Comment Copé a été lynché par ses amis
Le président de l'UMP a tout tenté pour conserver sa position
1er janvier 1998: "Je souhaite une très bonne année au plus brillant de sa génération." Jean-François Copé, enfant juif aux sangs mêlés, né d'une mère algérienne et d'un père roumain, rêve d'arriver à l'Élysée et croit en son destin présidentiel. Mais depuis deux ans, le député-maire de Meaux doit faire avec la haine de son rival, François Fillon, fils de notaire vendéen, et de ses amis.
La descente aux enfers de Jean-François Copé s'amorce au soir du dimanche 18 novembre 2012. A 23 h 32, il revendique sa victoire : "Les militants viennent de m'élire président de l'UMP, ce qu'au PS un Harlem Désir ne pouvait affirmer, puisque coopté. C'est pour moi une grande émotion et je leur suis reconnaissant." A quelques kilomètres de là, dans le 7e arrondissement de Paris, François Fillon reste pétrifié par la déclaration de son concurrent. Quelques minutes plus tard, le téléphone de l'ex-Premier ministre sonne : c'est Copé qui le presse de reconnaître sa victoire.
Humilié par la défaite, Fillon conteste et s'emporte: "Je conteste ta victoire. Tu as été bien imprudent d'annoncer toi-même les résultats, d'autant plus que le scrutin est ultra-serré." La guerre des chefs est déclarée en direct.
"L'UMP est morte", jubilent socialistes et frontistes. Grâce à la médiation de Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, un armistice est pourtant signé le 17 décembre 2012. Mais Fillon jure de reprendre l'avantage au premier remous, tandis que dans les rangs du parti, les hommes de Fillon Copé ne n'appellent plus Copé que "putschiste et tricheur en chef". Le député-maire de Troyes, François Baroin, refuse même de lui serrer la main quand ils se croisent. De plus en plus impatient, François Fillon a fini par boycotter les réunions présidées par Copé pour ne pas cautionner "un simulacre de gestion collective".
L'hebdomadaire Le Point servira à Fillon l'affaire Bygmalion sur un plateau
Le 27 février, l'hebdomadaire accuse la société Bygmalion d'avoir empoché huit millions d'euros pour avoir assuré la tenue des meetings de campagne de l'UMP et du même coup le président de l'UMP qui aurait facilité l'enrichissement de deux de ses proches avec l'argent de son parti. Bygmalion est une boîte de com' créée en 2008 par Bastien Millot et Guy Alves, tous deux alors très proches de Jean-François Copé. Mais les deux patrons sont aujourd'hui mis en examen pour "recel de favoritisme" pour des contrats passés entre la société et France Télé.
L'ancien patron de Bygmalion s'est aussi placé sous la protection de la nouvelle majorité présidentielle. Or, quand Le Point dresse un portrait de Maître Millot le 27 mai, il réussit le tour de force de taire le soutien qu'il apporta à la candidate Anne Hidalgo dans sa campagne contre la candidate UMP, Nathalie Kosciuko-Morizet.
Copé contre-attaque
Quand en février 2014, à la veille des municipales, Le Point dénonce des surfacturations par Bygmalion, la justice se saisit aussitôt de l'affaire en lançant une enquête préliminaire sur les comptes du parti.
Le 15 mai, le quotidien socialiste Libération affirme que, sur les 20 millions d'euros déboursés par l'UMP à Bygmalion, 13 millions auraient été versés pour 55 conventions thématiques dont certaines n'auraient jamais eu lieu... C'est ce jour-là que le patron de l'UMP assure avoir mesuré la gravité des accusations visant à semer le chaos à l'UMP. Pour sauver son honneur, le député-maire de Meaux promet "un moment de vérité" une fois achevée la campagne des Européennes. Il demande à Éric Cesari, directeur général de l'UMP, de rédiger un rapport complet en vue du bureau politique prévu le mardi 27 mai. Il prend rendez-vous avec René Ricol le 21 mai pour lui demander de réaliser un audit des finances du parti. L'ex-pilier de l'UMP et actuel président du cabinet d'expertise et de conseil financier Ricol Lasteyrie refuse : "Non, je ne ferai pas d'audit financier: il fallait y penser avant que les policiers ne débarquent pour des perquisitions." Le 31 janvier 2011, René Ricol, un ex-collaborateur de Raymond Barre, avait été élevé au grade de grand chevalier de la Légion d’honneur par François Fillon. Puis cet ancien président de la Fédération internationale des experts-comptables accepte tout de même de donner ses conseils pour instaurer une "gouvernance exemplaire" à l'UMP.
