Inéquité et incohérence d'un pouvoir partisan sous pression
Sans ligne directrice, l'exécutif aux abois réagit au cas par cas
Premier ministre acculé |
Trois milliards pour la ville de Marseille, mais 15 millions pour la région Bretagne !
Voilà ce qu’on appelle une aberration républicaine. D’un côté, Jean-Marc Ayrault promet depuis Marseille un plan de plusieurs milliards d’euros pour connecter le nord et le sud de la ville et de l’autre, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot depuis Rennes annoncent un plan d’urgence de… 15 millions d’euros pour apaiser une région sinistrée accablée d'impôts et de chômage.
L'effet produit est désastreux et les conséquences sont explosives.
L'énorme disparité entre les aides a fait sursauter la Bretagne. Les "Bonnets rouges" se trouvent plus que jamais justifiés à dénoncer le désamour, voire le mépris, gouvernemental pour la Bretagne. "On se fiche de nous", s’étrangle l’un d’eux, alors que les révoltés bretons étaient déjà scandalisés par les "mesurettes indignes". Le très gros cadeau fait aujourd’hui à Marseille confirme un "deux poids, deux mesures" politique insupportable.
Le pouvoir donne la priorité au politique sur l'économique et le social
Alors que la crise économique agite la Bretagne, le Premier ministre délaisse la région dont il est l'élu pour se consacrer à la politique partisane à Marseille où le PS se déchire à l'approche de la municipale.
Le comportement du gouvernement interpelle sa majorité
"C'est comme si on payait l'addition marseillaise rubis sur l'ongle et qu'on laissait le pourboire à la Bretagne", explicite un député socialiste.
Un ministre anonyme cible le chef du gouvernement. "C'est à se demander parfois si Jean-Marc Ayrault et le Premier Ministre se parlent. C'est de la schizophrénie ministérielle", peste-t-il.
Une telle bavure pouvait être évitée. La politique spectacle menée par le Premier ministre à Marseille était une erreur: un déplacement médiatisé n'était nullement justifié. Un petit baron régional aurait suffi à régler la chicaya entre socialistes locaux, attisée par une insulte raciale de Patrick Mennucci, le gros plein de soupe de poisson, et Samia Ghali, la poissarde des quartiers nord, sur fond de municipale 2014. Mais, pour essayer de se redonner un peu de lustre, Jean-Marc Zayrault a pris le risque inconscient d'aller se mêler au lavage de linge sale de la famille socialiste phocéenne.
Dès lors qu'il faisait le voyage, un premier ministre était tenu à des mesures d'ampleur. Pour s'en flatter, il devait les justifier, mais ses explications n'ont pas manqué de mettre en évidence sa manipulation de l'opinion. Le sombre Ayrault n'a réussi qu'à mettre au jour ce qui se cache derrière les milliards promis à Marseille. La plupart des mesures qu’a annoncées le Premier Sinistre dans la cité phocéenne sont en effet déjà budgétées. En outre, les trois milliards concernés sont étalés sur plusieurs années, jusqu’en 2030. Beaucoup de poudre aux yeux pour un effet contraire.
Quant aux 15 petits millions promis à l'échelle de la région Bretagne, il s’agit d’une aide nouvelle d’urgence.
Ce qui était déjà prévu.
"On oublie le milliard d’euros annoncé par le Premier ministre sur la mobilisation de la BPI et sur les primes à l’investissement d’avenir", a détaillé Stéphane Le Foll vendredi sur Europe 1.
Ce que le gouvernement s'attribue abusivement
"Il y a un deuxième élément, avec le deuxième pilier de la PAC [politique agricole commune mise en place à l'échelle de l'Union européenne]. La Bretagne va profiter du doublement du Feader [Fonds européen agricole pour le développement rural], de 175 millions d’euros à 368 millions d’euros.
J’y ajoute le fait qu’avec le CICR [aide humanitaire du Comité International de la Croix Rouge à la Bretagne, comme au Mali ou la Syrie], plus les exonérations sur le travail saisonnier, la Bretagne, son industrie agro-alimentaire, son agriculture, bénéficiera dès 2014 de 54 millions. Et en 2015 de 68 millions", a énuméré le ministre de l’Agriculture, sans arriver à égaler le pactole versé en soutien au PS marseillais.
Le gouvernement peut en promettre bien d’autres comme ça. VOIR et ENTENDRE ce reportage, à partir de 8'50:
Le mal est fait: le compte n'y est pas !
Les Bretons n'y trouvent pas leur compte et il est clair désormais que dans la cité phocéenne, le gouvernement a joué la carte politique de la prise d'une ville UMP, alors qu'en Bretagne il a jugé la bataille perdue.
Le gouvernement a montré qu'en France il y a effectivement deux poids deux mesures. Avec le PS, la politique et l'idéologie l'emportent toujours sur l'économique et le social.
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