mercredi 30 août 2006

Boycott légal, pour changer…
C’est nouveau : un ministre appelle au boycott d’une augmentation illégale de salaire : il s’agit en l’occurrence pour les patients de s’opposer au "mot d'ordre lancé mardi par trois syndicats de médecins libéraux" d’augmenter leurs honoraires, d’autorité.
Trois syndicats de chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes libéraux ont appelé mardi 29 leurs adhérents à "demander des compléments d'honoraires" -doux euphémisme- à leurs patients à partir de vendredi 1er septembre, afin de dénoncer un "blocage" de leurs tarifs. Il convient de rappeler qu’une revalorisation de 12,5% a pourtant été réalisée fin 2004.

Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, a réagi de manière tout à fait inhabituelle et pour le moins innovante à cette incivilité. Après avoir en effet rappelé, sur Europe 1, que "les dépassements d'honoraires sont illégaux", il a en conséquence demandé aux patients de faire de la résistance : "Je dis aux patients qui se verraient imposer un dépassement illégal d'honoraires, ne payez pas ce dépassement". Ce sont en effet de véritables hausses sauvages.
Il a également fait appel à la raison, à la modération et à la patience des spécialistes concernés. "Aux chirurgiens qui pourraient être tentés par ce mot d'ordre, je leur dis, 'n'allez pas dans cette voie-là’ car c'est une impasse".
"Ce n'est pas parce que c'est compliqué, ce n’est pas parce que c'est long entre l'assurance-maladie et ces syndicats que les patients doivent en faire les frais". Le gouvernement n’étant pas partie prenante à ces négociations, il sert d’intermédiaire et de facilitateur. Il semble pourtant que l’impatience et l’indécence ont atteint une limite.

Qui sont ces médecins ? Cette agressivité à l’égard de ceux qu’ils sont supposés écouter et aider paraît en effet passablement choquante. S’agit-il d’une prise d’otages ? Les patients ont peut-être assez de soucis comme ça, non ?
Comment ces médecins spécialistes sont-ils syndiqués ?- L’UCDF (Union des chirurgiens de France) et son président, Philippe Cuq, (photo de gauche) semblent à la pointe. Créée en mai 2005, à l'occasion d'un "exil" symbolique des chirurgiens en Grande-Bretagne pour dénoncer, selon eux, le non-respect d'un accord tarifaire signé en 2004, l'UCDF a appelé mardi ses adhérents à appliquer une augmentation de 25% des actes chirurgicaux. Elle publia ses vœux…le 9 mai 2005: ‘Les chirurgiens de France souhaitent un prompt rétablissement au premier ministre M. Jean Pierre RAFFARIN, opéré par coelio-chirurgie de la vésicule biliaire’.
Secret médical assuré, à la condition d’une augmentation de seulement 25% des honoraires ? ...
- Mais il faut signaler aussi le SYNGOF (Syndicat des gynécologues obstétriciens de France), associé à l'UCDF depuis sa création, et avec qui il existe de nombreuses participations croisées;
- et l’AAL (Association des Anesthésistes Libéraux), associée à l'UCDF et au SYNGOF dans la défense des plateaux techniques libéraux et pour l'opération : "La France sans blocs opératoires" de l'été 2006.
Sans compter la Coordination Nationale des Médecins Spécialistes (Conatspé) : une coordination de plus, avec, par exemple, celle, de triste mémoire, des étudiants gauchistes anti-CPE qui noyautait les assemblées et les faisait dégénérer.

S’agirait-il encore d’une action politique,
comme nous en observons un grand nombre depuis quelques années : campagne terroriste dans les services d’urgence, exploitation de la canicule, mobilisation permanente du milieu hospitalier qui traumatise les plus faibles, les plus vulnérables, en les alarmant sur leur système de santé, qui pourtant attire paradoxalement des médecins étrangers, qui à leur tour s’insurgent ?… Des chirurgiens libéraux menacaient de partir en vacances "tous en même temps" pendant l'été 2006, pour faire entendre leurs revendications.
Dommage pour les malades… Des otages ? Certainement pas ! La psychose développée par tel et tel syndicats et l’exploitation qu’ils font du risque mortel des femmes enceintes, ou des vieillards, à des fins pécuniaires personnelles, sont odieux. En moyenne, nos médecins nous consacrent généreusement 7 minutes…entières, en consultation. Leur situation catégorielle n’est pas si dramatique qu’ils ne puissent pas accorder une meilleure écoute à leurs patients et consacrer du temps au dialogue avec l’assurance-maladie ?

Combien de chirurgiens se sont comportés impunément en bouchers… Si les patients ne peuvent obtenir de leurs chirurgiens une obligation de résultat, alors il est temps que les citoyens fassent respecter la loi et soutiennent le ministre qui travaille pour leur pouvoir d’achat…? Il nous est tous arrivé en effet de retirer notre clientèle et de faire la réputation d’un pharmacien, d’un commerçant, d’une clinique privée ou d’une grande surface, qui s’est mal comporté. Pourquoi ne pas appliquer ce traitement aux médecins indélicats, dans la mesure où ils doivent s’adapter comme les autres, d’autant qu’ils ne sont pas défavorisés.

Le test nous paraît intéressant, car, espérons-le, il va faire apparaître une résistance civique … légale!

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