mardi 3 juin 2008

L’amère Royal trouvera-t-elle la ch’ti Aubry sur son chemin

Qui tiendra la baraque à frites du PS ?
La ch’tite maire de Lille a n’a pas la frite
A 58 ans, Martine Aubry s’appuie pesamment sur le passé, dont le sien. Pour la vision d’avenir, c’est manqué! N’a-t-elle pas en effet conclu la rencontre des «reconstructeurs» du PS, dimanche à Paris, en vendant les antiquités socialistes et en vantant son action passée: «Je suis fière des congés payés, de l’abolition de la peine de mort et des 35 heures… Je veux retrouver la gauche collective, créatrice, solidaire et joyeuse ; laissons de côté nos querelles dépassées !» a-t-elle lancé. Aucun amalgame ! Que des applaudissements, de quelque 800 militants conservateurs et responsables nostalgiques.
Martine Aubry aura tout au plus réussi à détourner un instant l’attention du champ de bataille socialiste. Depuis leurs tranchées respectives, les amis des anciens frères ennemis, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Arnaud Montebourg, s’observèrent en comptant les fidèles de la maire de Lille. Un dimanche tous ensemble pour incarner une alternative au duel entre Désirdavenir Royal et Bertrand Delanoë au congrès du PS à Reims en novembre (LIRE PaSiDupes) , mais chacun pour soi pour gagner la partie de chaises musicales. Si la journée d’hier n’était «ni chiante ni méchante, car sur des bases politiques» , estimait Guillaume Bachelay, proche de Fabius, Martine Aubry a fait exploser l’applaudimètre avec quelques mines anti-personnel destinées à ses deux rivaux préférés. "Laissons de côté nos querelles dépassées"' en effet...

Plus rose que quiconque, Aubry revendique l’héritage socialiste.
«Nous sommes tout simplement socialistes, sans besoin d’y ajouter d’autre qualificatif. Cela se suffit à soi-même. Ceux qui ont honte de le dire n’ont rien à faire dans notre parti», a lancé la peu amène Martine, ciblant Bertrand Delanoë, qui se définit comme «libéral et socialiste». A Delanoë, elle promet le goulag !
Et à Sa Cynique Majesté Royal, le camp de rééducation: «Je n’ai rien dit, mais je ne me suis pas sentie bien. On avait oublié que le politique, c’est donner une vision, un sens et pas demander à chacun ce qu’il veut», a-t-elle lancé, dénonçant la «démocratie participative» de l’ex-candidate. Elle n’aura pas non plus épargné son «ordre juste» : «Il faut remettre la phrase dans le bon ordre et dire qu’il n’y a pas d’ordre sans justice

Aubry rassemble: autour d'elle ou contre l'amère Royal ?
Arrivé à l’heure du p’tit déj’, Laurent Fabius buvait le petit-lait de Martine, estimant que les «reconstructeurs» sont «ce qui est arrivé de plus nouveau au PS depuis dix ans. Le mot collectif est important, mais pas sur n’importe quelle ligne : on nous demande d’être authentiquement à gauche, de ne pas confondre tout et n’importe quoi». «C’est une belle journée», a estimé Aubry, les pommettes en feu.
De fait, pour son grand retour sur la scène nationale, l’ex-numéro 2 du gouvernement Jospin s’est placée au centre de gravité de ce «mariage de la carpe et du lapin», selon le reproche de leurs adversaires . Après avoir dénoncé le «laissé faire du marché» et «la concurrence exacerbée entre les biens et les personnes», en harmonie avec les fabiusiens, elle a séduit les strauss-kahniens en reconnaissant que «le monde a changé. Nos valeurs sont les bonnes, mais nous n’avons pas travaillé. Les protections d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Il faut faire la révolution de l’Etat et des services publics».

Une première secrétaire aux 35 heures?
Pour Aubry, dimanche fut un moment d’exception. En effet, les dommages collatéraux des 35 heures sont encore sensibles dans son propre camp, comme à droite. L’intéressée s’attache à ne pas perturber davantage: «Nous allons échanger, débattre. Si nous continuons comme on l’a fait aujourd’hui, ce congrès, nous le gagnerons.» «Le test, ce sera le moment de la motion, à la rentrée», précisait Claude Bartolone, qui se félicitait que «l’alternative prenne si vite».

Sans illusions
Avec son cercle Rénover, armée d’un réseau limité dans le parti, la maire de Lille connaît, à l'approche du cap de la soixantaine, un légère remontée en grâce chez les militants. Ses fidèles se chargent de faire monter la sauce. On se cite entre soi, entre convaincus : « Stéphane Rozès [de l’institut de sondage partisan, CSA...] assure que «les Français savent qu’elle a fait plein de trucs bien à Lille [mais n'avait-elle pas que çà à faire?...], où elle a été réélue avec deux tiers des voix [dans un bastion socialiste]. Elle a l’image de quelqu’un qui peut changer les choses [en faisant abstraction des 35 heures?]», explique Jean-Marc Germain, son ...directeur de cabinet. On n’est pas éllé chercher très loin pour s’encourager. Le paradoxe ne fait pas peur : «C’est justement parce qu’elle a des réseaux limités dans le parti que c’est une bonne candidate», hasarda un proche de DSK.
Quand la printanière eurodéputée Pervenche Bérès, la nouvelle maire de Reims, Adeline Hazan, et la vice-présidente de la région Picardie Laurence Rossignol lui ont soumis [au cours d'une rencontre Tupperware? - désolé, les filles! ] leur appel intitulé «Une autre femme est possible», «Martine a rigolé et a dit, très mitterrandienne : "Je n’interdis rien."», raconte cette dernière.
Un combat de femmes qui augure bien de crêpages de chignons dans la tradition [sexiste].

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):