mercredi 17 novembre 2010

Le Président Sarkozy explique la continuité gouvernementale et la suite des réformes

Le remaniement et les réformes de la fiscalité et baisse du chômage

Nicolas Sarkozy a justifié mardi le maintien à Matignon de François Fillon, "le meilleur Premier ministre pour la France", quarante-huit heures après un remaniement mal vécu par certains centristes et critiqué par la gauche.
Pour la première fois en six mois, le chef de l'Etat répondait aux questions de la presse télévisée, représentée Claire Chazal (TF1), David Pujadas (France 2) et Michel Denizot (Canal+) et a justifié sa décision de reconduire François Fillon, précisant que, "sauf imprévu", il resterait en fonction jusqu'à la présidentielle de 2012.
Au terme de nombreuses questions sur sa personne, sa gouvernance et les polémiques suscitées par les media, il a enfin indiqué qu'il prendrait la décision de se représenter, ou non, à l'Elysée "quelque part à l'automne 2011".

Hommage au gouvernement sortant

Le Premier ministre
"Si j'ai demandé à François Fillon de continuer, c'est parce que j'ai une grande confiance en lui, parce qu'il est très compétent, parce que nous travaillons ensemble sans aucun nuage depuis des années", a dit M. Sarkozy en affirmant avoir fait ce choix "avec conviction".

Alors que la crise et les réformes ont conduit le Premier ministre et le chef de l'Etat à débattre de problèmes difficiles et que la présidence du G20 par la France lui imposera un surcroît de responsabilités internationales, le président a assuré avoir discuté avec son Premier ministre pour voir comment ils pourraient "mieux se répartir les rôles" au sein de l'exécutif.

Le président a décerné trois mentions spéciales à Jean-Louis Borloo, Éric Woerth et Bernard Kouchner.
Il a ainsi salué l'action de Jean-Louis Borloo, qui a quitté le gouvernement après avoir espéré Matignon, précisant qu'il avait "réfléchi" avant de reconduire Fillon, "parce qu'il y avait d'autres possibilités". Le chef de l'État a tenu à faire savoir qu'il avait pour l'ex-ministre de l'Environnement "de l'amitié et beaucoup d'estime". Il a encore fait observer qu' "un homme comme Jean-Louis Borloo est un homme de très grande qualité ", qui "a très bien géré toutes les crises", de la tempête Xynthia à la crise des carburants. "Il a été à la hauteur de la situation et, un jour, Jean-Louis Borloo rendra d'autres services à la France", a-t-il même annoncé.

Il a aussi justifié le départ d'Eric Woerth (ministre du Travail). Après avoir rendu justice à , le chef de l'Etat a expliqué que "c'était mieux" de ne pas avoir aussi "à gérer les rendez-vous judiciaires inévitables" dans sa situation. Le chef de l'Etat a même eu beaucoup d'égards pour son ex-ministre du Travail. Son départ du gouvernement est "l'une des décisions les plus difficiles que nous ayons dû prendre avec François Fillon, parce qu'elle touchait à l'humanité de quelqu'un", a-t-il dit. "J'ai une grande confiance en Éric Woerth qui est un homme parfaitement honnête, qui a été un formidable ministre du Travail et qui a suscité mon admiration pour son courage et sa dignité lors de la réforme des retraites." Nicolas Sarkozy compte lui renouveler sa confiance "quand il sera sorti de ses ennuis".

Le président Sarkozy a félicité Bernard Kouchner, son ex-ministre des Affaires étrangères.
Symbole des symboles de l'ouverture, ce socialiste inemployé par le PS a passé la main mardi à Michèle Alliot-Marie au Quai d'Orsay. N. Sarkozy l'a particulièrement félicité pour son action dans la libération des journalistes de France 3 détenus en Afghanistan. "Je veux rendre hommage à Bernard Kouchner, dont le dernier voyage était d'aller parler avec le président Karzai (le président afghan) de cette situation".

Les effets du remaniement

Le chef de l'Etat a ensuite répondu aux
critiques de mise sur pied d'un gouvernement de combat en vue de la présidentielle de 2012
, et d'enterrement de l'ouverture. "Je reste convaincu qu'il faut s'ouvrir, ce n'est pas un gouvernement partisan, c'est un gouvernement resserré", a-t-il dit.
En réponse aux amertumes des centristes, grands perdants du resserrement, le président Sarkozy a cité la nomination d'un ancien proche de François Bayrou, le centriste Michel Mercier au poste prestigieux de Garde des Sceaux. Et sur l'ouverture à gauche, il a rappelé la présence confirmée au gouvernement d'Eric Besson, un déçu du PS aujourd'hui vice-président de l'UMP. Cet ancien membre du bureau national du PS, ex-secrétaire national chargé de l'économie, de l'emploi et des entreprises, est désormais chargé de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique dans le gouvernement Fillon III. Il a également dû rappeler à la presse partisane, comme à ses trois interlocuteurs, qu'il a lui-même nommé le socialiste Didier Migaud à la tête de la Cour des comptes (en remplacement de l'UMP Philippe Séguin) en février 2010.
Nicolas Sarkozy a également rafraîchi certaines mémoires sélectives en évoquant sa promesse tenue d'un rééquilibrage des pouvoirs. Si le socialiste Jérôme Cahuzac, bien que fort peu diplomate, a pu être élu à la présidence de la Commission des Finances (de l'économie générale et du contrôle budgétaire), c'est en effet en vertu du nouveau règlement de l'Assemblée nationale qui veut, depuis février 2010, que la présidence de la commission des finances ne puisse être désormais attribuée qu'à un député de l'opposition. Or, cette décision a été adoptée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, après la révision constitutionnelle de juillet 2008 et par un vote favorable de sa majorité présidentielle.

