lundi 30 mars 2009

Le génocide cambodgien par les maoïstes Khmers

Bref rappel historique d’une épuration idéologique communiste

Le Cambodge et la France sont des pays frères

Ancien protectorat français intégré à l'Indochine française (1863-1953), que le roi Sihanouk dénonça en mars 1945 , le Cambodge obtint son indépendance le 9 novembre 1953, à la fin de la guerre d'Indochine.

Avant même la reprise de ce que l'on a appelé la 2e guerre d'Indochine, la politique de neutralité devenait porteuse de contradictions de plus en plus nombreuses.

D'un coté, Norodom Sihanouk qui a rompu les relations diplomatiques avec la Thaïlande, le Sud-Viêt Nam et les États-Unis, reconnaît le F.N.L. (Vietcong) comme « Représentant authentique du peuple sud-vietnamien » et établit des relations diplomatiques avec Hanoi, d'un autre coté, la lutte armée du parti communiste khmer (P.C.K.) prenant de l'ampleur, il déclare que le communisme est l’ennemi principal du Cambodge. En 1967, un premier ministre de droite, Lon Nol réprime durement un soulèvement paysan dans la région de Battambang. Trois personnalités de la « Gauche légale », dont Khieu Samphan, rejoignent alors, dans les forêts, une organisation communiste clandestine.

A partir de 1969, les Américains interviennent directement dans les zones du Cambodge contrôlées par les communistes vietnamiens et Sihanouk ne proteste pas. Le 18 mars 1970, il fut déchu par l’Assemblée de ses fonctions de chef de l’État. Arrive alors au pouvoir une équipe de droite emmenée par le général Lon Nol et le prince Sirik Matak.

En octobre 1970, la nouvelle équipe au pouvoir proclame l'abolition de la monarchie et le pays est rebaptisé "République Khmère"(1970-1975). Sihanouk avait pu maintenir tant bien que mal son pays à l'écart du conflit Vietnamien. Engagé maintenant dans l'un des deux camps, le Cambodge bascule très brutalement dans la guerre. L'armée de Lon Nol doit faire face à la fois aux Vietnamiens et à la guérilla khmère qui a reçu l'appui de 4000 combattants communistes repliés sur Hanoï depuis 1954. Grâce à l'aide américaine, les effectifs de l'armée passent de 30 000 à 200 000 hommes, mais la corruption généralisée affaiblit aussi bien l'armée que l'administration.

Avec l'aide des Nords-Vietnamiens, la guérilla des Khmers rouges, selon le nom que Sihanouk leur avait donné lorsqu'il était au pouvoir, prend de l'ampleur. Pol Pot et Ieng Sary prennent en main les nouvelles recrues venues de Hanoï et les intègrent dans les forces du Parti Communiste du Khmer (PCK). Ce dernier, qui, en plus de l'aide des Nord-Vietnamiens, reçoit également de l'aide chinoise, réussit à rester indépendant. En 1970, le mouvement ne comptait que 4000 guerilleros. En 1973, il contrôle 60% de la superficie du pays et 25% de la population.

Les Khmers rouges au pouvoir (1975-1979)

Immédiatement après la victoire, le PCK ordonne l'évacuation de toutes les villes, les habitants de ces villes étant poussés à travailler parmi les paysans, à la campagne. Cet exode forcé fait des centaines de milliers de nouvelles victimes. Tout ce qui pouvait évoquer la civilisation urbaine, industrie, hôpitaux, écoles, administrations, est anéanti.

L’Angkar
A la campagne, le régime et son organisation suprême, l'
Angkar (organisation) des Khmers Rouges, sous le nom duquel se cache le PCK, oppose l’ancien peuple, c'est-à-dire les paysans dont certains ont participé aux combats aux côtés des communistes depuis 1970, et le nouveau peuple, c'est-à-dire, la population urbaine, sur lesquels les cadres ont droit de vie ou de mort. Ce sera la mort pour beaucoup d'entre eux. Les survivants doivent participer à l'élaboration d'un homme nouveau, sous a férule de l'Angkar. La monnaie est abolie, ainsi que toute propriété privée. Les familles sont disloquées. D'immenses travaux sont entrepris. L'épuisement au travail, la malnutrition et les maladies qui s'ajoutent aux exécutions sommaires, souvent à coups de gourdins vont provoquer la mort de un à deux millions d’individus en l'espace de trois ans.

