mercredi 3 novembre 2010

Des syndicats de nantis appellent au blocage des aéroports

Des privilègiés « en lutte » pour la défense de leurs avantages en nature
Les syndicats ne connaissent pas la Nuit du 4 août 1789

La nuit du 4 août fut une réponse à l'insurrection appelée la Grande Peur
Consécutive à la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, une vague de révoltes se développa en France, notamment dans les campagnes, où des paysans s'en prirent aux seigneurs, à leurs biens et à leurs archives. Pour calmer les insurgés et ramener le calme dans les provinces, l'Assemblée constituante vota donc l'abolition des droits seigneuriaux. Les droits féodaux furent toutefois déclarés rachetables (déjà !), ce qui, en pratique, conduisit à leur maintien jusqu'au 17 juillet 1793, quand la Convention vota leur abolition complète, sans indemnité, et la destruction des titres féodaux.

Aujourd'hui, les syndicats contribuent à la pérénisation des privilèges des seigneurs de la république
La constitution de la Ve République ne confèrent pas les pouvoirs de la Convention. Après les dockers et les pétroliers qui ont plongé les régions dans plusieurs semaines de Grande Peur faite de huit manifestations ou grèves et blocages, les syndicats de pilotes s'apprêtaient à prendre le relais.
=> Un pilote peut débuter à 3 000 € bruts par mois dans une grande compagnie comme Air France et évoluer jusqu’à 13 720 € en fin de carrière.

Les syndicats défendent les privilèges et les privilégiés

Les prises d'otages tiennent à bien peu de chose

Pour protester contre la fiscalisation de certains avantages acquis, trois syndicats de pilotes de ligne, d'hôtesses et de stewards ont lancé un préavis de grève de quatre jours, du vendredi 5 au lundi 8 novembre.
Le SNPL France Alpha, premier syndicat des pilotes de ligne français, et le SNPNC, premier syndicat des hôtesses et stewards français (25% du personnel navigant commercial d'Air France) s'honoraient samedi 30 octobre d'un appel à ce mouvement. Ils ont été rejoints lundi par l'UNAC.
Ces trois syndicats de nantis s'élèvent contre le vote par l'Assemblée nationale d'un amendement à l'article 16 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2011, prévoyant que "toute somme ou avantage alloué à un salarié, à raison de son activité professionnelle, par une personne qui n'est pas son employeur, est considéré comme une rémunération". Il s'agit donc de préserver le déjà faible pouvoir d'achat des pilotes, hôtesses et de stewards.

Quels sont ces avantages acquis en question ?

=> Ils concernent par exemple les ...chèques cadeaux (ou autres cadeaux) attribués par un entreprise à un salarié d’une autre, c’est à dire au final les « incentives » de ventes ! Ainsi, un(e) vendeur(euse) en parfumerie (Sephora, Marionnaud…) peut toucher des « cadeaux » de l’Oréal (ou autre) si il/elle pousse bien à la vente de produits de la marque. Or, L’Oréal n’est pas son employeur et c’est pour les URSSAF une rémunération déguisée, donc fiscalisable. Ce type de moralisation est interdite au gouvernement et peut provoquer la prise en otage de l'économie française.

=> Ce sont aussi et surtout les billets GP (pour « gratuité partielle »), principal avantage à bosser pour une compagnie aérienne, valabless en métropole, dans les DOM, à l’étranger et notamment en famille.
Et le Billet Partenaire, c'est quoi, encore ? C'est un 'acquis' dont se prévaut la CFDT. En effet, le billet Compagnon a été accordé aux ...célibataires dans les années 90, puis étendu en 2005 sous l’appellation « Partenaire », à tous les personnels, mariés ou non, et à leurs proches, à la suite d'une action 'sociale'... Or, le Code de Sécurité Sociale ne reconnaît que l’ouvrant droit et ses bénéficiaires directs (conjoint et enfants). Historiquement, Air France étend toutefois ces droits aux retraités (malgré la coupure du contrat de travail au départ en retraite, de plus en plus tard !) et aussi aux ayants droit non à charge (avec des critères précis et une limitation du nombre de billets annuels).

Parlez-nous donc des déficits d'Air France et de la Sécurité Sociale
, dont les syndicats schizophrènes empêchent la résorption, tout en critiquant les efforts du gouvernement pour moraliser les avantages acquis pourtant inégalitaires.
Les syndicats appellent néanmoins à la grève pour lutter contre l'égalité entre les citoyens.
En 2003, SUD Aérien a réclamé la possibilité d’obtenir le remboursement des billets GP périmés.

=> Ce sont encore les billets ZED qui n’entreraient pas non plus dans le cadre de l'amendement à la loi incriminée, car hors cadre d’une activité commerciale. Les billets ZED (zone employee discount) sont pourtant des billets à tarifs préférentiels sur d'autres compagnies.

