lundi 28 janvier 2013

Sapin : La France "un Etat totalement en faillite" !

Le lendemain: Non, la France n'est pas en faillite

Le ministre du Travail déclare que la France est "un Etat totalement en faillite"

La France est-elle au bord du dépôt de bilan ?
'Faillite'... un mot tabou quand on est un dirigeant politique : avec "rigueur", il sème la panique aussi bien dans l'opposition et dans la majorité que parmi les acteurs économique et financier. Or, le Michel Sapin 2013 a fait du François Fillon 2007. L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait en effet créé l'embarras en se déclarant à la "tête d'un Etat en situation de faillite". Cinq ans après, c'est le ministre du Travail de Hollande qui fait preuve à son tour de réalisme, affirmant dimanche lors du "Forum" Radio J que la France était "un Etat totalement en faillite".

Mais le ministre socialiste n'assume pas ses propos
Sapin a  dû se faire ...enguirlandé et a rétropédalé, considérant au bout du compte que la France n'est plus finalement en faillite : obsédé par le quinquenat précédent, il aurait, selon lui, voulu ironiser sur la formule de l'ancien Premier ministre UMP en 2007 et c'était donc du second degré ! 

A la vérité, la vidéo ne révèle nullement un trait d'humour du ministre du Travail
Sapin répond un peu précipitement à une question de journaliste: "Vous vous souvenez de ce qu'avait dit François Fillon en 2007, "je suis à la tête d'un Etat en faillite"? Est-ce que vous dites aujourd'hui la même chose ?" "Il a en tout cas laissé un Etat totalement en faillite", répond Michel Sapin, polémiste à l'emporte-pièce, qui enchaîne : "c'est pourquoi il a fallu mettre en place des programmes de réduction des déficits", et "aucune sirène ne doit nous détourner de cet objectif de réduction des déficits".

Trop tard: le méchant a fait le mal qui le détruit. 
Ce  réflexe de haine nourrie par 10 années d'opposition risque de lui coller à la peau. Les ténors de la droite n'ont pas laissé passer la sottise. L'ex-ministre du Budget Valérie Pécresse et l'ancien Premier ministre Alain Juppé sont montés au créneau, obligeant Pierre Moscovici à faire de l'analyse de texte: "Ce qu'il [Michel Sapin] signifiait par là c'était que la situation des finances publiques était préoccupante. Si elle était préoccupante en 2007-2008, elle est plus préoccupante aujourd'hui puisqu'ils ont accumulé 600 milliards d'euros de dette publique", a insisté le ministre de l'Economie sur France Info. Et d'ajouter sa profession de foi: "La France est un pays vraiment solvable, la France est un pays vraiment crédible". La paire Moscovici-Sapin ne l'est pas davantage.t

La France est-elle - ou non - en faillite ?


L'économiste Jacques Delpla (Les Echos) s'écrie, jouant sur les mots : "Non, absolument pas: un Etat est en faillite quand il ne peut assumer ses engagements financiers, notamment de payer ses fonctionnaires et rembourser sa dette. Ce qui n'est pas le cas de la France. Au contraire, le pays n'a aucun problème pour se financer ! " explique cet ancien conseiller économique du gouvernement russe (1992-1994), au service de Boris Eltsine. Malgré la perte de son triple A, la France emprunte en effet sur les marchés à 2,2% à long terme (OAT 10 ans), soit à peine soixante points de base (0,6 point de pourcentage) de plus que l'Allemagne. C'est un taux historiquement bas. Elle emprunte même à des taux négatifs pour les échéances de très court terme. Un niveau d'endettement soutenable

La baisse de ses taux d'emprunt a permis à la France d'économiser 2,4 milliards d'euros en 2012, pendant le quinquenat de Nicolas Sarkozy, par rapport à la prévision effectuée lors de l'adoption du budget l'année dernière.
Mais le budget 2013 étant bâti sur une hypothèse favorable de taux moyen de 2,90%, de nouvelles économies sont devenues potentiellement nécessaires. Reste que la charge de la dette, qui devrait s'élever à 47 milliards d'euros cette année, est pour la deuxième année consécutive le premier poste de dépenses de l'Etat devant l'enseignement scolaire. Et que la dette de la France devrait s'élever cette année à 91,3% du PIB, du jamais vu !

Savoir si ce niveau d'endettement est soutenable. 
Jacques Delpla refuse de s'alarmer: le service de la dette représente à moins de deux points de PIB. Cette belle assurance se fonde sur  la comparaison avec pire que la France: elle n'est pas l'économie riche la plus endettée, fait-il valoir. La dette publique tricolore est dans la moyenne de la zone euro (90%), certes plus élevée que celle de l'Allemagne (80% du PIB) mais moins élevée que celle de l'Italie (120%), de la Belgique (98%) ou encore que celle des Etats-Unis (100%) de Barack Obama et du Japon (230% du PIB).

Reste que la Cour des comptes sonne régulièrement l'alarme sur la trajectoire de la dette française
Elle pourrait atteindre 100% du PIB en 2017 si l'Etat socialiste continue de vivre au-dessus de ses moyens en créant des fonctionnaires ou en distribuant des aides et allocations à 50% des occupants du territoire alors que la surtaxation d'un Français sur deux ne suffit plus à entretenir les premiers. D'où l'importance de réduire le déficit public. 
Il faut en effet descendre à 2,6% de déficit pour stabiliser le niveau d'endettement, et au-delà pour le réduire. S'il atteignait son objectif d'un déficit public à 3% du PIB cette année le gouvernement pourrait faire refluer la dette à partir de 2014. Nous n'avons aucune garantie a priori que les taux d'emprunt de la France ne flambent pas au point de pousser l'Etat au bord de la faillite, comme la Grèce en a fait l'expérience.

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