jeudi 27 septembre 2007

Les premiers ados jugés s'excusent auprès de Mama Galledou…

Les violences urbaines frappent les innocents les plus défavorisés
Des excuses du bout des lèvres et une question: les ‘provocations policières’ sont-elles un mythe fumeux ?
Justice spectacle ? La presse insiste : les deux premiers ados jugés s'excusent ! Leur souffrance sera bientôt sans commune mesure avec les souffrances de la victime.
Les victimes des violences urbaines ne sont pas les caïds en Lacoste qui roulent carrosse en BM, la musique à donf, et dont l’origine des ressources reste incertaine, mais plutôt de modestes travailleurs, comme l’étudiante africaine venue à Marseille parfaire ses études et qui s’est trouvée piégée dans un bus de la ville incendié par de jeunes désoeuvrés abreuvés de la violence des quartiers parisiens qu’ils voulaient reproduire à l’identique, pour passer à la télé… La débilité fait des victimes, mentalement dans leur cas, physiquement et psychologiquement dans celui de Mama Galledou.
La presse a amorcé l’intox avec l’ouverture du procès mardi 25 au tribunal pour mineurs de Marseille. Si le resquilleur de la Gare du Nord de 34 ans est présenté dans les médias comme un jeune (!) pour assurer la mobilisation des ‘vrais’ d’jeuns rôdeurs de la gare, Mama est classée ‘jeune femme’ à 27ans
Mama est Sénégalaise mais ce détail est effacé. Pourquoi ? L’excuse officielle sera la réserve des journalistes qui se refuseraient de connoter le drame ? Officiellement, préciser que la torche vivante du bus de Marseille est une jeune étudiante africaine serait assimilé à une prise de position politiquement incorrecte : il ne faut pas fournir de preuves que les victimes des violences urbaines sont des travailleurs, immigrés ou non, et que de ‘provocations policières’ il n’y a en aucune façon ! Les mythes ne sont pas faits pour être brûlés.
Une agence de presse rapporte, ou plutôt présente, les faits, à sa façon, dans un effort purement ‘pédagogique’!… Les deux adolescents, responsables présumés (c'est la loi qui en a de bonnes... ) avec six autres mineurs de l'incendie criminel en octobre 2006 d'un bus à Marseille, dans lequel une jeune femme, Mama Galledou, avait été grièvement brûlée, se sont excusés auprès des victimes, mardi au premier jour de leur procès, selon leurs avocats.
Les audiences se déroulent à huis clos devant le tribunal pour enfants de Marseille.
Les jeunes criminels sont conscients, la justice aura sans doute tendance à l’oublier : "Mon client a conscience de la gravité des faits mais dit qu'il n'a pas voulu ça. Il sait qu'il va être puni, ce qu'il juge normal", a déclaré l'avocat de l'un d'entre eux, Me Philippe Vouland, en espérant que le jugement "ménage un avenir" aux prévenus.
L'avocat du second prévenu, Me Michel Lao, a expliqué que son client "vit avec le poids de ce qui s'est passé". "C'est un gâchis, toutes les familles sont meurtries". A la mince différence que certaines sont responsables et que d'autres ne le sont pas... Ces deux avocats-là font la paire!
Dans ce groupe de huit ados, aucun n’aura évalué le risque à sa juste valeur, puisque ce spectacle leur est servi à chaque repas pratiquement depuis l’automne 2005. Banal ! Cette presse souligne que les prévenus, âgés de 15 ans au moment des faits, sont poursuivis pour incendie volontaire ayant entraîné une infirmité ou une mutilation permanente. Ils encourent une peine maximale de 15 ans. Aucune mention de préméditation : si la presse était complète, les blogs n’auraient pas autant leur raison d’être.
Tous deux ont reconnu pendant l'instruction avoir participé le 28 octobre 2006, dans la cité de la Renaude, à l'incendie du bus de la ligne 32 dans lequel avait pris place Mama Galledou, organisé pour faire parler d'eux dans les médias. Ils ont affirmé aussi qu'ils ne voulaient blesser personne. Oser affirmer qu’ils y ont seulement songé est quelque peu abusif. Ils étaient livrés à eux-mêmes et habitués à copier leurs comportements sur celui de leurs aînés, au lieu de penser par eux-mêmes.

La journée de mardi a été consacrée à l'étude de la personnalité des prévenus, avec l'audition d'éducateurs et d'experts psychiatres. Il valait mieux ne pas être présents à ça...
Dans l'après-midi, la famille de Mama Galledou (outre les passagers qui ont pu se sauver des flammes) et quatre autres victimes piégées -trois occupants du bus et la conductrice Danielle Fernandez- ont reçu des jeunes gens les regrets qui leurs étaient soufflés par la défense, pour le ‘préjudice’ occasionné et les souffrances subies.
Mama Galledou n'était pas à l'audience. La jeune Franco-sénégalaise de 27 ans, brûlée au deuxième et troisième degrés, sur 62% de son corps, avait expliqué il y a quelques jours que le moindre geste lui coûtait (un euphémisme) et qu'en outre elle craignait d'affronter le regard de ses agresseurs et celui des médias. Ne seraient-ils pas bienveillants?
Son avocat, Me Alain Molla, n'a pas exclu qu'elle témoigne jeudi matin devant le tribunal, même si cette audition est facultative. Si elle se décide à témoigner, elle pourra le faire par le biais de la visioconférence, a souligné le procureur de la République de Marseille, Jacques Beaume, qui a précisé que ce serait une première dans sa juridiction. Justice spectacle?
Me Cyril Collard est sur le coup et assiste Danielle Fernandez, la conductrice du bus. Il a souligné le contraste "entre l'horreur des faits commis et la banalité de ces deux jeunes". "On a affaire à des enfants. En même temps, on a envie qu'ils soient traités comme tels mais en même temps ils ont fait des ravages", a-t-il dit, la main sur le cœur et prenant le vent.
Me Victor Gioia, avocat d'une des autres victimes, a estimé "que leur jeune âge ne les excuse pas". "L'image angélique donnée par les travailleurs sociaux dans la matinée a craqué. On voit que c'est un groupe, une meute solidaire dans le guet-apens tendu".
La journée de mercredi verra défiler les témoins de l'incendie, ainsi que les enquêteurs et les experts médicaux. Le jugement est attendu vendredi soir. En cas de retard, le procès se poursuivra jusqu'à lundi.


Les six autres incendiaires présumés, âgés de plus de 16 ans
au moment de l'incendie, en âge de prendre femme et de faire des enfants, âge auquel certains souhaitent abaisser le droit de vote, seront jugés devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône, à partir du 3 décembre. Ils risquent jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.
Sans attendre le 3 décembre 2007, la peine de Mama Galledou est déjà prononcée, depuis la nuit tragique du 28 octobre 2006 et ce ne sera pas trente ans.
Me Philippe Vouland, un peu de pudeur, s’il vous plaît, (si possible), lorsque vous espérez que le jugement "ménage un avenir" aux prévenus : si vous avez un soupçon d’intelligence du cœur songez que l’avenir de Mama est scellé et qu’elle méritait mieux.

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