vendredi 23 janvier 2009

Julien Dray : le procureur confirme le bien-fondé de l’enquête

Le socialiste « bling bling » profiterait-il des fuites ?

Rappel des faits

On le sait (Lire PaSiDupes), le peu flamboyant parlementaire de l'Essonne fait l'objet
d'une enquête préliminaire ouverte le 10 décembre par le parquet de Paris pour abus de confiance à la suite d'un signalement de Tracfin portant sur des mouvements de fonds suspects à partir de comptes de l'association Les Parrains de SOS Racisme, la bien nommée, et de l'organisation lycéenne FIDL, qui serait victime (consentante?), non seulement politquement mais financièrement, depuis janvier 2006.

  • La cellule anti-blanchiment du ministère des Finances (Tracfin) a passé au crible les comptes bancaires de Julien Dray. Or, ils laissent apparaître d'énormes dépenses de la part d’un pauvre socialiste qui, avec le PS, s’élève contre l’augmentation des indemnités du Chef de l’Etat… Le train de vie de cet élu précaire mais « bling bling » du peuple de l’Essonne fut jugé suspect.
    Tracfin relève que les "paiements réalisés" par le député socialiste avec sa carte bancaire "depuis la mi-décembre 2005 s'élèvent, pour les seuls flux supérieurs à 500 euros, à 313.180,56 euros".
  • D'après la cellule antiblanchiment de Bercy, qui a analysé les comptes de Julien Dray, quelque "134 opérations avec sa carte Centurion ont ainsi été réalisées, allant unitairement jusqu'à 18.500 euros", facturés en août chez l'horloger Breguet, d'après le document. Environ 131.000 euros ont entre autres été dépensés pour d'autres objets de consommation vitaux, des montres, pour quelque trente achats, alors que 15.588 euros d'achats sont rassemblés par les enquêteurs de Tracfin sous le vocable "Luxe stylo", d'après L'Est républicain. Selon ce quotidien régional, qui dit avoir contacté le député PS, les revenus avoués du couple Dray atteignent 15.000 euros, ce que l'élu estime compatible avec son train de vie. "Cette affaire n'aurait jamais dû être confiée à la justice, car ce n'est en rien une affaire pénale. C'est au mieux un dossier fiscal", a estimé Julien Dray dans L'Est républicain .

    Le procureur de Paris a justifié l'enquête


    Invité sur RTL, le magistrat Jean-Claude Marin a d’une part réaffirmé le principe de présomption d'innocence de l'élu PS, mais il a d’autre part annoncé que Julien Dray sera entendu le moment venu.
  • A propos de la violation du secret de l'enquête, le procureur a condamné les fuites dans la presse qu'il a qualifiées de "scandale". "A partir du moment où la loi est bafouée à ce point, se pose la question de savoir s'il faut changer les comportements ou changer la loi", a-t-il dit.
    Mais il ne s’est pas étendu sur le but recherché par les 'fuiteurs'.
    Alors que le parquet a ouvert une enquête, fin décembre, pour identifier les auteurs des fuites qui ont permis la révélation de cette affaire par Le Monde le 19 décembre dernier et sachant qu’elles sont le plus souvent le fait de syndicalistes fonctionnaires des ministères concernés, comme le suggère Me Forster (ci-dessous), leur identification s'impose et permettrait de savoir si leur intention était simplement d’informer la presse bureaucratique (qui se dit d’investigation) ou de vicier l’affaire alors qu’elle était sur le point de sortir.
    Il n’empêche que le 23 décembre dernier, le député socialiste portait plainte pour violation du secret professionnel et recel de cette infraction. Le double-jeu !
  • Un rapport douteux de cause à effet
    La procédure à l’encontre du député socialiste a été lancée début décembre, alors qu’avaient lieu des manifestations appuyées par les syndicats lycéens dont Julien Dray est proche. Le lien enquête-manifestation établi par la défense paraît particulièrement spécieux, pour diverses raisons.
    D’abord, les lycéens sont en révolution permanente et leur activisme rendrait toute action de justice impossible à l’encontre de ses acteurs : la résistance citoyenne fait-elle de l’illégalité un entrave légale à l’exercice de la loi.
    Ensuite,le mouvement lycéen est bien antérieur et le dossier Tracfin sur les activités de Julien Dray n’est pas tout neuf. La FIDL fut créée en 1987 et Tracfin en 1990. En 18 ans de Tracfin et 21 années d’activisme lycéen sous la houlette de Julien Dray, cet organisme du ministère des finances n’aurait pas manqué d’occasions avant ce décembre 2008.

    Les fuites profitent à Julien Dray ?

    > En publiant toutes les pièces du dossier dans la presse, avant que Julien Dray n'ait pu être entendu, les « fuiteurs » qui étaient au courant de l’imminence d’une ouverture d’enquête préliminaire, cherchent à nuire à la procédure. Le procureur est donc très fâché que des soutiens de Julien Dray aient pu entraver la justice de l’intérieur. Et comment cela serait-il possible sans la couverture syndicale ? Lire à nouveaules pistes suggérées par Me Forster ci-dessous.

