vendredi 6 juin 2008

Education : les axes principaux de la réforme du lycée

Un lycée à la carte, un bac équilibré et des enseignants mieux formés
Le Président Sarkozy a annoncé, le lundi 2 juin, les grandes lignes de la réforme du lycée, du Bac et de la formation des enseignants à l’Elysée pour fêter les 200 ans de l’université napoléonniene. Lire PaSiDupes

De son vrai nom « Position commune sur les objectifs et les principes directeurs de la réforme du lycée », cette réforme a pour but de « moderniser » l’enseignement secondaire et de garantir une meilleure réussite dans la poursuite des études.

Etat des lieux
La situation du lycée d'enseignement général et technologique "n'est plus tenable", a-t-il estimé. "Le système des filières (...) écrasé par la section scientifique est totalement déséquilibré et ne remplit pleinement aucun des objectifs recherchés." Le problème majeur des coefficients du bac reste entier : il décide de l’ « intérêt » que le lycéen attachera à une matière, ou non. Un élève de la filière S aura besoin de l’anglais dans ses études d’ingénieur, mais négligera la matière à coefficient trois, contre 9 en maths de spécialité…
"Formidable ! En dehors de la voie scientifique, pas d'avenir pour nos élèves mais à la sortie pas assez de scientifiques", a-t-il ironisé. Les enseignants ont eux-mêmes participé au renforcement de cette situation élitiste, y compris les syndicalistes de la FSU...
"Il nous faut ensemble imaginer un lycée beaucoup plus souple, qui va dépasser les impasses du cloisonnement trop rigide en filières (...), où la seule règle serait la diversité des voies proposées" et où les lycéens pourraient choisir leur cursus selon leurs goûts et leurs compétences, a-t-il expliqué.
Pour Nicolas Sarkozy, "cette liberté plus grande donnée au lycéen le préparerait mieux à l'enseignement supérieur" en lui permettant de se spécialiser de façon plus progressive.

Les grands principes
Le président Sarkozy a jugé indispensable de repenser l'équilibre entre cours magistraux et travail personnel. Il a, à ce propos, dénoncé au passage la surcharge des emplois du temps des élèves, "où s'empilent les options" (dont les langues régionales, à l’heure où le français mène un combat d’arrière garde face à l’anglais) et qui "n'arrange pas la santé (des) finances publiques". Les options ne servent qu’à gagner des points au bac sans beaucoup d’efforts ni de capacités réelles.
Dans le lycée à la carte que le Président appelle de ses voeux, la classe de seconde "devrait retrouver sa vocation à orienter les élèves". Ce qui est actuellement pourtant le cas… C’est une classe de remise à niveau et d’évaluation des élèves avant ventilation dans les différentes filières. Nicolas Sarkozy a souhaité que cette "nouvelle seconde" soit mise en place à la rentrée 2009, avec pour objectif la mise en oeuvre du nouveau lycée "à horizon 2012".
Il a d'autre part confirmé la généralisation du bac professionnel en trois ans à partir de septembre 2009, afin de lui conférer "la même dignité" qu'à la voie générale.

Le corps enseignant est, lui aussi, appelé à évoluer, a par ailleurs déclaré le chef de l'Etat, qui a dit mesurer "l'étendue du malaise" des professeurs et entendre leur "impatience". Il a souhaité que les enseignants soient mieux formés, avec un an d'études supplémentaires, dans le cadre de l'université, dont la place doit être "pleinement reconnue".
Nicolas Sarkozy a ainsi sonné le glas des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). Ce qui aurait dû être une pépinière de pédagogues n’a été qu’un élevage en batterie. Les stagiaires en IUFM étaient formatés par des pédagogues -idéologues et sectaires-, souvent coupés depuis des lustres du milieu éducatif réél.
"Nous avons décidé, avec Xavier Darcos, que les différents concours (professeurs des écoles, Capes, agrégation) soient intégrés au cursus universitaire et soient ouverts à tout titulaire (...) d'un 'master 2'", a-t-il dit.
Les nouveaux concours seront mis en place dès la session 2010, a précisé Nicolas Sarkozy, selon qui le recrutement des futurs professeurs après une année d'étude supplémentaire permettra de mieux les rémunérer en début de carrière.
Il a promis de se pencher sur les affectations pour qu'elles tiennent mieux compte des voeux des professeurs et des besoins, et souhaité que soient développés les dispositifs de recrutement hors éducation nationale.
Il a dit compter sur Xavier Darcos et sur la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse pour préciser "dans les prochaines semaines" leurs intentions en matière de formation et de recrutement.
"Nous voulons signer avec les professeurs de France (...) un nouveau pacte de confiance", a conclu Nicolas Sarkozy.
Il a admis que cela impliquait un effort financier de l'Etat et réaffirmé que la moitié des économies dégagées par les réductions d'effectifs serait redistribuée aux professeurs.
"Bien sûr, il faut être réaliste : ce pacte de confiance ne peut consister en une mesure de revalorisation générale et sans contrepartie (...) L'Etat des finances publiques ne le permet pas", a cependant averti Nicolas Sarkozy, qui a invité les professeurs à réfléchir "de façon responsable et constructive à une évolution de leurs pratiques et de leurs missions".

