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mercredi 7 novembre 2018

Diesel, fiscalité, CO2 : les arguments fallacieux qui polluent le débat

Diesel, CO2, fiscalité, les fausses infos qui polluent le débat

Macron, ministres, politiciens, experts autoproclamés profèrent des arguments biaisés et des contre-vérités sur l'automobile et la pollution.

Image associéePaniqué par la montée inattendue de la fronde sur la hausse des carburants, le gouvernement reste arc-bouté sur ses positions et ses mensonges. Macron réaffirme qu'il ne changera rien à la fiscalité, laquelle représente 57% du prix payé à la pompe. Mais le maître des horloges omet de préciser que, d'ici à 2022, les taxes sur le gazole, présentées comme écologiques, vont augmenter d'environ 23 centimes par litre et celles sur l'essence de plus de 11 centimes. 

Un entêtement qui alimente la grogne et une perspective qui renforce la détermination des participants au mouvement de blocage des routes prévu pour le 17 novembre. 
Des opérations escargot ont d'ailleurs déjà eu lieu en début de semaine, menées par les entreprises de BTP en lutte contre la fin du taux réduit sur le gazole non routier, utilisé pour les engins de chantier, qui est au programme du budget 2019. Une mesure qui peut se révéler dangereuse et entraîner une collusion redoutable avec les automobilistes. Pour justifier ses mesures de plus en plus impopulaires, le gouvernement monte au créneau. A travers, notamment, des explications alambiquées du ministre de la Transition écologique François de Rugy ou de sa secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon.

Pour y voir clair, Challenges fait le point sur les fausses informations, arguments biaisés ou contre-vérités brandis par les les uns et les autres, concernant la pollution, le diesel ou la fiscalité sur les carburants. Ce magazine économique appartient à 60% au groupe Perdriel (ex-propriétaire du 'Nouvel Observateur'), classé à gauche, mais aussi à 40%, de Renault.

1- Supprimer le diesel, c’est lutter contre le réchauffement climatique : FAUX

Le diesel consomme 20 à 25% de moins qu'un moteur à essence, souligne l'équipementier Delphi, spécialiste des injecteurs. Le gazole lui-même apparaît plus efficace, car sa densité énergétique est supérieure à celle du carburant sans-plomb. Résultat: une Peugeot 308 Diesel consomme à peine 4,9 litres aux cent kilomètres, selon les mesures réalisées par PSA avec l'ONG Transport & Environment et validées par Bureau Veritas, contre… 6,6 l/100 km pour le véhicule équivalent à essence.

Or, consommations et rejets de CO2 sont rigoureusement corrélés. Le diesel émet donc 20 à 25% de gaz à effet de serre en moins par rapport à un modèle équivalent à essence. Il est donc préférable de faire rouler un diesel plutôt qu'un modèle à essence dans le cadre de la lutte contre le changement climatique !

2- Le diesel émet des particules, pas les modèles à essence : FAUX

Les diesels émettent des particules. C'est une de leurs tares génétiques. Mais les véhicules diesels sont équipés d’un filtre obligatoire depuis 2011. Or, si les modèles à essence traditionnels (injection indirecte) n’en rejetaient pas ou peu, en revanche, conçus pour consommer moins, les véhicules à essence à injection directe récents en émettent. Et ce, jusqu'à 8 fois les rejets de particules fines en nombre que la norme autorise pour les voitures diesel avec filtre, selon le cycle européen d'homologation NEDC (remplacé au 1er septembre par un nouveau cycle WLTP). Ces voitures constituaient en 2016 plus de 40% des ventes de modèles à essence ! Depuis deux mois, ces véhicules à essence à injection directe sont toutefois obligatoirement dotés d’un filtre, à l’égal des diesels.