    >
    Me Léon-Lef Forster (au centre), l’un des conseils (commis d’office ?) de Julien Dray, a déposé plainte contre X mardi pour "violation du secret professionnel" après la parution d'un article dans le Journal du dimanche qui évoque des transferts de fonds à hauteur de "plusieurs dizaines milliers d'euros" de l'homme d'affaires Pierre Bergé (qui finance aussi Désirdavenir Royal) en direction du député, visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris. "Il apparaît incontestable que seules des personnes qui détenaient ces informations en raison de leurs fonctions ont pu les transmettre afin qu'elles soient divulguées par le biais de la presse", note Me Forster. Le beurre et l’argent du beurre !

    > L'intéressé, qui a été placé sous protection policière après la publication de son adresse par l’Est Républicain, ne manque pas de crier au scandale et se croit autorisé à réclamer un ‘jury d'honneur’, en l’occurrence bien mal nommé. Déclaration faite sur France Info, l’un des hébergeurs de la politique socialiste de Radio France, qui n’est pas exposé aux menaces Me Magaly Lhotel, comme le sont les autres hébergeur sur l’Internet.

    > Mais pourquoi Me Léon-Lef Forster ne poursuit-il donc pas l’Est Républicain, comme il poursuit le JDD ? Les états de service de France Est Médias ou groupe Est Républicain dans l’opposition à Sarkozy le mettent-ils à l’abri. L’actionnaire principal de ce groupe de presse régionale (et de M6) a bien mérité. Pierre Taribo, l’incisif rédacteur en chef de L'Est Républicain jusqu'en janvier 2008, avait annoncé son intention de briguer la mairie de Nancy aux élections municipales de 2008 sous les couleurs du MoDem, parti d’opposition aveugle, soutenu par l’hebdomadaire Marianne…

    >
    Un autre conseil de Juju, Me Emmanuel Pierrat, a par ailleurs été chargé par le présumé innocent de tout de "prendre toutes les mesures judiciaires et parajudiciaires en vue de faire cesser la propagation des propos diffamatoires, en violation de la présomption d'innocence ou même à caractère antisémite tenu à son encontre". SOS Racisme n'entre pas en scène et on comprend pourquoi la décence pourrait l'en empêcher, mais les bons "camarades" du MRAP ont-ils volé au secours de Juju?
    Selon un communiqué émis par cet autre défenseur, "des mises en demeure ont d'ores et déjà été adressées aux éditeurs et hébergeurs des sites Internet les plus litigieux" et "des citations directes devant le tribunal correctionnel sont en cours de rédaction ou de délivrance à l'encontre de plusieurs organes de presse".
    Me Magaly Lhotel, du cabinet Pierrat, a précisé que ces citations allaient être déposées "dans les prochains jours" et viseraient notamment Le Monde , Midi Libre et Le Journal du dimanche. "Nous nous sommes également tournés vers les hébergeurs et éditeurs de sites d'information qui ont laissé en ligne des commentaires d'internautes, pour certains diffamatoires, pour d'autres antisémites, alors qu'ils ont la responsabilité de faire le tri dans ces commentaires", a ajouté Me Lhotel. De quoi produire un procès fleuve et ses inondations. Et l’Est Républicain ?

    Trahi par ses services, le procureur seul contre tous

    "Nous en sommes aux soupçons. J'ai pris le parti de vérifier si nous pouvions passer du soupçon à la présomption et pour passer du soupçon à la présomption, il faut que nous disposions d'un certain nombre d'éléments documentaires", a dit le procureur.
    "Ensuite, Julien Dray sera entendu", a-t-il précisé.
    Il qualifie "d'inadmissible dans un état de droit" la publication par un journal régional, l’Est Républicain, du document Tracfin où figure l'adresse personnelle de Julien Dray. Or, on le sait, Dray ‘menace’ désormais de citer en justice des journaux et des sites Internet qu'il accuse de "propager des propos diffamatoires", selon ses avocats. Mais en attendant l’exécution de la menace, l’Est Républicain s’en tire bien jusqu’ici : un probable effet de la liberté d’expression qui place la presse au-dessus des lois et lui permet de faire entrave impunément à la justice ?

    Abus de confiance, mais aussi corruption ?

    La complexité de l’enquête sur ce proche de Sa Cynique Majesté Royal est masquée par le rideau de fumée dressé par cette affaire classique de fuites, une technique éprouvée de la gauche politico-syndicale.

    Les enquêteurs soupçonnent en effet l'éléphant socialiste de 53 ans, d'avoir personnellement bénéficié d'une partie de ces sommes, évaluées, au total à 351.027 euros, rappelons-le. Aux uns, les parachutes dorés, mais aux autres, la corruption. Combien de fois le SMIC ?

    "Nombre de chèques tirés enregistrés posent la question de leur contrepartie. -
    - Soit les émetteurs ont leur siège social dans le département dont Julien Dray est l'élu
    ,
    - soit ils ont obtenu un chantier public dans sa circonscription,
    - soit obtenu un marché public avec le Conseil régional d'Île-de-France. Ces flux suscitent les interrogations du service", souligne Tracfin dans son rapport.
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