dimanche 1 mars 2009

Procès Colonna : un avocat voyou bafoue la justice

L’Ordre des Avocats se saisira-t-il de ces insultes ?

Yvan Colonna, jugé en appel à Paris pour l'assassinat du préfet Erignac, a participé au chaos dans tribunal.

Membre du commando, arrêté en 1999 et condamné pour l'assassinat du préfet de Corse, le 6 février 1998, l’innocent " jeune berger", porta en effet de graves accusations contre le président de la Cour d'Assises spéciale à la suite d'un incident entre ce magistrat et la défense.

Premier acte

Tout commença quand un des témoins-clé du procès, l'enquêteur Georges Lebous, se fit excuser, pour "état dépressif", un certificat médical faisant foi. Or, daté du 4 février et envoyé le 9 février, la défense ne fut informée de son existence que le 27, soit cinq jours avant le début de l'audience.

Mais Georges Lebbos, un "enquêteur-témoin-acteur essentiel" et dont "l'éthique professionnelle" est fortement contestée –comme le reste– par la défense, assura une partie des gardes à vue du commando, devrait être entendu … le 13 mars !
Les avocats se saisirent aussitôt de cette défaillance et s’en prirent directement au président de la Cour, qui suspendit les débats.
3 heures plus tard, à la reprise de l’audience, la défense persista dans la destabilisation du procès et se fut le tour d’Yvan Colonna d’agresser le président:
"
Vous n'êtes pas impartial, vous êtes en mission", rapporte le Figaro. Re-interruption, et re-reprise.

Deuxième acte


  • Pour la défense, Me Patrick Maisonneuve (défenseur du ministre socialiste, Edmond Hervé, dans l'affaire du sang contaminé et (ci-dessus de face, avocat du juge Burgaud -en arrière plan- dans l'affaire d'Outreau) prend alors la main et dramatise le débat, reprenant les mêmes accusations, sur un ton doucereux: "Le certificat nous a été dissimulé. Je suis inquiet de la loyauté de votre cour".
  • Passage de relais à Me Sollacaro (ci-dessous, de face; Me Pascal Garbarini, à droite et Me Patrick Maisonneuve, de profil à gauche), qui, plus virulent, ne se contente pas de passer une deuxième couche: "Qu'est ce que c'est que cette cour! Qu'est ce que c'est que cette cour, on se croirait devant la junte birmane! Vous nous cachez des choses, vous êtes en cause. Vous êtes indigne de mener ces débats. Vous devez partir!" Applaudissements d'une partie du public

    Troisième acte


    Le président Wacogne suspend immédiatement l'audience qui vient de reprendre à 14H30, déclarant : "Il y a des limites!"
    Une heure plus tard, la Cour revient dans la salle d'audience pour une mise au point du président : "La cour tient à dire qu'il est normal que la défense puisse utiliser tous les moyens qu'elle croit utile à la manifestation de la vérité".
    Mais "il n'est pas obligatoirement nécessaire que les limites soient dépassées et c'est le cas", ajoute Didier Wacogne qui demande aux cinq avocats de la défense, ainsi qu'au représentant du Conseil de l'Ordre des avocats, qu'il a fait venir, de rejoindre la cour pour un aparté. Tous refusent et disent, par la voix de Gilles Simeoni, "assumer" les propos tenus et accusant le président "d'avoir menti".
    L'audience est donc à nouveau suspendue à 15H45, sous les sifflets de la salle, ce qui provoque le retour du président Wacogne un bref instant, pour préciser qu'il a le pouvoir de faire évacuer le public. Il avertit : "Seule la sérénité des débats peut amener un jour la manifestation de la vérité".


    Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai rien dit de mal !
    Joint par France Info pendant la suspension de séance, Me Sollacaro (ci-dessus de profil) persiste et signe: "
    Il n'y a rien d'insultant dans ce que j'ai dit. A mon avis, ce président du tribunal est complètement disqualifié. C'est une atteinte aux droits de la défense. Cacher un certificat médical, c'est un procédé déloyal: moi je prends mes responsabilités."

    Quatrième acte

    Les accusations de l’assassin du préfet Erignac
    "Vous n'êtes pas impartial, vous êtes en mission", lance le condamné, Yvan Colonna, au Président Wacogne. L'accusé en appel demande alors à voir ses avocats hors audience (un huis clos…) pour décider quelle attitude adopter. L'audience suspendue dix minutes, Colonna et ses avocats reprennent leur place et commence enfin l'audition des témoins prévus.

    La défense aimerait se substituer au président
    Ce ne serait nullement une atteinte aux droits de la partie civile : on sait que dans la balance de la justice les victimes ne font pas le poids contre les coupables.
    Après l'épisode Vinolas, une demande de récusation du président Wacogne a été déposée par la défense.
    Le premier président de la cour d'appel l'a rejetée.

    L'avocat général Christophe Teissier dénonce "le caractère extrêmement violent des propos" tenus par Me Sollacaro. Fait plutôt rare, un représentant du bâtonnier de Paris, l'avocat Jean-Yves Leborgne, s'est déplacé pour dire son souhait d'une poursuite des débats "dans la courtoisie et la sérénité". Ce voeu paraît difficile à exaucer dans un contexte marqué aussi par la défection de plusieurs témoins. Le procès accuse déjà un retard d'au moins deux semaines et le verdict est désormais repoussé à la fin mars.
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