dimanche 15 août 2010

Les Roms brouillent la ligne de partage gauche-droite

Des élus de gauche comme de droite prônent la fermeté

Suite aux tirs sur les forces de l'ordre et à plusieurs jours de troubles à Grenoble du fait de la mort d'un braqueur issu de la communauté des gens du voyage, le gouvernement a décidé d'évacuer 300 camps de Roms en situation illégale.
Lire PaSiDupes sur le contrôle des camps illégaux


Vendredi 13 août à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), la préfecture a annoncé l'expulsion d'un camp de gens du voyage.

Le samedi 14 août au matin à Montreuil (Seine-Saint-Denis), une expulsion de Roms également en situation irrégulière a eu lieu dans la banlieue parisienne. L'une et l'autre ont suscité des réactions tantôt politiciennes, tantôt réalistes, qui ont en commun une transversalité nouvelle.
Ce phénomène de transgression des lignes politiques semble avoir échappé à la presse coincée dans ses schémas éditoriaux.

Un UMP se range aux côtés des Roms

C'est Libération qui s'empare de l'information

Et c'est aussi un villepiniste qui retient l'attention bienveillante de ce quotidien d'opposition. Jean-Pierre Grand, député UMP, proteste en effet contre l'expulsion des squatters de Montreuil, le samedi 14.

L'élu de l'Hérault ne s'était pas ému jusqu'ici du sort des clandestins soutenus par la gauche aux côtés de DAL ou RESF. Mais depuis que le dimanche 20 mai l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin a lancé son mouvement "République solidaire" Grand estime que "cette politique de démembrement des camps illégaux tournait à l'ignoble". Soutenant une situation illégale, le député, matinal, s'est interrogé: "Peut-on être un député de la République et laisser faire cela sans réagir quand on découvre que les forces de l'ordre, intervenant très tôt le matin, trient les familles, les hommes d'un côté, les femmes et enfants de l'autre, avec menace de séparer les mères et les enfants?".

Dans son élan, J.-P. Grand a appelé à la démission du préfet
, assurant que "tous les Républicains ne pourront que condamner ces méthodes qui rappellent les rafles pendant la guerre". Une façon de stigmatiser ceux qui désapprouvent le député 'République solidaire': selon lui, ce ne sont plus des républicains !

70 Roms, dont une vingtaine d'enfants, occupaient pourtant illégalement un bâtiment dans le quartier du Haut Montreuil depuis deux jours. Seize d'entre eux ont été interpellés et amenés au commissariat de Montreuil. Avant leur remise en liberté dans l'après-midi, avec obligation pour la plupart de quitter le territoire, plusieurs enfants regroupés avec leurs mères près du commissariat avaient demandé: "libérez nos papas !", note le compassionnel Libération.
Il se trouve en outre que M. Grand avait justement adressé début août un courrier à Nicolas Sarkozy. Il l'invitait "à revoir sa politique" en matière d'accueil des gens du voyage afin de répondre aux besoins des familles se déplaçant groupées. Or, c'est précisément quelques jours plus tard que le groupe de Roms ouvrait ce squat. Et le député pu donc s'emparer d'une situation parisienne pourtant bien éloignée de l'Hérault. "Cela ne règle pas le problème car ces familles, après quelques jours d'errance, se regroupent à nouveau", a-t-il ajouté.

Des élus de gauche se rangent aux côtés du gouvernement

Et c'est cette fois Le Figaro qui s'empare de l'information...
Le quotidien de droite compense l'omission de Libération.

Malgré l'indignation du PS (lire PaSiDupes), des maires socialistes demandent en effet l'expulsion de camps illégaux de gens du voyage.
Certains maires de gauche se retrouvent coincés entre leur attachement aux consignes de leur parti et le pragmatisme de terrain qu'ils revendiquent.

