dimanche 21 août 2011

Eva Joly, candidate des binationaux


Une Norvégienne dans la course à la présidence de la France


En clôture de la tumultueuse université d'été des altermondialistes à Clermont-Ferrand, Eva Joly a tenté d'imposer sa légitimité de présidentiable et son autoritarisme. Auprès des siens, disparates et agités, cette candidate septuagénaire, norvégienne, venue de la société civile et faucheuse de Nicolas Hulot incarne le jamais vu et la promesse de bouleversements.

La binationalité, sa marque de fabrique

Sa proposition de supprimer le défilé militaire du 14 juillet ne manqua pas de créer un haut-le-coeur national et François Fillon déplora qu'elle n'ait pas « une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française ». Ce jour-là, la candidate venue du froid s'était raidie, comme au temps où, juge d'instruction militante, elle fut menacée de mort, à l'instar de beaucoup d'autres acteurs politiques ensuite. Alors à Clermont-Ferrand en ce samedi, l'altermondialiste a revendiqué son ambivalence: elle a clos son discours par un « Vive la République, vive la France », certes, mais subordonné à un « vive l'écologie, vive l'Europe ».
Aguerrie par les européennes, les régionales puis les cantonales, elle aborde la primaire en Viking conquérant.

Dany n'a pas gâché la fête: un orage s'en est chargé

A quelques mois de l'élection présidentielle, l'université d'été d'Europe Ecologie-les Verts n'aura pas échappé à sa fatalité de divisions et d'échecs. Les clivages restent profonds:
Les « hulotistes » ont accepté de ne pas gâcher la fête et de se montrer au premier rang, aux cotés de leurs vainqueurs et têtes montantes d'EELV, mais José Bové qui avait soutenu Hulot sur la fin, n'a pas montré le bout de sa faux, probablement plus préoccupé par les gaz de schiste et la politique agricole commune.
Dany Cohn-Bendit s'était éclipsé non sans avoir dit sa façon de penser aux journalistes, ses craintes qu'une candidature altermondialiste n'affaiblisse les chances du PS.
Cécile Duflot, en « gentille organisatrice », jouait les chauffeurs de salle et trouvait son plaisir à faire lever toutes les mains de l'assistance pour montrer ses dix doigts, comme le score qu'elle rêve de voir Eva Joly réaliser, contre toute vraisemblance.
Noël Mamère insulta Bachar al-Assad, « crapule parmi les crapules » et fit retourner Brassens dans sa tombe, assurant qu'il aurait dit d'Eva Joly qu'elle a « mauvaise réputation ». Il agita la salle aux sons des antiennes radicales que les écolos rebelles, anciens et nouveaux internationalistes, adorent.
Mais l'individu incarne la défaite de Jospin: il reste le candidat écolo qui en dépassant les 5% à l'élection présidentielle de 2002 porte la responsabilité du rejet du candidat socialiste au 3e rang du premier tour derrière le FN et continue d'entretenir les cauchemars de Daniel Cohn-Bendit.
• Un jeune ministre norvégien est même venu témoigner des vertus du modèle d'intégration scandinave, malgré la tuerie d'Oslo visant les socialistes au pouvoir.

Une rivale pour le candidat socialiste

Eva Joly n'a joué sa partition sans couacs

La septuagénaire veut étendre le chaos d'EELV à la France entière.

Elle pousse ses troupes à l'objection de conscience
« Je suis Française par choix et par amour pour la France » . Mais elle étale son irresponsabilité en citant le "fou du désert", Théodore Monod, humaniste pacifiste, qui, invité par François Mitterrand au défilé militaire du 14 juillet, avait répondu : « Je continue à nourrir le vivant espoir que le jour viendra où la fête nationale ne sera plus seulement militaire et verra défiler aussi les bûcherons, les cheminots, les mineurs, les instituteurs, les infirmiers, et plus uniquement les hommes de guerre ». Eva Joly ne peut donc revendiquer la gestation de cette idée.
Tout est rassemblé dans cette phrase-là : la polémique de campagne avec le Premier ministre mais aussi avec le PS qui respecte les traditions que les altermondialistes jugent archaïques. Elle n'a pas trouvé plus symbolique pour entraîner les électeurs écolos dans le reniement de la mémoire et du devoir de l'entretenir.

