dimanche 1 mars 2009

Procès Colonna : Me Antoine Sollacaro, par qui le scandale arrive ?

Des avocats de la défense qui font la loi dans le tribunal
L’intimidation et la menace sont très tendance à gauche: des syndicalistes révolutionnaires agressent des participants aux négociations de Guadeloupe et au procès Colonna des avocats de la défense insultent le président.
La justice est soupçonnée -voire accusée- de partialité, du seul fait que l'Etat poursuit les assassins d'un de ses hauts fonctionnaires, un représentant de l'Etat, le préfet, Claude Erignac.
Ancien sympathisant de l’extrême-droite nicoise, Antoine Sollacaro est sans aucun doute une sommité dans le petit monde insulaire. Avocat de gros voyous, du casino d’Ajaccio, de nationalistes, de maris cocus, de femmes bafouées, de club de football, il traîne dans tous les prétoires sa silhouette alourdie par les ans et les soucis. Son nom est cité lorsque Emile Mocchi avait versé la somme de 500.000 Frs au FLNC par l'intermédiaire d'Alain Orsoni qui avait gardé 300.000 Frs pour lui. Émile Mocchi a toujours versé de l'argent au FLNC (et sans doute aux autres tendances par la suite), son neveu Toussaint Mocchi, entrepreneur à Propriano, assurant les contacts. »

Un rapport précise que Toussaint Mocchi est un ami personnel de Jean-Michel Emmanuelli, patron d’une boîte d’immobiliers proprianaise et ajaccienne mais aussi directeur du « Journal de la Corse ». Le préfet Bonnet citait son nom dans le témoignage qu’il voulait lire au procès des assassins présumés du préfet Erignac. Avec François Santoni et René Modat (devenu président de la FDSEA, Corse-du-Sud après l’assassinat « miraculeux » de Lucien Tirroloni), il a monté une Société d’Économie Mixte, Authentica, censée promouvoir les produits corses.

Antoine Sollacaro a également été l’ami et l’avocat d’Émile Mocchi. Il était surtout destiné à lui succéder à la mairie. Malheureusement pour lui, l’alliance des nationalistes proches du FLNC Union des Combattants et du radical de gauche Paul-Marie Bartoli va remporter la victoire et mettre un terme à l’irrésistible ascension de l’avocat ajaccien.

Un temps, très très proche du FLNC uni, Antoine Sollacaro fait ses premières armes en Corse en défendant des militants nationalistes, au point de devenir quasi-hégémonique dans ce domaine. Sur le plan financier, il ne fait aucun cadeau à ses « camarades » de combat. La défense moyenne revient à environ à 100.000 francs, surtout quand il faut partager avec son vis-à-vis parisien, un certain Robaglia, ancien militant fasciste et aujourd’hui décédé.

Lors de la rupture entre les deux branches ennemies du nationalisme corse, il prend le parti du MPA et du FLNC Canal habituel. Il est vrai qu’il connaît bien Alain Orsoni.

Les 22 mars et 29 mars 1992, il apparaît sur la liste MPA qui s’oppose à celle de Corsica Nazione. Il côtoie du beau monde : Alain Orsoni, dirigeant du FLNC Canal habituel, tout comme Dominique Bianchi. Ou encore Tony Fieschi, arrêté pour le double attentat contre l’URSAFF et la DDE en novembre 1999. Ou encore Jacques Marcellesi, réputé responsable du FLNC Canal habituel puis du FLNC du 5 mai, ou encore Gilbert Casanova sorti de prison où il y était entré pour escroquerie après avoir été un dirigeant du FLNC puis du FLNC Canal habituel. Sollacaro est d’ailleurs son avocat et a même été placé en garde-à-vue pour lui.

On ne peut pas tous les citer mais tous devraient l’être. Antoine Sollacaro est là pour faire foule. La liste obtient 8% tandis que Corsica nazione en obtient 15%. Tout est en place pour que la guerre entre nationalistes commence. Elle débutera l’année suivante avec l’assassinat de Robert Sozzi.