=> A Anglet
(Pyrénées-Atlantiques), l'intervention de la police a été décidée après une requête du maire PS de la ville, Jean Espilondo, devant la justice. «Il a tout fait pour qu'ils partent d'eux-mêmes. Il les a appelés, il les a reçus dans son bureau, mais rien n'y a fait», déplore-t-on à la municipalité d'Anglet. Des élus municipaux précisent que les gens du voyage occupaient illégalement un terrain, alors que la ville tient à leur disposition une «aire de grand passage», obligation légale pour les villes de plus de 5000 habitants. «Il n'y a aucun discours de stigmatisation, juste une volonté de faire respecter la loi», explique Jean Espilondo. Il s'agit donc d'un problème local comme il en existe tant d'autres. Mais cette affirmation que la gauche accepte d'un des siens, elle la refuse d'un autre.
La polémique nationale sur la décision gouvernementale de réduction du nombre des camps illégaux de Roms apparaît très artificielle, comme l'indique la municipalité d'Anglet. «Les collectivités locales n'ont pas attendu que Nicolas Sarkozy s'empare de cette question pour tenter d'y répondre», fait en effet valoir un proche du maire d'Anglet, contredisant ainsi la campagne du PS, qui a dénoncé vendredi l'«agitation frénétique» du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. «Il vient de faire un premier bilan des camps de Roms évacués (…) En quoi ces actions règlent-elles le problème? La constatation de l'illégalité de ces occupations était souvent très ancienne, mais les préfectures, lucides sur la stérilité de l'action, avaient différé l'exécution», déplore le PS. Des propos que Jean-Pierre Grand (villepiniste) ne renierait pas.

À gauche, certains approuvent ostensiblement la décision du chef de l'État.

Ainsi, le maire PRG (Radicaux de gauche) de Carrières-sous-Poissy (Yvelines), Eddie Aït, a-t-il écrit cette semaine à Nicolas Sarkozy pour lui demander d'évacuer les camps de Roms installés dans son département. « En tant qu'élu de gauche, et dans un souci de salubrité et de sécurité publique, je demande leur évacuation et leur expulsion dans les meilleurs délais», explique Eddie Aït. Encore un élu anti-républicain réclamant une politique « ignoble ».

Libération ne fait pas état du malaise au PS

Le PS assume sa politique d'entrave du gouvernement
Rue de Solferino, on est conscient des problèmes de sécurité que peuvent poser les camps de Roms. Un membre de la direction, maire d'une ville confrontée à ces questions, le reconnaît: «On sait bien que lorsque l'un de ces camps s'installe, la courbe des cambriolages augmente
Mais il est hors de question d'emboîter le pas du chef de l'État, dont les socialistes ­dénoncent devant l'opinion «l'approche communautariste qui stigmatise injustement et indistinctement des Français, des étrangers, une écrasante majorité de citoyens et de résidents sans histoire, un mode de vie qu'il convient de respecter».

Les élus de gauche s'emploient sur le terrain à contrecarrer la politique de contrôle des Roms illégaux.

Ainsi, la communauté urbaine de Lille, que préside Mar­tine Aubry, n'est pas seulement attentive à plaire aux musulmans. Elle s'est aussi engagée à parquer quelque 200 Roms dans des « villages d'insertion ». Or, ils ne sont aujourd'hui qu'à moitié occupés. Le premier secrétaire du PS a-t-elle vu en grand et sacrifié une centaine de logements sociaux non communautaristes ?

=> À Montreuil, dans la paisible Seine-Saint-Denis, la municipalité dirigée par Dominique Voynet (Verts) a elle aussi mis en place un programme d'insertion des Roms qui coûte presque un million d'euros par an à la ville. C'est un choix qui fait grincer les familles de mal logés en attente depuis de longues semaines. «Cette politique n'est pas toujours facile à expliquer et le discours tenu au sommet de l'État ces derniers jours la met clairement en danger », dénonce-t-elle pour les caméras. Mais, parallèlement, Dominique Voynet a expulsé à la fin juillet des familles de Roms qui occupaient illégalement un terrain, précise Le Figaro.
Lire PaSiDupes sur le choix municipal des Roms

La liberté de la presse n'apporte aucune garantie d'indépendance idéologique.

Le pluralisme, en revanche, assure une information complète. Mais c'est au public de faire le travail des journalistes, tous professionnels et « décrypteurs » qu'ils prétendent être. La lecture de la presse relève du puzzle: les journaux font du tri sélectif des diverses prises de position. Leur récupération est tellement grossière qu'elle est plus que jamais nauséabonde et malsaine.

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