samedi 13 juillet 2013

14 Juillet 2013 plombé par l'inefficacité d'un pouvoir socialiste impopulaire

Hollande parle d'or et réprime ferme

Le président de la République ne change rien au traditionnel entretien télévisé depuis l'Élysée
 dimanche
mais qui va l'écouter?

"Rien que du très classique, assure Le Figaro. Après avoir cherché à innover, François Hollande revient aux fondamentaux.Le Parisien, en revanche, fait discrètement allusion à un revirement: "François Hollande accordera 'finalement" un entretien à TF1 et France 2, dimanche 14 juillet, à 13 heures, en direct" et évoque "une question restée en suspens jusqu'à mercredi."  
Mais le quotidien détourne en fait l'attention sur une valse d'hésitations du président. Il se serait rendu aux raisons de ses conseillers qui auraient "insisté pour qu'il renoue avec l'ancienne tradition républicaine de l'interview et ne laisse pas le dernier mot avant l'été à Nicolas Sarkozy." Rien d'étonnant à ce qu'après son élection l'année dernière, Hollande ait décidé de renouer avec cette tradition, puisque Nicolas Sarkozy l'avait abandonnée durant son quinquennat: faute de réflexion et de préparation, la politique du socialiste était déjà dirigée par la volonté de faire le contraire de son prédécesseur. 
Mais si François Hollande avait en revanche hésité à renouveler l'opération cette année, c'est qu'à la mi-juin, il s'était invité sur M6 dans l'émission "Capital" et qu'il avait fait un flop d'audience avec moins de 2,5 millions de téléspectateurs. Dès lors, pourquoi parler à nouveau alors qu'il n'avait rien de plus à ajouter?Dans la suite des échecs de Hollande, celui-là est mineur et n'a pas découragé l'Élysée, où l'on veut toujours croire que François Hollande est le seul à pouvoir être entendu des Français. Prévu pour durer trente minutes, l'entretien sera conduit dimanche par Claire Chazal (TF1) et Laurent Delahousse (France 2).

Enfumage d'un reniement de plus
Hollande s'attend à un nouvel échec, alors on le déclare "dubitatif sur l'intérêt de l'exercice", mais il n'a pas résisté à la volupté du paraître. "Je vais être interrogé sur tout", a-t-il craint toutefois. Les questions sur ses arbitrages au faciès: l'éviction de Delphine Batho du gouvernement, mais le maintien de Montebourg, les fractures suscitées par les réformes des retraites et du mariage en faveur des homosexuels (lien sur l'opposition au sein du PS), la montée du chômage mais la baisse du pouvoir d'achat, ou encore la montée du FN mais la baisse du taux du Livret A, la surfiscalisation des contribuables mais la dégradation de la France par l'agence de notation Fitch ou la répression à la fois policière et judiciaire et le retour annoncé de l'ancien président Nicolas Sarkozy. 
En trente minutes ! Le changement, c'est que "plus c'est court, plus c'est bon" !  En français, "plus c'est court, meilleur c'est !" mais vous n'êtes pas obligé de le croire...

D'autres formules ont été évoquées, mais il s'est finalement rallié à l'idée qu'il devait parler directement. "Ne pas parler dimanche, ça se verrait presque davantage que de parler", a ainsi résumé un conseiller du palais de l'Elysée. François Hollande est pris au piège par le système et par l'obligation de rendre des comptes: il doit s'exprimer même s'il n'a rien de nouveau à dire et bien qu'il n'ait d'autre solution que d'afficher "cohérence", détermination" et "confiance". 
La pégagogie anesthésiante a démontré ses limites. Lui suffira-t-il de se justifier, de faire des constats ponctués de "il y a..." et d'aligner  en batterie de belles intentions marquées de "il faut"? Comment pourrait-il continuer à mettre en cause le quiquennat précédent, alors qu'après un an de pouvoir sans partage les chiffres tombent, toujours plus accablants ?   

Hollande se cherche toujours

Le chef d'Etat néophyte s'était livré à cet exercice l'an passé à l'Hôtel de la Marine place de la Concorde, en guise de changement. Dans l'idéologie et le symbole, le président socialiste voulut sortir de son palais, se rapprocher du peuple, démocratiser la fonction.  Mais l'impopularité de ses mesures politiques l'envoie dans les cordes, le renvoient dans ses murs. Cette année, il réintègre l'Elysée la queue basse, contrairement à un engagement de campagne. 