Après l’assassinat du préfet Erignac, Maître Sollacaro, avocat d’Yvan Colonna est bâtonnier du barreau d’Ajaccio. Lors de la rentrée solennelle du TGI d'Ajaccio en janvier 1999, il prend la parole et dénonce les « pratiques » du préfet Bonnet en sa présence. De cette voix si particulière qui rend souvent ses propos inaudibles, il parle et parle et parle encore de la répression, des « dragonnades ».

Le préfet estimant que Me Sollacaro était allé trop loin dans ses propos, sort de la salle, estimant que l'État était mis en cause. Le procureur général Legras reste dans l'enceinte judiciaire, estimant que c'était la place d'un magistrat. Le préfet lui reprochera " de ne pas l'avoir suivi et d'avoir manqué de solidarité ", d'après les propos rapportés par le procureur général devant la commission.

Maître Sollacaro a réussi à élargir le fossé entre l’institution judiciaire et le pouvoir exécutif. Il ne demandait que ça.

Mais pourquoi évoquer ces vieux souvenirs ? Car il semblerait que Maître Sollacaro soit en train de jouer une partie identique. Nous avons souligné combien cet homme de robe avait tendance à varier dans ses récits. Peut-être est-il un peu poète lui qui se pique d’être un adhérent de la Ligue des droits de l’homme et de rêver à une humanité meilleure.

On l’a ainsi entendu dire à peu près tout et n’importe quoi sur le fameux rendez-vous du Lutetia avec Bernard Squarcini. Nous avons analysé les fuites concernant l’évocation de cette réunion et notre rôle sur le compte de divergences entre différents chefs de la police.

Et puis, un de nos correspondants parisiens nous a soufflé un autre renseignement. Le premier écho a été écrit par Laïd Sammari dans l’Est Républicain. Cet excellent journaliste est surnommé en Corse « u Scurpinu » (la Rascasse, un poisson de roche tapi dans l’ombre auquel il ne fait pas bon se frotter). Il a écrit dans le Canard Enchaîné sous le pseudonyme de Jérôme Canard. Sa femme, magistrat en Lorraine, lui a ouvert bien des portes. L’homme est intelligent et très bon analyste. Son audition par la commission d’enquête parlementaire relative à la Corse est un morceau d’anthologie.

L’homme a compris la Corse. Mais il est mû par une ambition journalistique qui, parfois, le mène un peu trop loin. Il a gardé de nombreux contacts en Corse parmi lesquels Antoine Sollacaro. L’hypothèse est la suivante : Maître Sollacaro sait que son client, Yvan Colonna, risque fort de prendre perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Il fait lui-même fuiter un secret qu’il prétend vouloir protéger et il s’adresse au journaliste ami.

Il est fort probable que, quoiqu’il dise, le sujet d’Yvan Colonna ait été abordé avec Bernard Squarcini. Maître Sollacaro a dit et répété que le principe même d’une reddition de son client était inenvisageable avant la fin du procès. Dont acte. Et voilà qu’Yvan Colonna est arrêté juste avant cette fin de procès. Maître Sollacaro ne dispose donc plus de cartouches suffisantes pour négocier une reddition de son client. Mais il peut jouer sur cette fameuse réunion du Lutetia. Il tient un atout maître : le droit de dire ce que bon lui semble sans que les autorités puissent réagir sans s’enfoncer plus encore dans le scandale.

Pour ce faire amusons-nous au jeu des suppositions. Maître Sollacaro nous pardonnera bien volontiers notre côté gamin. Admettons que nos informations soient justes. Auquel cas, dans les jours qui viennent d’autres papiers distilleront de nouvelles vérités sollacariennes déguisées en suintements journalistiques. La pression montera et, peut-être un jour, apprendrons-nous que contrairement à ce qu’il a affirmé jusqu’à aujourd’hui tout avait été négocié jusqu’au moindre détail mais que l’Etat a changé son fusil d’épaule…

Pour notre part, nous avons indiqué l’endroit où nous nous sommes arrêtés laissant Squarcini et Sollacaro mener ou ne pas mener leurs affaires. Nous voulions éviter une « kelkalisation » d’Yvan Colonna, une de ces bavures médiatiques qui aurait plongé la Corse dans un bain de sang.

Et si nous nous étions trompés (mais tout notre récit n’était qu’imaginaire) Maître Sollacaro aurait le bon goût d’accepter nos excuses

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