lundi 30 mars 2009

Mayotte envie le statut de la Guadeloupe…

"Oui" France et massif de Mayotte à la FranceSans surprise, le "oui" l'a emporté massivement à Mayotte (lien Wikipedia), avec plus de 95% des suffrages, lors du référendum de dimanche sur le changement de statut de l'île, qui deviendra en 2011 le 101e département français. La participation a atteint 61,02% des 72.035 électeurs inscrits.

Seule insatisfaction pour les élus locaux, qui ont tous fait campagne pour le "oui", le taux de participation de 61,02% est loin du raz-de-marée qu'ils espéraient.
Mayotte compte 186.452 habitants, dont un tiers (certains disent 1/4) en situation irrégulière.
"Cette campagne n'avait pas d'adversaires. Beaucoup de gens ont pensé que les résultats étaient gagnés d'avance et n'ont pas jugé bon de se déplacer", a déclaré le président UMP du conseil général, Ahmed Attoumani Douchina.
Le passage du statut de "collectivité départementale" en département d'outre-mer, qui devrait être effectif en 2011, est la dernière étape d'un processus entamé en 1974, lorsque Mayotte a choisi de rester française alors que les trois autres îles de l'archipel comorien optaient pour l'indépendance.

  • Dès l'annonce des premiers résultats, le Président Sarkozy avait salué "un moment historique pour Mayotte et pour les Mahorais": "c'est un rêve porté par plusieurs générations qui se réalise ce 29 mars 2009".
    "La départementalisation sera une réussite si cette nouvelle étape de l'histoire de Mayotte s'inscrit dans la durée et ne bouleverse pas les équilibres économiques et sociaux de ce territoire", souligne la présidence de la République. "L'évolution institutionnelle se fera donc progressivement sur la base du 'Pacte pour la départementalisation', accepté par les élus de Mayotte, qui décrit le chemin qui reste à parcourir".

  • De son côté, le Premier ministre François Fillon a indiqué que "le gouvernement proposera rapidement au Parlement les textes nécessaires à la mise en place de la nouvelle collectivité et à l'application progressive du droit commun".
  • La ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer, Michèle Alliot-Marie, a pour sa part souligné "que la départementalisation avait pour but de conforter la place de Mayotte dans la République".
  • Le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer Yves Jégo faisait part de sa "satisfaction" et celui à la Coopération, Alain Joyandet voyait "un oui à la France".
    Le sens de l’Histoire…

    En approuvant ce changement de statut, les habitants de l'île de l'océan Indien, déjà "collectivité départementale" depuis 2001, confirment un processus enclenché il y a déjà neuf ans, avec l'accord sur l'avenir de Mayotte, conclu le 27 janvier 2000 entre le gouvernement et les élus locaux.
    Cet accord avait déjà été approuvé par la population mahoraise le 2 juillet 2000. Depuis, plusieurs lois (en 2001, 2003 et 2007) ont concrétisé une évolution de la collectivité vers le statut départemental.

    Le Conseil Général s'était prononcé en faveur de la transformation de Mayotte en département d'outre-mer et tous les partis habilités pour la campagne officielle (Mouvement départementaliste mahorais, MoDem, UMP, PS et Nouvel élan pour Mayotte) militaient pour le "oui".

    Les problèmes à venir
    Deux projets de loi, organique et ordinaire, doivent désormais être présentés au Parlement, en vue d'une entrée en vigueur du changement de statut dès 2011. La longue période d'adaptation du droit mahorais à celui de la Métropole est prévue pour durer 20 à 25 ans.
  • Ainsi, l'âge légal minimum des femmes pour se marier sera relevé de 15 à 18 ans, selon le "Pacte pour la départementalisation de Mayotte" adressé récemment aux foyers mahorais par le ministère de l'Intérieur et de l'Outre-mer.
    Les mariages polygames seront aussi interdits, même si les situations acquises ne seront pas remises en cause. Majoritairement musulmans, les Mahoraises et les Mahorais mariés continueront de vivre sous le régime matrimonial qu'ils ont choisi.

