vendredi 5 juillet 2013

Affaire Bettencourt : Mediapart condamné à retirer ses enregistrements litigieux

La justice tente de canaliser les fuites de la presse dite d'investigation

Coup d'arrêt au site d'information en ligne spécialisé dans l'agit-prop, une fois le mal fait

En toute illégalité, il  avait provoqué un maelström politique le 16 juin avec la publication d'enregistrements pirates réalisés par le majordome de Liliane Bettencourt et bien mal protégés par le secret de l'instruction. L'interprétation de ces documents sonores fragilisaient l'héritière de L'Oréal, suggérant des relations étroites entre la milliardaire et des figures de l'UMP, dont Éric Woerth, ex-ministre UMP du Budget.
Saisie par le tuteur de Liliane Bettencourt, la cour d'Appel de Versailles a tranché ce jeudi 04 juillet, en condamnant Mediapart pour "atteinte à l'intimité de la vie privée". Conséquence de cette décision : le site d'information devra retirer tous les enregistrements de l'affaire, ainsi que toutes les citations qui en sont faites. Le tout sous huit jours, sous astreinte de 10.000 euros par jour de retard. Mediapart a d'ores et déjà annoncé son pourvoi en cassation, mais celui-ci n'est pas suspensif. 
En avril déjà, la cour d'appel de Bordeaux avait préconisé de protéger le respect de l'intimité de la milliardaire des fuites organisées. Edwy Plenel, le patron de Mediapart, avait prétendu "avoir mis scrupuleusement de côté dans ses révélations tout ce qui concernait la vie privée".

La presse va mal mais soutient 
financièrement les condamnés 

Politiques, journaux, sites et syndicats apportent leurs soutiens à "Mediapart" et "Le Point" condamnés
Le tribunal correctionnel de Paris a en outre donné raison à  Xavier Bertrand, ancien secrétaire général de l'UMP, en le relaxant. Mediapart qu'il avait accusé d'utiliser des "méthodes fascistes" dans ses révélations sur l'affaire Bettencourt en 2010 l'avait poursuivi pour diffamation.

La condamnation de Mediapart dans le cadre de l’affaire Bettencourt suscite un certain nombre de soutiens. Celui des confrères et consoeurs, d’abord, qui comme Rue 89, Arrêt sur images ou Libération proposent d’héberger les traces des enregistrements que Mediapart comme Le Point ont l’obligation de faire disparaitre d’ici une semaine sous peine de de 10.000 euros d’amende par extrait.

Des élus Europe Ecologie prêts à la désobéissance civile

Mais aussi celui des écologistes. Jeudi, déjà, dès le jugement de la cour d’appel de Versailles Sergio Coronado, député EELV né chilien, se proposait lui-même de passer à la "désobéissance civile." Soutien de José Bové et directeur de la communication d'Eva Joly, candidate EELV à l'élection présidentielle de 2012, aurait-il une dette envers le site trotskiste qui fit ses choux gras des affaires fumeuses Clearstream, puis Bettencourt ?

Les Verts revendiquent des privilèges pour la presse numérique !
Ce vendredi, ce sont les sénateurs écologistes qui tout en précisant hypocritement ne pas avoir "à commenter sur le fond une décision de justice", font savoir dans un communiqué qu’ "à un moment où la presse, a fortiori d'investigation, connaît une situation économique précaire (?), le législateur doit produire un droit adapté à la presse numérique"...

De nombreux autres politiques ont manifesté le souhait de voir évoluer la légilsation. Mais, pour en connaître l'identité, il faut payer...
Le porte-parole du Parti socialiste, David Assouline, un (ex-)trotskiste, s'est dit vendredi favorable à une "législation plus adaptée" sur la "protection des sources des journalistes" et celle de "la vie privée."

Attac hurle à la censure. 
"Médiapart conclut que l’application de ce jugement signifierait une amende de 752 millions d’euros par mois, étant donné le nombre d’articles et de blogs d’abonnés reproduisant des extraits desdits enregistrements. Médiapart doit donc se taire ou disparaître." Ainsi, la gauche radicale apprend-elle à ses dépens ce qu'est le changement avec Hollande.

Le Syndicat des journalistes appelle toute la profession en renfort

Des journalistes qui villipendent La Manif pour Tous se dressent contre les juges. Très marqué à gauche, le Syndicat national des journalistes pointe un "jugement inique et gravement attentatoire à la liberté de l’information et au droit des citoyens d’être informés sur celles et ceux qui les gouvernent". Le SNJ y voit "la fin du journalisme d’investigation" , salue les démarches d’Arrêt sur Images et Rue 89 et " appelle tous les autres media à faire de même", incitant ainsi à bafouer la justice. 
Les CRS de Manuel Valls n'auront-ils donc aucun repos ?

1 commentaire:

  1. Ou peut on trouver ces conversations, que tout le monde sache ce que la justice veut cacher !

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