Copé compte ses fidèles au bureau politique. "Ces douze millions d'euros ont servi à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, qui a coûté extrêmement cher. Ils n'ont pas été reversés dans une caisse secrète qui pourrait me servir de trésor de guerre le moment venu : c'est honteux d'insinuer cela", explique-t-il à chacun.
Le 15 mai, le quotidien socialiste Libération affirme que, sur les 20 millions d'euros déboursés par l'UMP à Bygmalion, 13 millions auraient été versés pour 55 conventions thématiques dont certaines n'auraient jamais eu lieu... C'est ce jour-là que le patron de l'UMP assure avoir mesuré la gravité des accusations visant à semer le chaos à l'UMP. Pour sauver son honneur, le député-maire de Meaux promet "un moment de vérité" une fois achevée la campagne des Européennes. Il demande à Éric Cesari, directeur général de l'UMP, de rédiger un rapport complet en vue du bureau politique prévu le mardi 27 mai. Il prend rendez-vous avec René Ricol le 21 mai pour lui demander de réaliser un audit des finances du parti. L'ex-pilier de l'UMP et actuel président du cabinet d'expertise et de conseil financier Ricol Lasteyrie refuse : "Non, je ne ferai pas d'audit financier: il fallait y penser avant que les policiers ne débarquent pour des perquisitions." Le 31 janvier 2011, René Ricol, un ex-collaborateur de Raymond Barre, avait été élevé au grade de grand chevalier de la Légion d’honneur par François Fillon. Puis cet ancien président de la Fédération internationale des experts-comptables accepte tout de même de donner ses conseils pour instaurer une "gouvernance exemplaire" à l'UMP.
Copé compte ses fidèles au bureau politique. "Ces douze millions d'euros ont servi à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, qui a coûté extrêmement cher. Ils n'ont pas été reversés dans une caisse secrète qui pourrait me servir de trésor de guerre le moment venu : c'est honteux d'insinuer cela", explique-t-il à chacun.
Fillon sort du bois
Le triomphe de Marine Le Pen aux élections européennes de dimanche sonne l'hallali. Lundi après-midi, Jérôme Lavrilleux, directeur-adjoint de campagne de Copé, reconnaît les larmes aux yeux ne pas avoir mis son président en garde contre des dépenses excessives, face à Ruth Elkrief en direct de BFM TV: "Il y a eu des factures présentées à l'UMP qui correspondaient à des dépenses faites pour la campagne de Nicolas Sarkozy. (...) Ni Nicolas Sarkozy ni Jean-François Copé n'ont été mis au courant des dérives des comptes de cette campagne."
Un "moment de cinéma", selon un fillonniste qui promet qu'il ne suffira pas à sauver Copé. François Fillon a en effet décidé de porter le coup de grâce à celui qu'il accuse de lui avoir "volé" sa victoire à la présidence du parti. Lundi, l'ex-Premier ministre s'entretient avec François Baroin. "Je vais prendre des risques. Même si je suis minoritaire, je compte demander à Copé de se retirer. Je le fais en pensant à nos militants", lui assure-t-il. Dans la soirée, le député de Paris réunit une quinzaine de parlementaires dans son bureau de l'Assemblée nationale pour leur faire part de sa décision.
Pendant ce temps, les sarkozystes s'accordent sur un mot d'ordre: "Préservons l'unité du parti avant tout. Ce n'est pas le moment de faire tomber Copé."
Mais l'intérêt de Fillon prévaut sur celui du parti.
Se contentant tout d'abord d'appeler Copé à "une transparence totale", Bruno Le Maire, Xavier Bertrand et d'autres réclament eux aussi sa tête.