  • Les minimaux sociaux seront aussi progressivement augmentés, en commençant par les deux seuls en vigueur, ceux pour les adultes handicapés et les personnes âgées. Le RMI, l'allocation parent isolé et l'allocation de solidarité spécifique, seront versées à partir de 2012, à environ le quart de ce qu'elles représentent en Métropole ou dans les DOM, et seront ensuite progressivement revalorisées sur une période de 20 à 25 ans, en fonction du rythme du développement économique de Mayotte.
    Des mesures sociales qui devraient drainer les populations avoisinantes et donc renforcer l'immigration clandestine.
  • Ce vote ne devrait donc pas régler pas le problème des étrangers sans papiers qui constituent selon les estimations un quart des quelque 250.000 habitants de l'île. La départementalisation pourrait même rendre plus attirant ce territoire de l'archipel des Comores.
  • Le vote ne réglera pas non plus le contentieux persistant sur l'appartenance de Mayotte au territoire français. Aux yeux des Nations Unies et de l'Union Africaine, l'île appartient clairement aux Comores. Lors du référendum de décembre 1974 sur l'autodétermination, seule Mayotte a voté majoritairement pour le maintien du lien avec la France, les autres îles de l'archipel (Anjouan, Mohéli, Grande Comore) se prononçant contre.

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    Le président Sarkozy a prévenu que la départementalisation ne serait pas un long fleuve tranquille. Ce sera "une réussite si cette nouvelle étape de l'histoire de Mayotte s'inscrit dans la durée et ne bouleverse pas les équilibres économiques et sociaux de ce territoire".
    A cet égard, il a prévenu que "l'évolution institutionnelle se fera donc progressivement sur la base du ‘Pacte pour la départementalisation’, accepté par les élus de Mayotte, qui décrit le chemin qui reste à parcourir".
    Le passage du statut de "collectivité départementale" en département d'Outre-Mer (qui devrait être effectif en 2011, est la dernière étape d'un processus entamé en 1974), lorsque Mayotte a choisi de rester française, alors que les trois autres îles de l'archipel comorien optaient pour l'indépendance.
  • Mais le gouvernement n'a pas caché aux Mahorais que le rattrapage avec la métropole mettrait du temps à se faire sentir, avec certaines aides sociales qui ne démarreront qu'en 2012, et de manière progressive sur au moins 20 ans.

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    Avec un PIB trois fois inférieur à celui de La Réunion, mais neuf fois supérieur à ses voisins immédiats, Mayotte espère aussi tirer de nouveaux bénéfices de la départementalisation.
    Son secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Yves Jégo, décidemment très sollicité, a affirmé qu'il était en train de travailler avec une compagnie aérienne pour qu'il y ait des "vols réguliers directs Paris-Mayotte" avant la fin de l'année.
    A l'heure actuelle pour se rendre de Paris à Mayotte, qui ne possède qu'une piste relativement courte, il faut faire escale à La Réunion, puis faire deux heures d'avion supplémentaires.

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    Parallèlement, de nouveaux impôts vont apparaître à partir de 2014.

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    Et certaines pratiques culturelles anciennes vont être bousculées, avec l'interdiction définitive de la polygamie - déjà largement tombée en désuétude -, la disparition du tuteur matrimonial ("wali") et la réduction des attributions du "cadi" (juge musulman).

    Face à l'écrasante domination du "oui", seuls quelques religieux ont dénoncé la départementalisation, craignant qu'elle n'entraîne une "acculturation" autochtone.

    On manifeste déjà !


    A Moroni, quelque 500 personnes ont manifesté dimanche contre ce référendum. L'Union des Comores, soutenue par l'Union africaine (UA), juge cette consultation "nulle et non avenue", dans la mesure où elle obère encore un peu plus la perspective d'une "réunification" de l'archipel.

    A Mayotte, des centaines de personnes convergeaient dans la soirée vers le bord de mer de Mamoudzou, où les autorités locales ont prévu une grande fête, avec un feu d'artifice et une série de concerts.

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