Autre marque de l'ouverture d'esprit du président de la République, la suppression du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale tient compte des "malentendus" suscités par le débat sur ce thème. Avec pragmatisme, il a estimé que "seul le ministre de l'Intérieur a les moyens de réguler les flux migratoires".

Nicolas Sarkozy a aussi fixé la feuille de route du Premier ministre

Le président ne craint décidément pas d'affronter l'impopularité
Comme prévu, il a fixé les grandes priorités du gouvernement jusqu'en 2012. Il a ainsi promis pour 2011 l'ouverture de nouveaux chantiers redoutables: la mise en place d'un système d'assurance-dépendance pour les personnes âgées, une réforme de la fiscalité et la baisse du chômage.

Première d'entre elles, la réforme de la dépendance, avec le lancement d'une "grande consultation" de six mois et des "décisions à l'été 2011".

En matière de fiscalité, il a répété qu'il n'y aurait pas d'augmentation des prélèvements mais s'est prononcé pour la création l'an prochain d'un "nouvel impôt sur le patrimoine", à la place du très contesté bouclier fiscal et de l'ISF dont il a implicitement confirmé les suppressions.

Il s'est en outre engagé à poursuivre sa lutte en faveur de l'emploi. "Le chômage reculera l'année prochaine" et, pour cela, il a annoncé d'une part la généralisation du contrat de transition professionnelle pour les licenciés économiques et d'autre part le "doublement" du nombre de jeunes en alternance.

Enfin, il a souhaité la présence de "citoyens" aux côtés de juges professionnels pour les décisions de mise en liberté conditionnelle.

Les réactions attendues n'ont pas manqué

Visiblement surmenée et grognon, la patronne du PS, Martine Aubry, a vu - malgré une cornée 'abîmée', il est vrai - un Nicolas Sarkozy "hésitant et déboussolé", donnant "l'impression de ne pas savoir où il va" "extrêmement éloigné des difficultés des Français".
Dominique de Villepin (UMP) a lui aussi déploré que le chef de l'Etat soit "coupé des Français", Jean-Luc Mélenchon (PDG) a raillé son "long bavardage souvent confus" et la vice-présidente du Front national Marine Le Pen a proclamé la "mort" du sarkozysme.
Virulente et intarissable, Ségol'haine Royal s'est quant à elle ridiculisée.
La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes a vu de ses yeux un «président inconscient de la gravité de la crise économique et sociale et morale que subit le pays».
Et parce qu'elle a tout vu, tout fait, mais a échoué à rassembler une majorité de Français, la candidate malheureuse est péremptoire. "Nicolas Sarkozy a aussi proposé d’augmenter le nombre de jeunes en formation par alternance, mais il n’y a plus d’entreprises qui acceptent ces jeunes», a-t-elle notamment affirmé. Elle prône la contrainte et conditionnerait donc les aides et les exonérations aux entreprises à l’emploi de jeunes par alternance.
L’ex-candidate à la présidentielle a également critiqué les mesures de lutte contre le chômage annoncées hier par le chef de l’Etat. Selon elle, «il a fait deux annonces.[...] La sécurisation des parcours professionnels, c’est déjà fait. Les régions garantissent un accompagnement intelligent des PME pour conquérir des marchés sans licencier les salariés." Elle a décidément déjà tout fait, mais l'exemple d'Heuliez (Deux-Sèvres) n'est pourtant guère fameux, car, alors que la région apporte 5 millions et la société française BGI (Baelen de Gaillard Industries) 3 millions sous forme d'emprunt, l'entreprise Heuliez est détenue à 68% par la société allemande ConEnergy (associée au groupe pharmaceutique Kohn) avec 10 millions d'euros, plus 8 millions sous la forme d'un prêt bonifié accordé par l'Etat dans le cadre de son programme d'incitation à l'industrialisation de véhicules décarbonés. Or, "ces deux repreneurs industriels ne se sont pas associés, ils ont fait une offre conjointe." Le montage financier est-il viable, entre les offres de Renault et celles de PSA Peugeot Citroën ? Pour la conquête des marchés par Mia, la voiture électrique régionale, il faudra attendre: l'objectif pour 20100 est de 4000 véhicules.

François Fillon a en revanche salué la prestation d'un président "déterminé" et "totalement concentré".

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