jeudi 24 mai 2007

Démissions à la Cité Nationale de l'histoire de l'immigration

L'historien Patrick Weil démissionne avec d'autres.
Outre Gérard Noiriel , six historiens ont démissionné du comité d'histoire de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI)
Marie-Claude Blanc-Chaléard,
Geneviève Dreyfus-Armand,
Nancy L. Green,
Vincent Viet,
Marie-Christine Volovitch-Tavarès
Patrick Weil (photo) , directeur de recherches au CNRS. Ancien membre du Haut Conseil à l'intégration (1996-1999) et ancien membre de la commision Stasi
et le démographe Patrick Simon

Quatre autres membres n'ont pas démissionné, sans expliquer publiquement leur position.

La CNHI, projet porté par Jacques Chirac, ouvrira ses portes cet été au Palais de la porte Dorée, à Paris (XIIe).

Gérard Noiriel est également le président du Comité de vigilance [!] face aux usages publics de l'histoire (CVUH). Ce comité a été créé il y a deux ans par des chercheurs et enseignants en histoire opposés à l'article 4 de la loi du 23 février 2005 prônant l'enseignement du «rôle positif» de la colonisation.


Cette mobilisation avait alors porté ses fruits, Jacques Chirac ayant abrogé cette disposition...

Déclaration de Patrick Weil à l'AFP:
Selon l’historien Patrick Weil, spécialiste des questions d’immigration, signataire d’un texte adopté par sept autres universitaires, «l’association de l’immigration et de l’identité nationale est inacceptable». «C’est une honte, a-t-il déclaré à l’AFP. Au moment où tant de gens se rallient en trouvant formidable de faire partie d’un gouvernement moderne, il faut rappeler qu’il y a quelque chose qui n’a rien de moderne et au contraire effrayant dans la création de cette administration.» Selon le texte, le rapprochement des deux termes «s’inscrit dans la trame d’un discours stigmatisant l’immigration et dans la tradition d’un nationalisme fondé sur la méfiance et l’hostilité aux étrangers dans les moments de crise». [procès d 'intention]
Le texte rappelle que la CNHI vise à «rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessibles les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France, notamment depuis le XIXe siècle, et contribuer ainsi à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration». L’un des défis est de «faire admettre comme patrimoine commun ce phénomène indissociable de la construction de la France qu’est l’histoire de l’immigration».


Entretien accordé par Patrick Weil à Libération à propos de sa démission:
Pourquoi avez-vous démissionné de la CNHI?
Il s’agit pour moi d’un acte éthique. On ne peut pas accepter la création d’un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du co-développement et faire comme s’il ne se passait rien. Vu notre métier, vu les manipulations politiques qui existent contre l’immigration et vu le développement du nationalisme xénophobe, c’est notre travail qui est en jeu même si la CNHI elle-même n’est pas entachée par la création de ce ministère.
Nous participerons à titre privé aux activités de la CNHI, aux conférences, mais nous ne siégerons plus dans les instances publiques afin de garder notre indépendance et notre sens critique.En quoi la création de ce ministère peut-elle peser sur le fonctionnement de la CNHI?
La CNHI a un sens: elle vise à permettre à tous les Français, à tous les jeunes, de comprendre l’apport et la part des étrangers depuis deux siècles dans le développement de la société française. L’idée est de combattre les préjugés et toutes les images falsifiées. Or associer «identité nationale» et «immigration», ce qui est unique dans un pays démocratique, signifie que la France et les Français ont un problème avec la question même de l’immigration.
Mon rôle est d’expliquer que cette confusion est une régression historique. Il ne faut pas schématiser et faire de l’immigration un «problème». Selon moi, il n’y a pas de raisons d’associer la naturalisation au contrôle des frontières dans un même ministère, de regrouper des domaines distincts. On sent d’ailleurs dans la politique menée un ciblage vers certaines origines par rapport à d’autres. On veut empêcher certaines nationalités d’entrer en France, restreindre certains visas.Pourquoi pensez-vous que ce ministère ne va pas fonctionner?
Parce que les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de l’Emploi vont se contenter de se décharger des tâches peu nobles en matière d’immigration sur ce nouveau ministère. Il n’est pas cohérent historiquement d’associer le droit d’asile au regroupement familial. Ce nouveau ministère risque d’être débordé et de ne pouvoir remplir ces fonctions.
Mais il faut savoir ceci pour comprendre la raison politique à cette démission. La voici:
Les Amis de Marie-sEGOlène Royal se sont réunis mardi 20 février 2007 au Bataclan pour déclarer leur soutien à la candidate socialiste. La soirée a été à mi-chemin entre meeting politique et café philo.
Pendant deux heures, devant 600 personnes, et sous l’oeil de la maîtresse de cérémonie, la journaliste Laure Adler, une quinzaine d’intellectuels et d’artistes dont Philippe Torreton, l’écrivain Erik Orsenna, l’anthropologue Françoise Héritier, l’historien Benjamin Stora -l'un des 150 'intellos' (voir libellé PaSiDupes), le sociologue Patrick Weil ou le psychanalyste Gérard Miller, ont défilé au pupitre.
Patrick Weil n'échappe pas à la règle: on peut tenir des propos édifiants et poser des 'actes éthiques' DEVANT LA PRESSE mais n'être qu'un misérable...

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