Un "moment de cinéma", selon un fillonniste qui promet qu'il ne suffira pas à sauver Copé. François Fillon a en effet décidé de porter le coup de grâce à celui qu'il accuse de lui avoir "volé" sa victoire à la présidence du parti. Lundi, l'ex-Premier ministre s'entretient avec François Baroin. "Je vais prendre des risques. Même si je suis minoritaire, je compte demander à Copé de se retirer. Je le fais en pensant à nos militants", lui assure-t-il. Dans la soirée, le député de Paris réunit une quinzaine de parlementaires dans son bureau de l'Assemblée nationale pour leur faire part de sa décision.
Pendant ce temps, les sarkozystes s'accordent sur un mot d'ordre: "Préservons l'unité du parti avant tout. Ce n'est pas le moment de faire tomber Copé."
Mais l'intérêt de Fillon prévaut sur celui du parti.
Se contentant tout d'abord d'appeler Copé à "une transparence totale", Bruno Le Maire, Xavier Bertrand et d'autres réclament eux aussi sa tête.
Fillon organise le "tribunal" de l'UMP
Mardi matin, à 8 h 30, la salle des députés UMP à l'Assemblée nationale devient "tribunal". Ostensiblement, Jean-François Copé déplace une chaise et s'assoit seul face aux membres du bureau politique. L'air grave, il plaide sa cause face à Alain Juppé, François Fillon, François Baroin, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Je ne te crois pas !" lâche cette dernière. "Tu ne peux pas rester, tu dois démissionner", assène Baroin. "Nous n'avons que quelques semaines pour sauver l'UMP du désastre", dramatise Fillon. Mais Copé tient bon. Finalement, c'est un bon ami avec qui il a marché sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui le pousse aussi à la démission. Copé cède en entendant Jean-Pierre Raffarin. "Entre l'amitié et l'éthique, il faut choisir", se justifie l'ancien premier ministre.
Les accusateurs prendront le relais
Il est décidé que toute la direction de l'UMP - dont son président - démissionnera le 15 juin. En attendant une nouvelle élection mi-octobre, une direction collégiale sera mise en place, incarnée par Juppé, Raffarin et ...Fillon.
Les accusateurs prendront le relais
Il est décidé que toute la direction de l'UMP - dont son président - démissionnera le 15 juin. En attendant une nouvelle élection mi-octobre, une direction collégiale sera mise en place, incarnée par Juppé, Raffarin et ...Fillon.
Copé: "Mon intégrité est totale"
"J'ai découvert tout cela il y a une douzaine de jours", affirme Copé devant son tribunal. "Je suis très heureux que la justice soit intervenue", car "je souhaite que toute la transparence soit faite", déclare-t-il. "La vérité c'est que j'ai découvert tout ça il y a une douzaine de jours", "en lisant Libération" assure-t-il. "J'ai fait confiance à ceux dont c'était le métier", "je n'avais pas vocation à repasser derrière". "Rétrospectivement, je suis bouleversé de tout cela, de ces collaborateurs qui ont abusé de ma confiance, quel que soit le mobile." "Simplement je vous le dis, il n'y a pas eu de système d'alerte ce qui fait que j'ai su ça il y a douze jours", martèle-t-il, en vain.
"Je ne voulais pas voir revenir le spectre de la division", explique Copé pour justifier sa démission. Il demande aux militants "de ne pas douter de son intégrité". "Mon intégrité est totale".
L'a -t- on forcé à démissionner ? "Non", il l'a fait "de son propre chef". "Ce qui compte c'est le rassemblement", rappelle le président démissionnaire de l'UMP.
Las, Copé affiche un sourire serein. "J'ai démissionné pour préserver l'unité de ma famille politique. L'orage passera. Je ne renonce pas à la vie politique", confie-t-il après coup à Jean-Pierre Raffarin, Christian Jacob, Michèle Tabarot et Valérie Debord, venus le réconforter.
Sa liberté de parole retrouvée, Copé ambitionne de redevenir le héraut de la "droite décomplexée" lors de la prochaine présidentielle.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerQuelle histoire !
RépondreSupprimerDemeurent quand même des question. Pourquoi avaoir fait faire à Bygmalion des fausses factures, gonflées, donc, alors que l'UMP a justement eu un probleme de dépassement de budget pour les présidentielles ????