3- Remplacer un modèle ancien par un nouveau réduit les émissions de CO2 : PAS SÛR

Le ministre François de Rugy veut que les possesseurs de véhicules anciens, notamment diesel, achètent un véhicule neuf ou récent. Profitant notamment des aides (faibles) prévues par l'Etat. 
Puisque le diesel est accusé de tous les maux et menacé d'interdiction dans les centres-villes, pas question de racheter un modèle à gazole ! Or, à habitabilité égale, rien ne prouve qu'une voiture actuelle à essence consomme un litre de moins qu'un modèle d'il y a dix ans et donc rejette moins de CO2, car les équipements de sécurité ou d'anti-pollution ont parfois fait prendre du poids aux véhicules. Même s’il y a un allègement de principe sur les plates-formes. Or, plus un véhicule est lourd, plus il consomme et émet de CO2. Une Peugeot 208 essence de 110 chevaux pèse certes plus d'une tonne en 2018, soit pratiquement 100 kilos de moins qu'une 207 d'il y a dix ans. Mais un monospace Renault Scenic 115 actuel atteint 1,4 tonne, soit 80 kilos de plus au bas mot que son homologue de 2008
Les rejets de CO2 normalisés selon les anciens cycles d'homologation (NEDC) ont certes baissé en moyenne, notamment parce que les constructeurs ont optimisé les moteurs pour afficher les chiffres les plus bas en… tests. Ce qui ne se retrouve pas dans les consommations réelles au quotidien. D'ailleurs, avec le nouveau cycle WLTP (du 1er septembre), plus proche de la réalité, les rejets officiels de CO2 des véhicules remontent !

4- Le diesel émet des polluants locaux (oxydes d’azote) : VRAI, mais…

Le problème fondamental du diesel, c'est qu'il émet des oxydes d'azote (NOx), notamment les dangereux dioxydes d'azote (NO2) qui s'attaquent aux voies respiratoires. Mais le diesel se soigne depuis le début des années 90, date d'application de la norme Euro 1 (on en est à Euro 6). "Les rejets de NOx autorisés sont passés de 1 gramme au kilomètre en 1992 à moins de 0,1 gramme", assure Christian Chapelle, le motoriste en chef à la Recherche-développement de PSA. 
La Commission Royal, mise en place en 2015, a toutefois constaté de nombreux cas de dépassements des normes autorisées sur les NOx. Mais, depuis le 1er septembre, les seuils de polluants sur les véhicules diesel ET essence sont uniformisés. Mieux : les cycles d’homologation autrement plus réalistes réduisent les probabilités de véhicules optimisés pour les seuls tests, jusqu’ici extrêmement déconnectés de la vie quotidienne.

5- Le prix du carburant monte, c’est la faute aux taxes : VRAI et FAUX

Depuis un an, le prix du gazole a grimpé de 23%, celui de l’essence de 15%. L’explosion du prix du baril en est responsable pour partie. L'or noir a atteint jusqu'à 85 dollars en octobre (moins de 60 dollars il y a un an). Le prix des produits pétroliers cotés sur le marché de Rotterdam représente entre 30 et 35% des prix payés à la pompe. La marge brute des distributeurs compte pour environ 8%. 
Voici le schéma trompeur : il n'indique pas la tendance baissière en octobre..

Et voilà la tendance :

La tendance actualisée au 7 novembre 2018 :

La presse, qui détenir et prétend rétablir la vérité, participe à la désinformation.

"Le reste" (c'est-à-dire l'essentiel !), 57%, ce sont les taxes. Et rappelons que les taxes sont des impôts indirects... taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TIPCE) et TVA. On notera que le gouvernement préfère distribuer des 'chèques énergie" aux plus défavorisés (ceux qui ne parcourent pas nécessairement le plus de kilomètres), plutôt que de baisser le taux de TVA...

Au 1er janvier de cette année, les taxes sur le litre de gazole (TICPE) ont crû de 7,6 centimes par litre, celles sur le sans-plomb de 3,9 centimes, selon les décomptes de l'UFIP (Union française des industries pétrolières). 
Et ce n'est pas fini. 
En 2019, la hausse sera de 6,5 centimes pour le gazole et de 2,9 centimes pour le sans-plomb. 
La TVA augmente aussi, puisqu’elle s’applique en pourcentage à l’ensemble du prix, TICPE comprise ! La progression de la fiscalité représente environ 25% de la hausse actuelle.

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