mercredi 6 novembre 2013

"Grande manifestation" des salariés de La Redoute à Lille

Martine Aubry envenime la situation
L'actionnaire de La Redoute se recentre sur le luxe et le style

Les salariés protestent contre la suppression d'au moins 700 postes sur les 3300 emplois de la société. La maire de Lille conteste le plan social de la société de vente par correspondance. Elle est à l'offensive contre le propriétaire de La Redoute, dont les ventes chutent et les pertes s'accumulent.
Les salariés de La Redoute vont lors d'une "grande manifestation" à l'appel des syndicats descendre dans la rue jeudi à Lille pour protester contre la suppression d'un emploi sur cinq. Environ 500 salariés avaient déjà manifesté, le 22 octobre à Roubaix (Nord), pour demander des garanties sur l'emploi au groupe Kering (ex-PPR), leur actionnaire, qui a entrepris de céder sa branche distribution.

Le 29 octobre, le directeur financier de Kering avait confirmé les craintes des syndicats, en leur annonçant une probble perte de 700 des quelque 3.300 emplois de l'entreprise de vente à distance en France et à l'étranger, lors de la cession en cours de négociation. "On est dans une logique d'actions à répétition et en fonction des événements et de la mobilisation, il y aura peut-être une accélération du processus", a déclaré Fabrice Peeters, délégué syndical CGT

La maire de Lille attise le conflit 

"On nous montre un bilan négatif, mais
on pense que derrière, le bilan n'est pas si négatif que cela. Le groupe Kering a fait 1,3 milliard d'euros de bénéfices pour l'année 2012 !", a ajouté . "Quand on est prêt à donner une boîte comme La Redoute pour un euro symbolique et en plus à donner de l'argent à l'éventuel repreneur, c'est que vraiment on veut s'en débarrasser !", a assuré le responsable CGT.

"Quand on est le président d'un groupe aussi fort que Kering, on a des responsabilités, économiques et sociales, dans un pays", a affirmé pour sa part lundi Martine Aubry (PS), maire de Lille et présidente de la communauté urbaine Lille Métropole,  qui rencontrera, avec d'autres élus, le PDG de Kering, François-Henri Pinault, le 12 novembre.

"Ce n'est pas parce que La Redoute perd de l'argent, parce qu'on ne l'a pas modernisée, qu'on peut s'en débarrasser comme cela avec des centaines de licenciements, surtout quand on est un groupe qui gagne autant d'argent", a polémiqué Martine Brochen-Aubry.
"Depuis toujours, nous savions que Kering avait la volonté de sortir de la vente à distance, prétend la socialiste, mais on ne nous a jamais dit qu'il y avait une deadline, a prétendu lundi celle qui a un peu trop souvent l'habitude qu'on lui cache tout, jusque dans les fédérations socialistes des Bouches-du-Rhône ou de l'Hérault, mais aussi bien à sa porte, dans le Pas-de-Calais, au temps où elle était pourtant Premier secrétaire. 
"Sa stratégie, je n'ai pas à la discuter, mais ce qu'on aurait attendu, c'est de moderniser La Redoute avant de s'en séparer. Dès 2007, on leur a dit “vous devez changer de modèle économique”, mais on a laissé pourrir La Redoute pour la sortir du groupe aujourd'hui. Ce que nous reprochons, c'est que le travail de modernisation informatique et logistique n'ait pas été fait avant et d'avoir mené en bateau les salariés, les syndicats et les élus. Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas acceptable."

Kering est prêt à recapitaliser La Redoute à hauteur de 300 millions d'euros
, afin de financer à la fois les pertes à venir, les investissements le temps de redresser la société et l'accompagnement social des restructurations. A la différence de Conforama ou du Printemps, Kering (ex-PPR) ne pourra rien attendre de la cession de La Redoute. Pire, le groupe de François-Henri Pinault va devoir mettre la main à la poche: les candidats potentiels réclament entre 200 à 600 millions à l’actuel propriétaire pour reprendre ce spécialiste de la VPC.

Discussions engagées avec des repreneurs

Kering s'est toujours refusé au moindre commentaire sur ces informations.
Deux à trois cents salariés de La Redoute réunis en assemblée générale sur le site de Wattrelos (Nord), avaient voté le 31 octobre le principe de cette "grande manifestation" à Lille. Les 900 cadres et agents de maîtrise doivent eux se prononcer mardi par vote à bulletin secret dans cet établissement, ainsi qu'au siège de Roubaix, pour savoir "s'ils sont d'accord pour une manifestation qui à un moment donné pourrait déboucher sur un débrayage", a indiqué Alain Dieudonné, délégué central CFE-CGC pour la Redoute. 
La Redoute emploie, selon les sources, de 2400 à 2650 personnes en France, sur ses sites de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, tous dans le département du Nord, et de 800 à 900 à l'étranger. Des salariés d'autres entreprises de la région en difficulté ont été invités à se joindre au cortège dans le centre de Lille.

Kering est actuellement en discussion avec trois repreneurs potentiels,
 la foncière Altarea Cogedim (groupe immobilier qui est actionnaire à 33 % de "Rungis", Marché d'Intérêt National ,MIN, qui est à l'origine du concept Family Village à Argentueil, Paris, Strasbourg ou Roubaix, et qui a racheté Rue du Commerceou le fonds d'investissement OpCapita, basé à Londres et spécialisé dans le retournement d’entreprise, qui est également propriétaire de Comet, l’alter ego de Darty en Grande-Bretagne. Des informations de presse ont également évoqué le nom du fonds HIG Capital, propriétaire  de parcs de loisirs régionaux, dont le Grand aquarium Saint-Malo ou le Parc Bagatelle.

Martine Aubry avait dénoncé l'attitude "irresponsable" du groupe Kering 
envers sa filiale. 
Dans un entretien au Journal du Dimanche, elle avait adopté le comportement d'un Montebourg face à PSA, Goodyear ou ArcelorMittal, s'en prenant aux patrons. 

Mais la maire de Lille semble méconnaître les trois candidats à la reprise de La Redoute.
 "La plupart semblent être des fonds et non des spécialistes du commerce", assurait-elle au JDD dimanche. Parmi eux,  Altarea Cogedim  est gestionnaire de centres commerciaux, dont ceux de Lille Métropole et Les Tanneurs, à Lille également…

F.-H. Pinault a répondu à l'interpellation de la Ch'tite Aubry et aux autres élus socialistes de la métropole lilloise. "C'est l'adaptation de l'outil industriel (logistique, informatique) qui doit maintenant être engagée. Cette nouvelle étape figurera dans le plan industriel du futur repreneur de La Redoute, car elle est indispensable pour assurer la pérennité de l'activité", a fait valoir le PDG de Kering.

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