dimanche 3 juillet 2011

Grande Bretagne: les fonctionnaires combattent aussi la réforme des retraites par la grève


Les privilégiés opposent le bloquage au dialogue

Des centaines de milliers d'enseignants et de fonctionnaires ont entamé un mouvement de grève jeudi, en Grande-Bretagne

Ils protestent contre la réforme des retraites dans le secteur public
La grève s'annonce comme le défi le plus important lancé jusqu'ici au programme d'austérité de la coalition gouvernementale, Parti conservateur-Libéraux-démocrates.

Jeudi 30 juin, des milliers d'établissements scolaires sont en effet restés fermés faute de professeurs. Les voyageurs devaient s'attendre à des retards dans les aéroports, les services d'immigration se joignant à un mouvement qui pourrait mobiliser jusqu'à 750.000 personnes. Les services de la justice et de l'administration gouvernementale étaient également affectés.

Le Premier ministre, David Cameron, a qualifié ces grèves d'irresponsables
Il rappelle que les négociations entre les syndicats et les pouvoirs publics n'étaient pas encore achevées.
Francis Maude, ministre du Cabinet Office (services du Premier ministre), a rencontré les organisations syndicales lundi et une nouvelle réunion est prévue la semaine prochaine.
"Il est absolument injustifiable que des parents dans tout le pays subissent un tel désagrément, qu'ils soient obligés de perdre une journée de travail alors qu'ils travaillent pour gagner de l'argent et payer des impôts qui serviront à financer les retraites des enseignants", a-t-il déclaré à la BBC.

La France devient un modèle européen
En France, les syndicats ont mobilisé contre l'action du gouvernement Fillon, bien que les Français disposent d'un des âges de départ à la retraite les plus bas du monde, à 62 ans: l'âge légal est de 65 ans en Espagne et de 68 ans au Danemark mais doit passer de 62 ans en 2007 à 67 ans prochainement en Allemagne.
François Baroin annonça en mars 2011 que la France atteindra néanmoins tous ses objectifs budgétaires. Dans un entretien au Journal du Dimanche, le ministre du Budget affirmait que pour 2010, « nous sommes assurés que le déficit sera inférieur à 7,7 % du PIB. Cela signifie que nous atteindrons bel et bien 6% en 2011, voire mieux », ajouta le ministre.

Au Royaume-Uni, la réforme de Gordon Brown ne suffit pas
Le travailliste (juin 2007-mai 2010) a fait voter en 2007 une réforme qui prévoit d'augmenter l'âge de départ à la retraite à 68 ans en ...2046.
Les employés du secteur public de Grande-Bretagne sont déjà touchés par un gel des salaires et plus de 300.000 suppressions d'emplois, la coalition à dominante conservatrice s'étant donné pour objectif de supprimer presque en totalité d'ici à 2015 un déficit budgétaire qui a dépassé 10% de PIB.

Ils s'opposent à l'ajustement prévu par la réforme travailliste de 2007 et à ce que leurs syndiqués travaillent plus longtemps et cotisent davantage pour leurs vieux jours. Le gouvernement Cameron envisage en effet de porter l'âge légal de la retraite à 66 ans en 2020 et non plus en 2024 comme l’avait prévu l’ancien Premier ministre travailliste Gordon Brown, mais dès 2016.
Elle est actuellement fixée à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes. Mais le système de retraite par capitalisation y est historiquement dominant depuis un siècle, l'essentiel du fardeau des retraites reposant sur les épaules des salariés et des employeurs du secteur privé, via des assurances-privées

Ce sont donc les syndicats britanniques privilégiés de la fonction publique qui refusent de contribuer au financement des retraites.
Le gouvernement et l'opposition travailliste ont tous deux condamné les grèves en les déclarant prématurées du fait que des pourparlers sont en cours entre syndicats et ministres.

Les syndicats de fonctionnaires maintiendront-ils la pression ?


Préparatifs dans les locaux londoniens du syndicat University and College Union (UCU)

Les arrêts de travail de jeudi pourraient n'être qu'un avant-goût des événements à venir cette année si ces pourparlers ne permettent pas de combler le fossé entre les deux parties.
"Je comprends pourquoi ils appellent à la grève, mais je crois qu'ils feraient bien de s'éveiller aux réalités", déclare Phil Stanley, 47 ans, ingénieur à Bishop's Stortford, au nord de Londres. "On n'a pas augmenté mon salaire depuis trois ans, alors ils manquent un peu de réalisme."

Les grèves constituent un test pour la coalition
Arrivée au pouvoir en mai 2010 avec les Libéraux-démocrates de Nick Clegg, elle a pour mission prioritaire d'assainir les finances publiques.

Les mesures de réduction du déficit public
Le gouvernement a donc annoncé des réductions de dépenses totalisant 81 milliards de livres d'ici à 2015 et tout signe de recul sur les retraites serait mal perçu par les marchés financiers.

La première coalition au pouvoir en Grande-Bretagne depuis 65 ans a connu des débuts difficiles
Il a fait marche arrière sur des projets de réorganisation du système de santé publique (NHS) sous la pression du lobby médical et des libéraux démocrates, partenaires des conservateurs au gouvernement.

Le gouvernement a aussi renoncé à autoriser des détenus à purger des peines plus courtes à la suite d'un tollé médiatique.

"Cela pourrait être le début d'une assez longue série de grèves", estime Alastair Newton, analyste politique au bureau d'études Nomura. "Je crois que le gouvernement est vraiment sous pression pour qu'il reste ferme, cela se verra dans la presse."

Mais les organisations syndicales britanniques sont décrédibilisés
Ils ont en grande partie perdu leur puissance depuis les batailles remportées dans les années 1980 par le gouvernement de Margaret Thatcher contre les syndicats des mines ou du livre, épreuves qui ont transformé le monde du travail dans le pays.

Certains représentants de la droite du parti préconisent un durcissement législatif pour limiter les grèves. Les syndicats font valoir que les règles en vigueur sur ce plan sont déjà très restrictives.

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