mercredi 9 mars 2011

Solitude de la majorité face à l'opposition molle du PS au FN

B. Debré culpabilise, le PS accable la majorité et le FN prospère

"Notre hésitation idéologique fait le lit de Marine Le Pen", selon Bernard Debré

Le député UMP de Paris estime qu'il y a trop de voix discordantes dans son parti.

Un récent sondage pour Le Parisien donne pour la première fois Marine Le Pen en tête du premier tour des présidentielles de 2012 devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, à égalité, puis dans tous les cas de figure. L'inconnue ne concernerait plus que le second.

Bernard Debré, député UMP de Paris, revient sur les raisons de la montée en puissance du Front national.
Entretien du 7 mars 2011 au magazine Le Point:

Le Point.fr : Comment analysez-vous la montée en force de Marine Le Pen ?
Bernard Debré
:
Je ne suis pas surpris. D'abord parce que Marine Le Pen est beaucoup plus habile et moins provocatrice que son père. Ensuite, il y a les contextes intérieur et extérieur qui favorisent l'émergence du FN. À l'extérieur, ce sont bien sûr les "démocratisations" du Machrek et du Maghreb. Elles engendrent une peur qui est réelle. Mais regarder ces révolutions uniquement sous l'angle du flux migratoire est une erreur ! Sur le plan intérieur, il y a une crise économique et une crise identitaire. Et sur l'identité nationale, comme toujours, nous (l'UMP) n'avons pas été au bout. Personne ne peut dire aujourd'hui sur quoi ce débat a débouché. Aujourd'hui encore, on veut parler de la laïcité, mais ce débat n'aura pas lieu non plus. On nous dit aussi qu'on va parler de l'islam en France - au lieu de l'islam de France -, mais la première chose à faire, c'est d'appliquer des lois qui existent déjà, sur les prières dans la rue, l'immigration, etc. La stigmatisation permanente est insupportable, et non efficiente. En réalité, nous avons une hésitation idéologique qui fait le lit de Marine Le Pen.

Pourquoi ces débats échouent-ils toujours, selon vous ?
Parce qu'on a souvent peur de notre ombre ! Ils ne sont pas préparés, pas encadrés. Résultat, le FN s'en empare. On a fait ce qu'il y a de pire : chasser sur le terrain du FN en faisant du bruit et des sémaphores avec les bras et se retirer à toute vitesse, penauds, en disant "On n'aurait jamais dû !" Après, il y a les problèmes de sécurité, il y a une langue de bois formidable à ce propos : on nous dit "Tout va bien, la sécurité est de mieux en mieux assurée...", alors qu'il est clair que le ressenti des Français n'est pas celui-là. Les problèmes des juges d'application des peines, des peines elles-mêmes, des violeurs, de la récidive, etc. ont été un peu abordés, mais c'est tout ! Et des dizaines de lois sont restées sans décret d'application...

On reproche plutôt à Nicolas Sarkozy d'en faire trop, sur les faits divers...
Non, c'est surtout depuis qu'il y a Internet. Pour l'affaire Laëtitia, peut-être que Sarkozy en a trop fait, mais ce sont surtout les médias. Il ne faut pas tout lui mettre sur le dos, même s'il fait aussi du compassionnel. Ce que je nous reproche, c'est, à chaque fois qu'il y a un drame, d'essayer de le résoudre avec une loi, qui bien souvent n'est pas appliquée.

Le PS a-t-il donc raison, selon vous, de pointer du doigt la responsabilité de Nicolas Sarkozy dans la montée en puissance du FN ?
Mais la gauche pourrait avoir aussi un programme, une doctrine qui puisse réjouir les Français ! Elle fait un score aussi bas que l'UMP. En fait, c'est un rejet général des partis traditionnels, qui sont tous très conservateurs, très langue de bois... C'est une véritable forêt, des deux côtés !

Comment doit réagir l'UMP ?
De façon claire. D'abord, plus de cacophonie. Plus de dérapage, comme Michèle Alliot-Marie. Ce qu'elle a fait était ridicule. Plus de dérapage avec des phrases, non plus. Par exemple, sur les problèmes fiscaux : on dit "on va supprimer l'ISF", et puis "non", et puis "si", "un peu", "pas totalement", et puis "le bouclier fiscal"... Ce n'est pas bon, il y a trop de voix discordantes.

Donc l'UMP doit se ranger derrière Sarkozy ?
L'UMP doit avoir une seule voix au niveau du gouvernement. Pour l'instant, Sarkozy est président de la République, il doit impulser le tempo et la communication au niveau du gouvernement, une unité de parole. Qu'il puisse y avoir des états d'âme au niveau de l'Assemblée nationale, peut-être... Au niveau du parti, d'accord, il faut qu'on puisse écouter tout le monde. Mais point trop n'en faut ! Il ne faut pas lancer tous les jours une nouvelle réflexion sur tous les sujets qui nous tombent sur le dos. Et il faut aussi qu'à l'Assemblée nationale on commence à faire un petit peu moins de lois. Qu'on se fixe sur la dépendance, la réforme fiscale, la lutte contre le chômage, et qu'on explique bien la sortie de crise, car on ne comprend plus bien la ligne directrice du gouvernement. En tout cas, il n'y aura pas d'accord entre le FN et l'UMP. Ce serait un dévoiement de la démocratie.

Et les silences du PS profite au FN

La pétanque molle de la gauche
(et la partie d'échecs sanglants, ci-dessus)

Trop de voix discordantes dans la majorité, certes, mais aussi trop de machiavélisme parmi les schizophrènes de la gauche.
La majorité concentre toutes les attaques, de droite comme de gauche et le PS fait le jeu de Marine Le Pen, mais est-il assuré d'arriver second au 1er tour de la présidentielle et de profiter du vote de rejet de la candidate FN ?

Mais si, à force de jouer les apprentis-sorciers, les stratèges fumeux du PS faisaient éliminer la gauche au 1er tour, qui s'en plaindrait ?

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