Plus précisément
Ce chantier est énorme car il concerne à tous les acteurs du lycée : lycéens, enseignants et établissements. Le gouvernement se prépare d’ailleurs à engager un nouveau bras de fer avec les syndicats étudiants quelques semaines après les manifestations contre les suppressions de postes de professeurs.
En ce qui concerne le lycée, l’Etat veut qu’il soit « plus diversifié, plus modulaire » et que les élèves soient mieux préparés à l’enseignement supérieur, à la faveur d’une spécialisation plus progressive. Ce dernier point n’est pas franchement nouveau.
Le projet se compose de 4 objectifs majeurs
- garantir la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur :
Le projet de réforme prévoit un meilleur accompagnement et une meilleure information sur les différentes formations post-bac et une meilleure préparation des lycéens en terminale à la 1ère année d’université. Son objectif est en 5 ans de réduire par 3 le taux d’échec dans le premier cycle de l’université pour atteindre l’objectif de 50% de diplômés de l’enseignement supérieur.

- assurer la réussite scolaire de tous les élèves au lycée :
Xavier Darcos, le ministre de l’Education, a affirmé son intention de réduire le redoublement. En effet 15% des élèves de seconde redoublent. Il mettra en place des « aides pour les élèves les plus fragiles ». Par la même occasion, le ministre veut réduire le poids des déterminismes sociaux qui règne au lycée. Le rapport de cause à effet n’est malgré tout pas aussi évident que ce qu’en dit la propagande de gauche.
- permettre à chaque élève de mieux choisir son orientation :
le président de la République et le ministre de l’Education nationale ont annoncé leur volonté de faire du « nouveau lycée » un endroit où les élèves auront « la liberté de construire leur parcours » selon leurs attentes, projets et goûts. C’est maintenir chez l’élève l’illusion que son projet aboutira quoi qu’il arrive, abstraction faite de ses résultats…
- donner de nouvelles marges d’autonomie aux étudiants et aux établissements : les étudiants auront une plus grande autonomie et auront la possibilité de travailler à leur rythme. L’autonomie est une vieille lune dans le milieu enseignant comme parmi les parents, mais ni les uns ni les autres ne se sont préoccupés, ou n’ont réussi à de former les adolescents à l’autonomie.
Pour les établissements, l’Etat prévoit
- la refonte de l’offre éducative (soutien…) des établissements en la rendant plus équitable sur l’ensemble du territoire,
- des enseignants plus présents dans les établissements (cours de soutien, entretien d’orientation, des cours de méthodologie).
- moins de cours théoriques et un encadrement pédagogique plus individualisé peuvent faciliter la compréhension, mais l’apprentissage des savoirs restera un travail personnel que l’élève consentira, ou non.
Considérant que les professeurs sont déjà extrêmement soucilleux sur le sujet de leur indépendaance pédagogiques et enclins à des expériences originales et irresponsables, lepire est à venir! La mise en compétition des établissements peut en outre mener à des excès considérables, en termes de démagogie, de tromperies et d'injustice.

De l’autre côté, le président de la République a précisé les contours de la réforme du Bac. Cette réforme prend effet dès la rentrée prochaine. Elle comporte 2 axes :
- le dispositif de reconquête du mois de juin : il s’agit de faire continuer les cours aux lycéens pendant le mois des examens de juin, et même si le lycée est occupé par des épreuves, ce sont les établissements qui doivent mettre en place les moyens pour assurer les cours. Sachant que les enseignants dans leur immense majorité n’enseignent pas qu’en terminale (ou en BTS) et sont réquisitionnés en pointillés pour les diverses épreuves d’examens facultatives, d’abord, puis les épreuves obligatoires, orales et écrites (dès le mois de mai pour les BTS), et qu’ils sont aussi correcteurs et membres de jurys, les personnels disponibles pour les 2e,1ères et BTS 1ère année seront extrêmement rares.
- l’épreuve orale facultative du langage des signes est créée pour 200 candidats de la série technologique hôtelière.
Avec le ministre de l’éducation Xavier Darcos, Nicolas Sarkozy prévoit la mise en place de la « nouvelle classe de seconde » en 2009. Les premières épreuves du bac nouvelle manière se dérouleront donc en 2012.
Autres projets à l’étude :
- l’ouverture des lycées plus tard,
- mise en place d’un « statut lycéen », qui généralisera les maisons de lycéens. - - la mise en place d’une « carte nationale du lycéen » ouvrant des droits (culture, transport…) est à l'étude. Ce qui ne sera qu’une extension de ce qui existe déjà et donne droit à des réductions.

Le ministre de l'Education, Xavier Darcos, a chargé le recteur de l'académie d'Aix-Marseille Jean-Paul de Gaudemar de piloter la réforme du lycée.
"Recteur de l'académie d'Aix-Marseille depuis 2004, polytechnicien, économiste, ce fin connaisseur des rouages de l'Éducation nationale (il a dirigé l'enseignement scolaire de 2000 à 2004 notamment sous Jack Lang puis sous Luc Ferry) a la réputation de diriger son rectorat comme on manage une PME. Conscient qu'il gère un budget de 3 milliards d'euros et veille sur l'avenir de 600 000 jeunes et de 50 000 salariés, il ne prend pas de décision à la légère." Lien Le Figaro

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