Tous les commentaires des suppôts médiatiques de la majorité présidentielle tentent d'occulter ses engagements, dont celui du 14 juillet 2012, quand il avait expliqué son choix de s'exprimer dans un autre lieu que le palais présidentiel pour garantir "la plus grande liberté et la plus grande indépendance" à son entretien.  Billevesée !

Le changement au rétroviseur

"La question n'est pas de savoir si c'est une bonne idée de parler, c'est une nécessité, c'est une tradition", insiste son compagnon de route et conseiller, le maire de Quimper Bernard Poignant. "Le 14 Juillet, c'est le jour où il faut marquer la solennité de la fonction. Ce jour-là, ce qui est solennel, c'est ce qui est normal", insiste-t-il.

Souvent chef d'État socialiste varie

Il parlera donc encore, et  de l'Élysée. Après avoir snobbé les symboles du pouvoir, Hollande veut s'essayer devant les Français à montrer qu'il incarne bien la fonction. "De plus en plus de gens lui disaient qu'il n'était pas nécessaire d'aller ailleurs qu'à l'Élysée", rétropédale Bernard Poignant. Ces gens-là, qui sont-ils?

Les anonymes ont la parole
"Si on avait un message commun, on pourrait le marteler ", grince un ministre en constatant l'absence de coordination.

Le message est-il tout dans le décor ? 

Parachutiste blessé
au premier 14 juillet de Hollande
Les monologues des conférences de presse à l'Élysée réussisent-ils mieux que les entretiens télévisés, trop confus. Le problème de communication de l'exécutif n'est toujours pas résolu. Malgré une équipe renforcée de conseillers en communication, ou  à cause d'effectifs en surnombre, la boîte à couacs est béante. Dernier exemple en date, l'échange entre le nouveau ministre de l'Écologie, Philippe Martin, et celui du Redressement productif, Arnaud Montebourg, sur les gaz de schiste. Ce dernier rompt la solidarité gouvernementale -qui a valu à la petite Batho d'aller mouiller plus loin- et insiste sur la nécessité de trouver une technique d'extraction écologique, alors que l'âne Martin et le sombre Ayrault s'accrochent toujours à la bouée du maintien de l'interdiction totale de l'exploitation des gaz de schiste.

Dimanche, le chef de l'État devrait étaler son aveuglement



C'est d'abord sa conviction que l'inversion de la courbe du chômage est possible, alors que personne n'y croit plus, même dans son propre camp. "Avec les emplois aidés, on peut y arriver. Mais cela ne résout pas la question de l'orientation politique", soupire un député qui préconise sans doute un "emploi aidé" pour le chômeur de l'Elysée. 


Bien fol est qui s'y fie: la garde rapprochée du chef de l'État fait bloc.
 
Et c'est bien le problème. "Changer de cap serait une erreur", a expliqué, au Monde, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Et ce fin politicien du verbe d'ajouter: "Notre discours, lui, doit changer. Nous devons désormais beaucoup plus positiver et valoriser ce que nous avons fait." 
Au PS, on s'inquiète que son premier cercle incite François Hollande à suivre sa pente naturelle qui le porte à l'indécision et à l'espérance. La situation est jugée socialement alarmante par certains et réclamerait un changement de ligne, mais Hollande croit en sa bonne étoile, se replie sur lui-même, s'isole et se coupe des réalités. Il attend que la croissance revienne aux USA et de tirer les marrons du feu.

L'orgueilleux président de la République écoute intellectuels et élus, mais se bute

Ni Bruxelles, ni les marchés n'acceptent cet attentisme. Les Français s'impatientent et condamnent cette passivité béate. Le discours de l'exécutif ne passe toujours pas auprès de l'opinion. 

Après un léger sursaut, la cote de popularité du chef de l'État est retombée au plus bas. A 30 %, moins trois points dans l'IFOP. Et selon l'institut BVA, François Hollande n'est jugé capable de prendre les bonnes décisions que par  30 % des Français. "Le cap est difficile, alors pour beaucoup de Français il n'est pas agréable à leurs oreilles", relativise Bernard Poignant.

Après l'épreuve sado-maso de l'entretien de dimanche, François Hollande recevra à déjeuner quelques personnalités, comme le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ou le président malien par intérim Dioncounda Traoré, puis ira oublier à Boulogne-sur-Mer (PS), à l'occasion de la Fête du pédalo   de la mer.

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