mercredi 17 décembre 2008

Excellence et diversité

Sarkozy veut-il aller plus loin dans la discrimination ?

Barack Obama a créé un scandale pour ne pas avoir mis la main sur le coeur pendant l'hymne national américain, début novembre dans l'Iowa.
Il peut faire partie de l’équipe de France de football…

Un excellent élément aura-t-il désormais plus de chances de réussite s’il est issu de la diversité.
Nicolas Sarkozy entendrait, dit-on, donner une nouvelle impulsion à l'"affirmative action", pour ne pas parler français, mais sous-titré dans l’hexagone par « discrimination positive», en matière de recrutement professionnel. C’est tellement inégalitaire que la notion heurte lourdement le principe d'égalité inscrit dans le marbre de la Constitution et au fronton des mairies.
Porté par le vent de l’actualité, le président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), Patrick Lozès, se plait d’ailleurs à évoquer "les émeutes en Grèce [qui] viennent nous rappeler combien le mécontentement peut rapidement se muer en violences que nul ne peut souhaiter à notre pays". Marqué par les violences urbaines de 2005, au temps où il était au ministère de l'Intérieur, le Président n'ignore pas en outre que la récession internationale et la désobéissance citoyenne font leur chemin et pourraient donc exacerber le malaise social actuel.

Or, le président français doit prononcer aujourd’hui mercredi un discours à l'Ecole polytechnique, à Saclay, près de Paris, sur "l'égalité réelle des chances et la promotion de la diversité". Sur le campus de l'"X", symbole de l'élite française, il annoncerait sa volonté d’ouvrir plus largement les grandes écoles aux minorités. Le critère ethnique est tellement clair qu’il faudra le travestir.

Discrimination ethnique ou sociale ?
> Déjà, le terme « discrimination » ne conviendra pas : il est trop évocateur d’ostracisme. Discriminer les uns, c’est discriminer les autres. Les anciens privilégiés seraient les nouveaux discriminés, mais la France n’aurait pas fait de progrès en matière de discrimination. On pourra bien l’anoblir en la qualifiant de ‘positive’, elle ne sera jamais ‘positive’ que par opposition à l’autre qui n’en deviendra que plus négative.
> Auparavant, le Président aura précisément reçu le rapport de Simone Veil sur la Constitution française. Le 8 janvier, Nicolas Sarkozy avait en effet annoncé son intention d'amender le préambule de la Constitution de la Ve République pour y intégrer "les nouveaux droits que notre époque appelle", notamment le respect et la promotion de la diversité.
"Si, pour des raisons éthiques, la diversité ne peut se définir sur une base ethnique, elle doit néanmoins refléter la richesse de notre société à tous les niveaux de responsabilité", admet le chef de l'Etat et, ce faisant, le souligne. Fonction publique, grandes administrations centrales, collectivités locales, télévision, Education nationale représentent pour Nicolas Sarkozy les creusets de cette "action positive" qu'il refuse d'assimiler à des quotas …’positifs’.
> Dans le domaine de l'éducation, l'Institut de Sciences politiques de Paris était un symbole d’excellence et un sujet d’aigreur pour les politiciens qui ne sont pas passés dans son moule froid. Ils ont décrié cette (dé)formation, mais, en créant une filière spécifique, c’est celle qu’on a ouverte en premier aux quartiers ! L’école à la tête de laquelle on a commencé par nommer un directeur ad hoc, a bientôt expérimenté la réservation de places dans ses filières à de jeunes privilégiés des quartiers difficiles. Mais en n’en créant pas d’autres en compensation, les places devenues chères, en garder pour certain(e)s , c’est en soustraire à d’autres : d’excellents éléments en sont privés, parce qu’à qualités égales, ils ne viennent pas de quartiers assez sensibles. Et qui osera prétendre qu’un excellent candidat est supérieur à un autre, parce qu’il est issu de la diversité? Que sont donc devenues les notions républicaines d’excellence et d’égalité ? Une hiérarchie est-elle en train de s’établir, qui place la diversité au dessus de l’égalité.
> Les inégalités sont-elles vraiment plus grandes dans les quartiers de banlieues des grandes villes que dans les campagnes dépeuplées, parce qu’elles sont plus concentrées et donc plus visibles ? Les chambres de bonne et les studios vont s’arracher à prix d’or dans les banlieues. Et faire monter les loyers...

