lundi 6 juillet 2009

Hénin-Beaumont : un front gagne d’une tête sur l’autre

La gauche a eu besoin de la droite pour dominer l’extrême droite

Le Front National, seul contre tous

Sans l’UMP, la gauche désunie, qui a souffert des pertes irremplaçables, n’aurait pas conservé la commune sinistrée.

  • "Je suis assez content que les valeurs de la République et de la démocratie aient triomphé à Hénin-Beaumont. Chacun a pris ses responsabilités, la majorité, l'opposition, ont pris leurs responsabilités, et l'UMP en particulier puisqu'elle a appelé à voter pour le candidat de gauche", a souligné Henri Guaino.
  • Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, se félicite de la stratégie mise en place au second tour et remercie les électeurs de l'UMP d'avoir fait front face au Front national.

    Le taux de participation était de 62,38% avec 12.059 votants, le 5 juillet 2009.

  • En mars 2008, Duquenne avait obtenu 18,64% des suffrages arrivant troisième au premier tour des municipales.
  • Au deuxième tour, le 5 juillet 2009, avec 52,38 % des suffrages contre 47,62 % au FN, l’Alliance républicaine menée par la gauche et soutenue par l’UMP a remporté une victoire à la Pyrrhus.
    La faillite de la précédente municipalité socialiste et l’alliance de la carpe et du lapin rendent modeste Daniel Duquenne, qui fut candidat divers gauche, face au second, Steeve Briois (FN), qui, entre le 1er et le 2e tours, gagne d’ailleurs quelque 1000 voix sur les " ripoux-blicains ", selon l'expression favorite de Steeve Briois, tête de liste du parti d'extrême droite.
  • "Lorsqu'on rate une élection à 265 voix, on se dit que la prochaine fois sera la bonne", a observé la vice-présidente du FN.
  • " Un palier supplémentaire " vers les élections régionales de 2010, assure S. Briois.

    Située dans la région socialiste du Nord-Pas-de-Calais, Hénin-Beaumont se trouve dans le Pas-de-Calais, aux mains du PS, comme le Nord, à 30 kilomètres de Lille, dont le maire n’est autre que le premier secrétaire du PS, Martine Aubry.

    La déception est d'autant plus grande dans les rangs de l'extrême droite que leur liste obtenait 39,34 % des voix lors du premier tour contre 20,19 % pour Daniel Duquenne. Le nouveau maire de Hénin-Beaumont a profité du soutien des appareils politiques, du PCF à l'UMP.

    Dès 16 heures le dimanche 5 juillet, Steeve Briois et Marine Le Pen (respectivement premier et deuxième de la liste), savaient, en quittant leur permanence pour aller voter, qu'ils avaient perdu dans un combat à la déloyale. La gauche, qui n’a de cesse de dénoncer jusqu’à la moindre des mesures prises par le gouvernement, n’a pas craché sur les voix de la droite républicaine.
    Le FN ne pourra pas relever le défi d’assainir les finances de cette ville de 26.000 habitants, qu'il convoite depuis 2002.

    La gauche a-t-elle fait peur aux électeurs ?

    Marine Le Pen s’indigne : "Daniel Duquenne est malhonnête depuis trois jours. Il joue sur la peur en disant aux Héninois que le fait qu'il soit de gauche l'aidera à obtenir des subventions."
    => Le FN a donc décidé de contester lundi devant le tribunal administratif le résultat de l'élection municipale partielle, évoquant un "chantage".

    FN : « une défaite qui a un petit goût de victoire »

    "On se dit que la prochaine fois sera la bonne. Nous étions seuls contre tous donc (...) dans ces circonstances, (notre score) est plutôt encourageant. Il nous a manqué 265 voix : c'est rageant de rater de si peu ! C'est une défaite honorable", a réagi la vice-présidente du FN lundi matin sur RTL.
    Si la vice-présidente du FN a obtenu un score important - près de 20 points de plus qu'aux précédentes municipales de 2008 - elle enregistre une déception relative dans sa stratégie de relance d'un parti très affaibli depuis la présidentielle de 2007, mais dont les chances de prise de la direction pourrait être renforcées par cette expérience.
    L’ « establishment » a fait barrage
    "Le FN est le seul parti antisystème donc il est normal que le système se ligue contre lui", a commenté Marine Le Pen. Mais son score à Hénin-Beaumont signifie un retour du parti sur la scène politique. "Si de nombreux hommes politiques ont cru bon de donner des consignes de vote c'est qu'ils ont peur que le FN reprenne une place dans le paysage politique", poursuit-elle.
    Prochain défi
    "Un jour viendra et les choses changeront. (...) C'est la démocratie, on se bat et un jour on gagne. On verra aux régionales !"