La Mère Denis des Verts lave plus blanc
« Je n'ai jamais confondu l'argent public et l'argent privé »

Elle ambitionne d'être le fer de lance d'idées éculées et populistes. Erwann Lecoeur, politologue spécialiste des Verts, s'en félicite d'autant plus désespérément qu'il juge très risquée la candidature écolo. Et la réponse de la candidate au problème de la dette n'est pas faite pour rassurer.
Quand elle promet qu'elle va « rétablir la justice fiscale », que « les banquiers, les traders et les hedge funds ne feront plus la loi », elle réussit la synthèse entre son histoire personnelle et l'actualité, mais c'est ce qui inquiète: tout le monde comprend 'austérité'. Avec des formules comme « je ne suis jamais descendue dans le palais d'un dictateur » ou « je n'ai jamais confondu l'argent public et l'argent privé », Eva Joly adopte le ton du populisme qui la met en rivalité directe avec le Front de gauche, qui recueille ce qui reste du PCF.
Lien PaSiDupes: Joly Eva veut punir les Français avec plus d'impôts

Sa suffisance jette un froid
" Je suis française et fière de l'avoir choisie, je suis une binationale fière du mélange des cultures que je porte": le culture nationale, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale.
"Je suis fille de couturier militaire et fière de ma famille", mais c'est la moindre des choses. Pourtant, avec son " écologie de combat", elle ne fait pas dans la dentelle.
" Je suis une auditrice de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) et fière de mon intérêt pour les questions de défense », mais c'est ouvert aux cadres: ils peuvent être auditeurs par admission à suivre l'une des sessions qu'organise l'institut, mais la Joly Eva ne peut se targuer de sa qualité de titulaire pour avoir suivi l'une de ses sessions...
Cette série de banalités n'impressionne personne et témoigne seulement de ses efforts pour pénétrer la famille française, malgré ses handicaps.
Lien PaSiDupes: Au secours ! E.Joly ne peut être présidente de tous les Français

Le bateau ivre écolo est livré à la tempête
Quand en effet la septuagénaire ajoute que « les écologistes ont raison depuis trente ans », qu'« ils ont été les lanceurs d'alertes et sont aujourd'hui les porteurs de solution », les vieux loups de mer écolos ne manquent pas de remarquer que ses convictions écologistes personnelles sont nettement plus fraîches: le parcours de la nomade norvégienne n'est pas rectiligne et son errance politique passée annonce de nouveaux navires en partance.

Erwann Lecoeur pousse un peu loin le bouchon
« Les écolos aiment avoir un bourgeois avec eux, un bourgeois qui va aller convaincre la société qu'eux avaient raison, car ils sont persuadés d'avoir la vérité révélée, c'est leur côté messianique. » Si les altermondialistes qui noyautent les Verts de Cécile Duflot aiment les bourgeois, c'est un scoop !

« Nicolas tu l'as entendu, nous avons besoin de toi »
Au point où ils en étaient, il s'en est fallu de peu qu'ils appellent Nicolas Sarkozy. Mais qu'on ne se méprennene pas, l'altermondialiste avait tendu la main à Nicolas Hulot. Perdue dans ses notes, Eva Joly a glissé le nom de son ex-rival en fin de meeting. Face aux cris des mutins de la salle « Nicolas avec nous » nourris d'applaudissements, elle a cédé : « Nicolas tu l'as entendu, nous avons besoin de toi, de ton talent et de tes connaissances ».
Bien que la réciproque ne soit pas vraie, des proches d'Hulot comme l'eurodéputée Sandrine Bélier, jurent qu'il n'y a aucun doute, ils feront tous la campagne d'Eva Joly. Même Nicolas en personne, « qui n'ira jamais soutenir quelqu'un d'autre », se convainc-t-elle. Seulement, « il faut respecter la distance, le temps de la digestion, un rythme humain », explique-t-elle. La prochaine grande séquence qu'espère organiser l'entourage d'Eva Joly c'est la photo des deux anciens rivaux réunis. Sur ce point-là, ils ne maîtrisent plus rien non plus.


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