jeudi 28 janvier 2010

Un républicain dans le fauteuil d'un démocrate, Ted Kennedy, après quelque 50 années

Scott Brown élu sénateur du Massachusetts

Fin d'un long cycle démocrate de plus de 50 ans

Le candidat républicain Scott Brown a remporté mardi l'élection sénatoriale partielle du Massachusetts, organisée pour pourvoir le siège laissé vacant par Ted Kennedy dans ce bastion démocrate traditionnel tenu par la dynastie Kennedy, les frères John Fitzgerald et Edward (Ted). Sans compter Michael Dukakis, ancien gouverneur et candidat démocrate à la présidence en 1988 et John Kerry, sénateur et candidat démocrate à la présidence en 2004.
Les chiffres
Après décompte de 97% des votes, M. Brown recueillait 52% des suffrages, contre 47% à la candidate démocrate Martha Coakley. Celle-ci a appelé son adversaire pour reconnaître sa défaite. Le président Obama a eu les deux candidats au téléphone. "On ne peut pas toujours gagner", aurait-il dit à Mme Coakley selon le témoignage de cette dernière.

Le Parti démocrate perd la majorité au Sénat
Non seulement Scott Brown apporte un 41e siège, mais le parti républicain prend la majorité.
Avec 59 voix sur 100 au lieu de 60, les Démocrates ne disposent plus de la majorité qualifiée qui assurait leur domination. Une bonne excuse pour considérer que ce scrutin met en danger la réforme du système de santé voulue par le président Barack Obama, mais qui crée des tensions dans les deux partis. Va-t-il expérimenter au Sénat la tactique d'obstruction que pratique le PS au Parlement ? Ces procédés ne sont pas vraiment dans les manières républicaines. A preuve, la participation des Républicains à la commission sur les déficits américains qu'Obama propose le mercredi 27 janvier 2010, alors que dans le même temps le PS boycotte la conférence sur le sujet qui s'ouvre précisément.

Une nouvelle ère commence

Scott Brown inflige un sévère camouflet au parti démocrate
Dans le Massachussets, archétype à la fois libéralisme et du puritanisme, dont la capitale et la métropole de l’État est Boston, les démocrates, dont l'âne est l'emblème (photo ci-contre), détenaient ce siège depuis plusieurs générations.
Ted Kennedy, décédé en août 2009 à l'âge de 77 ans, avait remporté le siège pour la première fois en 1962, et ne l'avait jamais lâché. Lors de l'élection présidentielle, M. Obama avait remporté l'Etat avec 26 points d'avance sur M. McCain.
Cette défaite est de mauvais augure dans l'optique des élections de mi-mandat en novembre, où de nombreux parlementaires, gouverneurs et autres officiels remettront en jeu leur mandat.

La défaite éclabousse également le président Obama
Le président s'était déplacé inopinément, pour soutenir Mme Coakley, en créant l'événement. Selon les observateurs, l'électrochoc n'a pas produit l'effet Obama escompté et l'électorat du Massachusetts a peut-être vécu comme intempestive cette immixtion d'un président dans la campagne. Il aura voulu, dans le meilleur des cas, rendre hommage au dernier des frères Kennedy qui l'aura beaucoup aidé, mais c'est en vain qu'il a tenté de sauver sa majorité.

Les électeurs ont en tout état de cause saisi l'occasion pour donner à ce scrutin une résonance nationale et exprimer son mécontentement sur la politique de B. H. Obama, qui a fêté le 20 janvier le premier anniversaire de son accession à la Maison Blanche.
Cette hypothèse semble confirmée par le taux relativement élevé de participation. Peu avant la fermeture des bureaux de vote, le Secrétaire d'Etat du Massachusetts, William Galvin, estimait qu'entre 1,6 et 2,2 millions d'électeurs s'étaient déplacés pour voter, soit de 40 à 50% de l'électorat.
Lors des primaires organisées en décembre pour désigner les candidats de chaque camp, la participation avait été de 20% seulement.

La polémique a jailli de la défaite au sein du parti démocrate...

Nous connaissons !
Dans le camp démocrate, des voix se sont élevées avant même que les résultats soient connus pour accabler la candidate, dénonçant la désinvolture avec laquelle Mme Coakley a fait campagne depuis sa victoire aux primaires en décembre.
La discrétion de la candidate sur le terrain et dans les media semblait indiquer qu'elle pensait la partie gagnée d'avance.
Pendant ce temps, le séduisant et séduisant quinqua, S. Brown, parlementaire local donné vaincu, a été reconnu comme l'un des siens par l'Américain moyen, et a fait une campagne énergique.

La défiance à Obama
Dans l'entourage de Mme Coakley, on a commencé à fournir des explications sur la défaite depuis quelques jours déjà. La candidate démocrate paierait le climat de défiance vis-à-vis du président Obama. Une partie des électeurs qui se sont prononcés pour lui en 2008 voudraient ainsi lui rappeler ses promesses d'améliorer leur quotidien.
Pour Jon Cowan, qui dirige le think tank Third Way, de sympathie démocrate, une partie de l'électorat de M. Obama lui a en effet fait crédit en 2008 et demande encore à être convaincu.
Leur message mardi: "Il faut écouter nos inquiétudes et s'appliquer à résoudre nos problèmes pour disposer de notre soutien à long terme", estime M. Cowan.
"Je n'ai pas l'intention de tenter d'embellir ce qui s'est passé dans le Massachusetts", a réagi le sénateur démocrate du New Jersey, Robert Menendez, qui dirige le comité de campagne des sénateurs démocrates.
"Il y a une grosse inquiétude dans le pays à l'heure actuelle.


"Les Américains sont impatients, et cela se comprend", dit-il. Outre la question de la réforme du système de santé, les effets de la crise économique, la montée du chômage ou les questions de sécurité sont évoquées.

S. Brown terminera le mandat de T. Kennedy et se soumettra donc à la réélection en 2012. Il a tous les atouts:

Non, rien à voir avec le chouchou d'Aubry
C'est Scott Brown, étudiant dans le besoin !

Et Mme Coakley sait ce qu'il lui reste à faire.

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