vendredi 24 mars 2006

CPE -9- MATIN -Les portes vont claquer
C'est France 2 qui, me semble-t-il, a interrogé un ami Danois de Martine Aubry. Cet européen, comme la plupart des autres, trouve que les moeurs françaises sont 'exotiques'... Mais sur quoi se fonde-t-il?
Certes, comme chacun sait, nous n'avons pas la culture du dialogue. La représentation populaire vote; une quelconque catégorie socio-professionnelle encore plus populaire et républicaine n'est pas contente que ses avantages acquis soient remis en cause; les gouvernements réformistes entendent pourtant gouverner. Et voilà que les super démocrates les plus républicains font connaître bruyamment leur malaise dans la rue, en prenant en otages, pour leur bien, les masses laborieuses et les étudiants précaires, boursiers de la nation et défavorisés de pouvoir étudier jusqu'à 27 ans, ... en maîtrise!, comme certains pros de l'animation syndicale estudiantine, telle Anne Delbende, secrétaire générale de l'Unef.


L'opposition récupère aussitôt, quand elle n'a rien vu venir ou n'a pas fomenté elle-même la révolte. De toute façon, elle est toujours d'accord... On les a encore vus à l'oeuvre, les camarades syndicalistes réclament le dialogue mais posent bientôt un ultimatum, tandis que la gauche républicaine légitime le désordre, affirme son soutien du tout ou rien: c'est la politique du dialogue, à la française. L' Europe observe, effarée ou incrédule, cette
république bananière par ailleurs donneuse de leçons.

Nous en sommes au moment où le gouvernement s'apprête à revenir sur la chose votée et va déconsidérer un peu plus le Parlement. Il y est contraint, car
les médias déchaînés crient haro sur le baudet, sélectionnent les infos et trient les intervenants -l'UNI ou la FAGE ont-elles été admises dans le débat?- , sans parler des commentaires subjectifs de militants préparés à l'ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme). En somme, ils attisent les passions, bien que, pour certains, il soient subventionnés par la redevance!, font de l'audience ou du papier contre la droite au pouvoir qui détient notoirement tous les organes de presse: Nouvel Obs, Le Monde, Libération ou Le Parisien, sans compter les France Inter ou -Télévisions, lesquels, c'est bien connu, sont effectivement les relais du pouvoir réactionnaire. France-Info, un certain mardi de contestation dans la rue, 'subissait' des arrêts inopinés de travail -la solidarité? Le SNJ (Syndicat National des Journalistes), apprend-on au moment de l'ouverture du dialogue, s'apprête à participer à la journée d'action de 28 mars: la presse est libre et objective, qui en douterait?

Une majorité de français approuverait cette mascarade, affirment les medias militants: ça, pour le coup, c'est du manque de respect.
Outre qu'ils sont muets, les Français sont-ils massivement dupes? Pourvu que les étudiants et les travailleurs, pris en otages et méprisés, et leurs parents responsables, ne décident pas de se faire respecter en cassant tout dans la rue.

Cerise sur le gâteau? Aux 19° et 20° siècles, au cours des mouvements ouvriers, c'était une tradition de respecter l'outil de travail. De nos jours, l'UNEF du 21° siècle faillit à sa mission et les Dray et Emmanuelli, les mentors du p'tit Bruno, portent une lourde responsabilité, à défaut d'être coupables... Ils ne sont pas sans savoir quà l'EHES (École des Hautes Etudes en sciences Sociales), les professeurs ont dû faire appel à la police (le monde à l'envers, au SnesSup), pour chasser les étudiants, qui, à l'intérieur des locaux et non pas dans la rue, volaient les ordinateurs portables. Il y avait des casseurs venus des quartiers (?), il y a maintenant des étudiants-pilleurs. Il va falloir inclure des cours d'éthique et de déontologie sociales dans le cursus de l'école. Heureusement, pas plus que dans les quartiers, tous les djeun's ne sont de la racaille, les étudiants ne sont tous des maraudeurs.
"Moi, je veux qu'on me respecte!", hurle le pilleur. Ca va être difficile.

Note- Julien DRAY, étudiant, est militant au Mouvement d'Action Syndicale, une des organisations qui donnera naissance à l'UNEF-ID en 1980.
En 1984, il est l'un des fondateurs de SOS Racisme qui a, par la suite, crée les associations lycéenne FIDL en 1986 et féministe Ni putes ni soumises en 2003.


MIDI- J'te cause plus!
Voila que P'tit Bruno, qui réclamait le dialogue à cor et à cri, n'en veut plus, dès lors qu'il est invité à échanger au Ministère de l'Education Nationale. 'Niet! ' qu'il dit. Il ne serait pas un peu caractériel?
C'est possible, mais je crains qu'il ne manque plutôt d'autonomie. Il peut faire illusion aussi longtemps qu'il est la voix de son maître Dray, leçon apprise et récitée avec l'intonation, mégaphone de la CGT à l'épaule et oreillette France-Télévisions bien en place, serré contre Martine Aubry, la Mère Supérieure, avec laquelle il chuchotait pendant la messe d'Arlette Chabaud, mais tout seul chez Monsieur de Robien, il réalise que, sur le fond, il n'a pas l'étoffe, dans ses culottes courtes.


Mais voilà maintenant que les grands, qui sentent le danger, assurent qu'ils ne peuvent
pas discuter
sans leurs cadets. Les chiens de bergers reprennent le troupeau en main. Les 'vieux' ont besoin d'avoir la Coordination, l'Unef, la FIDL, la FAGE (ancienne AGE, membre de l'Unef) et l'UNL sous l'oeil. Tous unis!

Sans arrêt, de nouvelles exigences. En effet, ceux qui savent ce que dialoguer veut dire annoncent que ceux qui iront à Matignon ne comptent pas discuter: simplement répéter devant les caméras sympathisantes qu'on ne peut pas s'entendre avec ce gouvernement.
Il ne peut pas en être autrement: d'ici le 20 heures, cette fois, les portes auront claqué.

SOIR - La porte reste entrebaillée
Les claquements de porte ne sont pas encore pour ce soir. Il semble donc que l’UNEF compte beaucoup sur mardi 28 mars : j’aurais dû savoir lire entre les lignes.
Le 23 mars, Libération rapportait en effet le ‘témoignage’ (= ce qui constitue la preuve ( !), selon le Robert) de P’tit Bruno qui détient la vérité:
«Le gouvernement joue le jeu du pourrissement. Depuis quelques jours nous n'avons plus aucun contact avec Matignon ou la rue de Grenelle [le ministère de l'Education, ndlr]», témoigne Bruno Julliard, président de l'Union nationale des étudiants de France (Unef). «Villepin cherche délibérément à provoquer des affrontements. C'est prendre un risque considérable, poursuit le leader étudiant. Le Premier ministre sera seul responsable des débordements.»
Est-ce ce qu’on appelle
un dédouanement et un chantage ?

1 commentaire:

  1. Je viens de tomber sur votre blog, que je ne connais pas. Juste pour vous préciser que l'ESJ, que vous fustigez, n'est pas une école politique ou politisée. Les opinions au sein des étudiants sont très diverses, de la droite à la gauche, et l'on y enseigne la recherche de l'objectivité dans le traitement de l'information. Simple précision...

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