    Duquenne part avec un lourd handicap

    Daniel Duquenne peut-il faire mieux que Gérard Dalongeville ?
    En effet, la situation politique et financière est pourrie à Hénin-Beaumont.
    -> Le clivage de la population en deux camps pratiquement égaux rend la réconciliation délicate. Les campagnes municipales successives à couteaux tirés ont en effet profondément marqué la population qui devra pourtant faire face au redressement des finances. -> Sa marge de manoeuvre va être réduite par l'endettement de la ville, les observations de la Chambre Régionale des Comptes et sa promesse de ne pas augmenter des impôts déjà élevés. "Nous relèverons le défi et nous tiendrons nos engagements", a pourtant assuré Daniel Duquenne.

    Le redressement financier de la commune endettée à plus de 85% sera donc long et les électeurs auront du temps pour remercier la précédente municipalité socialiste et se méfier de la suivante.
    L'ancien maire socialiste Gérard Dalongeville paie certes sa dette à la population en prison depuis ce matin d'avril où il a été mis en examen pour détournement de fonds publics, faux en écriture et favoritisme. C’est tout ?
    La Cour des Comptes reste également en état d’alerte maximale.

    Par chance, la commune sera sous tutelle
  • Tutelle de la chambre régionale des comptes
  • Et tutelles régionale et nationale du PS.
    Duquenne, ex-directeur général des services de Gérard Dalongeville, est placé sous haute surveillance.
    Outre celle de l'opposition Front national, qui a convaincu près d'un électeur sur deux dans cette ancienne cité minière frappée par le chômage.

    Mais le Conseil vivra sous la menace du tribunal

    Le FN rêve aussi d'un troisième tour devant le tribunal administratif de Lille, saisi lundi, en raison de ce que Steeve Briois et Marine Le Pen appellent "un chantage électoral aux subventions". " Les méthodes malhonnêtes de M. Duquenne seront traduites dès demain devant le tribunal administratif puisque nous contestons cette élection! ", avait-il annoncé dès le début de sa déclaration à la presse. Il dénonce un tract dans lequel Daniel Duquenne aurait prédit la fin des subventions des collectivités territoriales en cas de victoire frontiste.
    Le ton est donné avant le premier conseil municipal qui élira dimanche le maire, les 27 élus de l'Alliance Républicaine y croiseront désormais 8 élus FN qui double son score : ils n'étaient que quatre dans le précédent conseil.

    Pourvu que demain soit meilleur
    "Je serai le maire de tous, je tiendrai tous mes engagements et en rendrai compte régulièrement à la population".
    Le premier secrétaire du PS Martine Aubry a portant souligné "l'exaspération et la colère qui se sont exprimées lors de cette élection". Condamnait-elle enfin Gérard Dalongeville ? Consciente du défi, elle a lancé un appel : "Nous devons tout faire pour réunir à nouveau les forces de progrès et accompagner une politique qui redonnera sa fierté à Hénin-Beaumont".
    « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus » reconnaissait Pyrrhus 1er d’Epire. Ce que pense la Ch’tite Aubry aux Régionales 2010. Avec ses seuls moyens…

    L’équipe municipale devrait être plurielle…
  • Hervé Morin, président du Nouveau centre, a estimé que "cette défaite de Marine Le Pen est une victoire des Républicains". "Avec Marine Le Pen, Le FN veut se donner un visage plus moderne et plus jeune", note-t-il dans un communiqué. "Ne nous y trompons pas, le FN reste le parti du populisme, de la démagogie et de la xénophobie".
  • De même que le 7 juin dernier Le Pen a été élu en région Sud-Est grâce au refus du NPA de s'unir avec le front de gauche, de même le NPA de Hénin Beaumont a refusé son soutien au front …républicain.
  • Combien de sièges pour la droite républicaine ?

    Annonce des résultats: des affrontements de mauvais augure
  • Tout comme des électeurs et des journalistes, Daniel Duquenne, qui sortait saluer des partisans devant la salle des fêtes de la ville, a été légèrement incommodé par du gaz lacrymogène lâché par des individus masqués. Le PS a aussitôt assuré que les agresseurs, bien que cagoulés, sont des militants frontistes…
  • Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a jugé "totalement inadmissible qu'un élu ait été lâchement agressé, au mépris des valeurs de notre République". Dans un communiqué, il précise avoir "demandé aux services de police de retrouver au plus vite le ou les auteurs de cette agression, afin de les interpeller et les déférer à la justice".
  • "Demain commence aujourd'hui", lança malencontreusement le vainqueur à l'annonce des résultats officiels.
    Des policiers ont en effet été déployés devant le siège du FN pour prévenir un risque d'affrontement entre le service d'ordre du parti et des jeunes rassemblés une centaine de mètres plus loin. Cagoulés, ou non ? Les frontistes menacent-ils leur propre siège ?

    Décidement, ça promet !
    Bon courage aux Héninois et Héninoises...
  • 1 commentaire:

    1. Je regrette quand même que l'UMP donne pour consigne de voter pour les gauchistes de tout poil qui constituaient la liste Duquesne. Je ne vois personnellement pas de différence, dans le domaine de la démocratie, entre eux et le F.N.
      l'UMP aurait pu s'abtenir de donner une telle consigne et laisser ses électeurs libres. Pour ma part, j'aurais voté blanc.

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