en oeuvre.
Avec la contribution de la presse qui a anticipé l'annonce de Peillon, le 16 janvier, et chaque jour sur France Info, en toute indépendance, bien qu'il soit permis d'évoquer une étroite collaboration.

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