Purification et rééducation maoïstes

L'« Angkar » applique alors une politique maximaliste, plus radicale encore que celle des soviétiques et des maoïstes, visant notamment à purifier le pays de la civilisation urbaine. Les villes, à l'image de
Phnom Penh dans la nuit du 17 au 18 avril 1975, sont vidées de leurs habitants, envoyés en rééducation dans les campagnes. La traque systématique des anciennes élites, "identifiées" parce que parlant des langues étrangères ou portant des lunettes (par exemple), ajoutée aux mines placées par les deux camps, à la malnutrition et aux maladies, aboutit à des massacres de masse et à une catastrophe humanitaire d'origine politique.

Le chiffrage du nombre de victimes est un travail difficile et sur lequel les historiens ne sont pas encore parvenus à un consensus. Le chiffre de 1,7 million de victimes directes et indirectes est le plus communément admis. Certains intellectuels voudraient que cette «autodestruction khmère» soit reconnue par les Nations Unies comme un génocide, mais elle ne correspond pas à la définition d'un
génocide, puisque les critères de choix des victimes ne correspondaient pas à un groupe national, ethnique, racial ou religieux (article 6 de la Cour pénale internationale).

Pol Pot

Le nom officiel du nouvel état est le Kampuchea démocratique.
Khieu Samphan est officiellement chef de l'état, mais l'Angkar est dirigée, au moins depuis avril 1977, par Saloth Sar, secrétaire général du P.C.K. et plus connu sous le nom de Pol Pot. En fait, il y a de multiples factions, tous les cadres n'approuvent pas la politique anti-vietnamienne qui prend la forme d'une véritable guerre à partir de septembre 1977.

Le 25 décembre 1978, l’armée vietnamienne passe à l’offensive et met en déroute en quelques jours l’armée des Khmers rouges. Au cours du mois de janvier 1979, les vietnamiens prennent le contrôle d'une grande partie du pays. Le 11 janvier, à Phnom Penh, un Comité populaire révolutionnaire, contrôlé par la fraction provietnamienne du P.C.K communiste et présidé par
Heng Samrin, prend le pouvoir et proclame la république populaire du Cambodge.

Pol Pot et ses fidèles s'enfuient alors dans la jungle, d'où ils organisent une guérilla contre le nouveau régime pro-vietnamien. Le chef des Khmers rouges est condamné à mort par contumace par les autorités pour les crimes commis pendant son règne, il disparaît dans la jungle jusqu’à la fin des années 1990

Ses anciens camarades le retrouvent, en juillet 1997, affaibli par la malaria et d'importants problèmes de santé. Sur ordre de son rival Ta Mok, il est arrêté par ses propres troupes pour l'assassinat de Son Sen, l'ancien chef de la sûreté du Kampuchéa Démocratique, et condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité.

Alors que ses derniers fidèles désertent et que les États-Unis travaillent à la mise en place d'un plan visant à le capturer et à le traduire devant la justice internationale, Pol Pot meurt en 1998 à l’âge de soixante-treize ans, officiellement d'une crise cardiaque. Certains journalistes ont prétendu qu’il s’était suicidé, d’autres qu’il avait été empoisonné par son médecin.

Retour du Cambodge à une certaine autonomie

Après le départ des forces du Viêt Nam en 1989 et l'envoi de forces de l'ONU au début des années 1990, le régime retrouvera peu à peu un semblant d'autonomie tout en restant régulièrement dénoncé pour ses atteintes aux droits de l'Homme. Le premier ministre actuel Hun Sen, placé au pouvoir par le Viêt Nam, dirige le pays depuis cette période, et s'est maintenu au pouvoir grâce à trois élections douteuses successives dans un climat patent de violence politique. Le principal opposant, Sam Rainsy, s'est réfugié à Paris en 2005.
Le roi Norodom Sihanouk, redevenu chef de l'état, a abdiqué une seconde fois en 2004 au profit de son fils cadet Norodom Sihamoni, ancien danseur classique et ambassadeur du Cambodge auprès de l'Unesco à Paris.

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