vendredi 9 juillet 2010

Financement du PS par les militants (85-89) ? Affaire Urba -3/4

Financement du PS - Affaire Urba -partie 3/4

8 octobre 1987
. Naissance officielle de la fameuse société tampon.
Son nom: Multiservices. Adresse: 8, rue de Liège, Paris-VIII°. Son objet: «Payer un tas de petites choses hétéroclytes [sic]». Delcroix précise que les ressources de Multiservices proviennent soit de contrats spécifiques, soit de contrats passés par des sous-traitants d'Urba-Gracco. L'activité de Multiservices commencera officiellement le 1er décembre 1987 et se terminera en septembre 1989. Chiffre d'affaires prévu: 10-12 millions de francs.
12 octobre 1987. «Situation financière: pas mal», écrit Delcroix. A preuve, dit-il en substance, un découvert à la BCCM de 606000 francs, alors qu'elle autorise 2,8 millions. Idem à la Bred, avec 864 000 francs, pour 1,1 million autorisé. Suit une liste d'élus rencontrés par GM: Auroux (Roanne). Commentaire: bonne rencontre.» Et de ceux qu'il ira voir: les députés Pierre Forgues, maire adjoint de Tarbes; Roger Mas, de Charleville, Laurent Cathala, maire de Créteil.

26 octobre 1987. Comité de coordination. Toujours les mêmes présents: Monate, Claustres, Blardone, et, bien sûr, Delcroix. Ordre du jour: «Les entreprises auprès desquelles on pourrait soutirer de l'argent». Leurs noms: Bouygues, Compagnie générale des eaux, Société auxiliaire d'entreprises, Lyonnaise des eaux, Spie-Batignolles. Liste agrémentée des noms des contacts, avec numéros de téléphone. Ce sont généralement les présidents des groupes.

Pour mémoire, on rappelle la liste des généreux donateurs en 1981:
Casino (1 150 000 francs),
Quillery (270 000),
Auchan (100 000),
Campenon-Bernard (350 000),
Compagnie générale des eaux (400 000),
Pernod (180 000).
En tout: 4 363 000 francs, récoltés auprès de 23 entreprises.

2 novembre 1987. Comité de coordination. Sur la sellette, à nouveau, les sociétés qui font de la concurrence à Urba-Gracco. Commentaire de Delcroix: «La commission de contrôle semblerait décidée à faire quelque chose.» Suivent alors des indications qui montrent que certains députés n'ont visiblement pas recours à Urba-Gracco: «Serco, Coffineau, Sages,... Rocard? Pezet (Irec), Copaps (Marius Bouchon), Sainte-Marie, Pierret, Association mosellane.» Nota bene: Michel Coffineau est député du Val-d'Oise, Christian Pierret, des Vosges, et Michel Sainte-Marie, de la Gironde.

14 décembre 1987. Comité de coordination à l'hôtel Arcade, à Paris. «Situation financière reste bonne. GM (Gérard Monate] va voir demain Laignel. Avant congés, va voir Elysée au sujet financement partis.» Rien de surprenant: l'affaire Luchaire - trafic d'armes vers l'Iran - relance le débat. Et le gouvernement Chirac, à la demande du président de la République, prépare une loi sur le financement des partis... assortie d'une amnistie.

11 janvier 1988. Réunion des délégués régionaux d'Urba-Gracco. Nous sommes à quatre mois de l'élection présidentielle. Tout baigne! A preuve, cette annotation de Delcroix: «Trésorerie. Les mecs, on est positifs à la BCCM. Du jamais-vu!» Delcroix note une réunion des trésoriers généraux du parti, prévue pour le 30 janvier. GM ira.

18 mars 1988. Comité de coordination. Exposé de Monate: renforcement du personnel de la Rue de Solferino: 11 personnes. Multiservices va fermer. Argent campagne présidentielle: «9 U [millions] payés sur 25 prévus.»

2 décembre 1988. Réunion à l'hôtel Ibis. On fait le bilan des fonds de la campagne présidentielle: «24 694 653 faits. 21 300 000 payés. Environ 3 000 000 à payer.» Mais, déjà, il faut penser à l'avenir. En clair: «Les municipales de 1989 nous coûteront cher. Et les européennes nous attireront des demandes du parti.»
Enfin, le temps des récompenses
: une augmentation de 3% est décidée pour tout le personnel d'Urba-Gracco à compter du 1er janvier 1989.

1 commentaire:

  1. Votre blog est une vraie mine d’infos, je suis un lecteur assidu et je vous souhaite bonne continuation.

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