Ils veulent continuer à faire crasher cracher leurs passagers

Les sommes ou avantages, comme par exemple un billet d'avion à tarif réduit - attribué par une autre compagnie aérienne que son employeur à un pilote ou à un mécanicien sol seront soumis à charges sociales et fiscales pour les salariés comme pour les entreprises, s'est plaint Yves Deshayes, membre du bureau exécutif du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL France Alpa).
Pour l'UNAC (Union des navigants de l'aviation civile, "un amendement de cet article est indispensable".
Ces tarifs réduits sont des facilités de transports, avec un impact direct sur les tarifs préférentiels accordés aux salariés et à ses retraités ou à un membre de la famille. Ces « droits acquis » seraient restreints aux vols de leur compagnie d’appartenance. Rendez-vous compte !
Pour les aristos des compagnies aériennes, il n'est pas question de se déplacer par le chemin de fer et de se mélanger au peuple. A la CFE-CGC, on revendique: « Nous sommes des salariés, pas des clients ! » (Décembre 2009)
Outre la promiscuité, il y va des fins de mois difficiles des pilotes, hôtesses et de stewards et de tout leur entourage.

Le rôle des syndicats: pressurer les citoyens ?

Et faire pression sur les élus du peuple
Le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC/FO) ne craint pas d'assurer de son côté qu'une telle mesure adoptée sur un amendement du député (UMP) Yves Bur, aurait de "graves conséquences financières et sociales pour les personnels sol et vol".

Leur situation est précaire entre toutes
"Beaucoup d'hôtesses et de stewards vivent en province et travaillent à Paris. C'est le cas de 30 à 40 % des personnels d'Air France par exemple. Ils utilisent donc trois à quatre billets par mois à tarif réduit pour rentrer chez eux. S'ils doivent intégrer dans leurs revenus ces avantages cela diminuera fortement leur pouvoir d'achat", a indiqué Fatiha Aggoune-Schneider, présidente du SNPNC: FO est aussi partisane de la grève reconductible.
M. Bur a déclaré qu'il "n'est plus possible que ce texte soit amendé avant son adoption par le Sénat", laissant ainsi entendre que la Haute Assemblée pourrait apporter des modifications, comme elle en a le droit. Pour lui les syndicats font "une interprétation excessive du texte, qui s'applique au-delà d'un seuil de 200 euros et qui ne vise pas les usages entre compagnies aériennes", un seuil que ne mentionne pas les syndicats.

La Grande Peur républicaine

Le mercredi 3 novembre, la CGT Air France a assumé d'annoncer que les pilotes des compagnies françaises ont levé leur préavis de grève du 5 au 8 novembre .
Celui-ci courait du vendredi 5 au lundi 8 novembre en réaction à un projet Premier syndicat de pilotes, le SNPL estime avoir obtenu satisfaction - à travers un amendement du Sénat - contre l'assujettissement aux cotisations sociales de certains avantages acquis. En revanche, les syndicats des stewards et hôtesses attendent l'assurance que l'amendement sera bel et bien voté par le Sénat.

La CGT défend les privilèges
Le syndicat explique froidement que "le gouvernement a demandé au rapporteur du projet de loi de financement de la sécurité sociale au Sénat de déposer aujourd'hui un amendement" qui "préservera nos GP et autres tarifs préférentiels". Rappelons que dans le cadre de la réforme du financement de la sécurité sociale les syndicats avaient rejeté en bloc l'idée "de taxer comme du salaire tout avantage alloué aux salariés".

Le chantage continue
L'UGICT-CGT-PNC appelle toutefois les PNC (Personnel Navigant Commercial) à rester mobilisés pour les retraites, le 4 novembre (manifestation à 10h au terminal F) et le 6 novembre (grève, et manifestation dans les grandes villes de province.

Aux honorables professions, les honorables méthodes syndicales
En février dernier, des syndicats minoritaires, dont l'UNPL, avaient choisi les vacances de février pour faire entendre leur complainte. La grande précarité de leur situation l'exigeait. La très respectable SNPL, syndicat majoritaire, avait alors préféré faire chanter le gouvernement. Il ne s'était pas joint au mouvement, estimant qu'il était « prématuré »... Les élus n'ont pas tardé pour attendre.

Une grève peut en cacher une autre

La journée pourrait être difficile demain jeudi dans les aéroports français en raison d'une ...journée d'action contre la réforme des retraites lancée par quatre fédérations des transports (CGT, CFDT, FO, CFTC). Si Air France estime pouvoir assurer tous ses vols, des retards risquent d'être enregistrés.

Le ciel de la démocratie ne s'est pas éclairci
Il ne manquerait plus que les contrôleurs du ciel, ces damnés de la terre ?

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