Des affirmations aussi hasardeuses que 'positives'
> "Bien sûr que Barack Obama a été élu parce qu'il était le meilleur, mais en plus il est porteur de sa propre histoire", affirmait récemment Nicolas Sarkozy, pour les besoins de la cause. Notons que les ascendants Noirs d'Obama ont été épargnés par l'esclavage et n'est guère le symbole qu'on voudrait.... Ce n'est que du « diplomatiquement correct », car chacun sait que l’éléphant républicain ne faisait pas le poids face à l’âne démocrate et que l’alternance a pu jouer à plein après deux mandats républicains.
> La question de l’élection à la Maison Blanche d’un premier métis, plutôt que d’une première femme, la féministe Hillary Clinton, n’interpelle personne, surtout pas Christiane Taubira et pas même Sa Cynique Majesté Royal ?
> Reste que la sagesse exigerait d’attendre que le président élu ait commencé à faire ses preuves avant de conclure au miracle de la diversité. Sa couleur de peau n’a encore prouvé qu’une chose, c’est qu’on peut être métis aux Etats-Unis et réussir. Imaginons en outre que son action ne réponde pas aux attentes, est-ce que sa part blanche reprendrait le dessus. Le projet du Président français serait-il remis en cause ? Il faut donc aller vite, du point de vue du CRAN…

Faut-il aller plus vite que la musique du « Star-Spangled Banner » ?

L'ancienne ministre de Valéry Giscard d'Estaing,
Simone Veil, a mené les travaux d'un comité de réflexion sur la Constitution, composé de parlementaires, juristes, intellectuels, scientifiques et membres de la société civile.
> Le rapport, attendu initialement fin juin, décevra les attentes de l'Elysée, dit-on de source proche du comité.
Il devrait en effet réaffirmer le caractère intangible du principe constitutionnel d'égalité qui fait obstacle à la "discrimination positive", politique née dans les années 1960 aux Etats-Unis et qui a consisté à rendre obligatoire l'accession des Noirs aux universités et à certains emplois.
> Le réservoir d’excellence de la diversité existe déjà
En 2004, Nicolas Sarkozy avait déjà trouvé qui nommer préfet du Jura : Aïssa Dermouche, d'origine algérienne. Récemment, Pierre N'Gahane, d'origine camerounaise, et Nacer Meddah, d'origine algérienne, ont été respectivement nommés préfets des Alpes de Haute-Provence et de Seine-Saint-Denis. Y aura-t-il assez de départements ?

Dans sa très grande cohérence, l’opposition prend volontiers pour cibles -« privilégiées »-, Rachida Dati, Fadela Amara et Rama Yade, ministres emblématiques de la diversité. Leurs qualités de femmes, et de femmes issues de la diversité, ne semblent pas suffire à en faire des ministres d’excellence, selon la gauche ? Toutes autant qu’elles sont, la secrétaire d'Etat à la politique de la ville, la ministre de la Justice et la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme sont constamment harcelées et la presse de gauche assure qu’elles sont en délicatesse avec l'Elysée. Faudra-t-il que l’ « affirmative action » » ne s’adresse qu’à des candidats de gauche ?

Carla Bruni-Sarkozy soutient, mais ne signe pas

> Dans la perspective des élections européennes de juin 2009 et des éventuelles régionales du printemps 2010, un manifeste initié par le millionnaire Yazid Sabeg (Lire PaSiDupes) et intitulé "Oui, nous le pouvons!", en référence au slogan de campagne de Barack Obama ("Yes we can"), réclame notamment "un pacte national de la diversité" pour en finir avec des listes électorales monocolores. Il est prévu que le blanc ne serait plus une couleur.
> Parmi les premiers signataires, on relève une grande diversité de noms de responsables politiques, comme Jean-François Copé et Patrick Devedjian (UMP), Dominique Voynet (Verts), Christiane Taubira (PRG), Arnaud Montebourg et Christian Paul (PS) mais aussi des personnalités de la société civile, l'avocat Théo Klein, ou encore l'historien Benjamin Stora, ainsi que le collectif Les Gracques.
Le manifeste bénéficie de l'appui de Carla Bruni-Sarkozy, qui a déclaré au JDD être "d'accord avec le texte" tout en expliquant que son statut d'épouse du président de la République l’empêchait de pouvoir le signer. L’épouse du chef de l’État français revendique dans l’hebdomadaire son engagement antiraciste.

Ce "manifeste pour l'égalité réelle", publié par le Journal du Dimanche dimanche 9 novembre, est lancé avec le soutien de l’épouse du président français, Carla Bruni-Sarkozy, par divers acteurs publics qui réclament un Grenelle de la diversité.

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