jeudi 7 septembre 2006

Canaries -Immigration clandestine: le pire est à venir.
Quelque 900 immigrants africains clandestins ont débarqué mardi 5 septembre aux Canaries: cette déferlante submerge l’Espagne. Et l’espace Shengen, donc l’Union Européenne entière. Tous les records sont pulvérisés, avec 898 immigrants, contre un précédent pic de 732, le 29 mai. Ce week-end déjà, environ 1.500 clandestins avaient déferlé aux Canaries, du jamais vu en deux jours.
Mercredi 6 septembre, à la mi-journée, deux pirogues transportant respectivement 93 et 73 immigrants, avait déjà été remorquées au sud de l'île de Ténérife. Et les secours espagnols ne s'attendent à aucune rémission. Depuis janvier, plus de 22.000 émigrants ont débarqué illégalement aux Canaries, loin devant le précédent record annuel: 9.929 arrivées en 2002.

L'immigration clandestine se convertit dès à présent et progressivement en boulet politique pour le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, dont la gestion de la crise canarienne est désapprouvée par une majorité d'Espagnols inquiets. Le gouvernement espagnol, impuissant et critiqué, se désespère mais s'active sans relâche à mobiliser l'Union européenne et les pays africains d'où partent les clandestins, car les embarcations d'immigrants accostent l'archipel des Canaries à un rythme de plus en plus soutenu.
Face à l'impuissance du gouvernement, les Espagnols s'impatientent. Selon un sondage Opina du 28 août publié mercredi par la radio Cadena Ser, 64,6% jugent que sa réponse à la crise canarienne "n'est pas adéquate", et 89% que "trop d'immigrants arrivent en Espagne".
L'immigration clandestine est passée au premier rang de leur préoccupations, devant le chômage, révélait déjà lundi un sondage qui reflétait une érosion de la cote de confiance de M. Zapatero.
L'UE n'échappe pas aux critiques. 91,6% des Espagnols jugent qu'elle doit "s'impliquer dans le contrôle de l'immigration illégale" et 81,5% qu'elle ne le fait pas.
Sous la pression insistante de Madrid, Bruxelles a bien dépêché cet été aux Canaries une mission de son agence Frontex pour patrouiller les côtes africaines d'où partent les émigrants. Mais seuls quatre pays y contribuent et des retards, cumulés à une carence de moyens, en fait jusqu'à présent un échec.
Les Canaries sont "un barrage sur le point de céder", avait averti mardi le président du gouvernement régional canarien, Adan Martin, très remonté contre le gouvernement et la passivité de l'UE. "Combien faudra-t-il de morts ? Combien de photos de corps épuisés ?" pour que la crise canarienne soit prise au sérieux, avait-il lancé lors d'une session extraordinaire du parlement régional.
Le gouvernement socialiste Zapatero devait évoquer, ce mercredi dans l'après-midi, la question avec le commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, Louis Michel, dans le cadre de leurs efforts tous azimuts pour mobiliser l'UE.
Le gouvernement espagnol a annoncé mardi qu'il allait soumettre avec la France et l'Italie une proposition sur l'immigration au sommet de l'UE d'octobre en Finlande et a convoqué une réunion ministérielle européenne sur le contrôle des frontières maritimes de l'Europe, prévue fin septembre à Madrid.
Quelle va être la réaction de la classe politique française ? Le PS est très silencieux sur cette tragédie humaine, comme sur celui du Darfour (Soudan) : la Maréchale candidate Me-Voilà-M’As-Tu-Bien-Vue ne s’est pas encore pavanée devant les caméras pour nous dire ce qu’il faut faire : elle n’a pas sur le sujet de phrase définitive et encore moins d’idée originale et réaliste. Quant à Flamby 1er, il ne fait aucune proposition constructive et ne manifeste aucune solidarité avec le parti frère espagnol : le flou et les théories ont leurs limites dans l’action.
Les partis de gauche seraient-ils embarrassés de leurs idéologies ?...

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