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jeudi 1 février 2018

Les fleurs de Jeff Koons offertes à Paris sèment la zizanie dans le monde des arts aux mains de la gauche radicale

Tout devient sujet à polémique en France

Le projet de l'artiste américain Jeff Koons d'installer un bouquet  géant de tulipes suscite pétitions et tribunes indignées. 

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"Un geste d'amitié entre le peuple américain et le peuple français" après les attentats de 2015 et 2016, à Paris, ça se refuse !
"Bouquet of tulips", en bronze, aluminium poli et acier, est une oeuvre monumentale de dix mètres de haut, 33 tonnes, que l'artiste américain avait promis d'offrir, le 21 novembre 2016, à la Ville de Paris, donc au peuple.
Koons, 63 ans, l'un des artistes les plus chers de la scène internationale, avait alors été reçu par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et l'ambassadrice des Etats-Unis en France, Jane D. Hartley, à l'origine de la démarche.
Le fait "que cet immense artiste décide d'offrir à la Ville de Paris l'idée originale d'une oeuvre monumentale, symbolisant la générosité et le partage, témoigne de l'attachement irrévocable entre notre capitale et les Etats-Unis", se félicitait alors Anne Hidalgo.
Les couleurs vives sont un hommage "aux fleurs impressionnistes de Monet et aux fleurs rococo de François Boucher et de Jean-Honoré Fragonard" ; quant à la main, elle évoque celle de la statue de la Liberté (aussi appelée La Liberté éclairant le monde) brandissant sa torche, une œuvre d’Auguste Bartholdi donnée par la France aux Etats-Unis en 1886 pour célébrer le centenaire de la déclaration d'indépendance.
Le plasticien va même jusqu'à choisir l'emplacement de l'oeuvre, qui serait en cours de fabrication dans une usine allemande: la terrasse reliant le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris et le Palais de Tokyo, face à la Tour Eiffel. 

Or, plus d'un an après, le "cadeau" de Jeff Koons est loin de faire l'unanimité.

La semaine dernière, des personnalités comme le réalisateur Olivier Assayas et l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand tiraient à boulets rouges sur le projet, qualifié de "choquant", dans une tribune publiée dans Libération. 

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Plus surprenant, l'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, organisateur d'une exposition Koons au château de Versailles, ci-contre, quand il en était le président, a, à son tour, pris la plume mercredi, dans Le Monde, pour désapprouver l'emplacement choisi. 
Il juge le bouquet de tulipes "contraire à l'esprit de l'architecture" du palais de Tokyo et du Musée d'Art Moderne et suggère à "la Ville de Paris et l'Etat de tout faire pour qu'une autre solution soit envisagée". Une prise de distance remarquée de l'ex-ministre, désormais conseiller du milliardaire François Pinault, qui a acquis plusieurs oeuvres de l'artiste américain.

Selon Bruno Julliard, adjoint chargé de la Culture à la Mairie de Paris, Jeff Koons "a souhaité que ce soit ce lieu qui soit destiné à l'œuvre. Donc la position officielle de la mairie est d'accepter cette œuvre à cet endroit-là. Il revient désormais à la ministre de la Culture de prendre une décision définitive". 

Rien ne trouve grâce auprès des détracteurs de tout poil

L'esthétique de l'oeuvre et son coût, comme sur les circonstances de son installation annoncée, et surtout la personnalité de l'artiste provoquent l'ire des artistes conservateurs de gauche

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"Le choix de l'oeuvre, et surtout de son emplacement, sans aucun rapport avec les tragiques événements invoqués et leur localisation, apparaissent pour le moins surprenants, sinon opportunistes, voire cyniques", aux signataires de la première tribune dans Libération, dont l'artiste Christian Boltanski, la designer Matali Crasset (à droite) et le producteur de cinéma Marin Karmitz, l'une des plus grandes fortunes françaises, évaluant sa fortune à 40 millions d'euros, en 2009.
C'était avant l'échec commercial de quatre films en 2012 : Marin Karmitz annonça en février 2014,vouloir cesser la production de filmsà 76 ans. Il déplora avec aigreurs que le cinéma français ait baissé de qualité et soit "de plus en plus replié sur lui-même sur des problématiques de petits bourgeois." Après Mai 68, membre du mouvement maoïste la Gauche prolétarienne, il réalise des films militants : Sept jours ailleurs (1969), Camarades (1970) et Coup pour coup (1972).
Boltanski est pourtant reconnu pour ses installations elles-mêmes monumentales, telles que Personnes à la Monumenta du Grand-Palais (2010, ci-dessous), 
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No Man's Land à l'Armory de New-York, un autre tas :


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ou encore Chance au pavillon français de la Biennale de Venise en 2011.


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"Par son impact visuel, son gigantisme et sa situation,
cette sculpture bouleverserait l'harmonie actuelle entre les colonnades du Musée d'art moderne de la ville de Paris et le Palais de Tokyo, et la perspective sur la tour Eiffel", jugent-ils. 

Dans une autre tribune, le "Bouquet de tulipes" multicolores est qualifié de "cadeau avilissant". "Avec du fric et du truc, M. Koons prétend faire ployer sous les tonnes de ses tulipes l'art, le peuple et la capitale d'un pays", s'enflamment les écrivains Eric Hazan, 
signataire, en juin 2010, d'une pétition très controversée parue dans le journal ...Libération, appelant au renversement de la police qualifiée d' "armée d'occupation", intitulée Pour les cinq de Villiers-le-Bel. Pour Philippe Bilger, cette tribune "ne relève même plus de l'extrême-gauche, ni d'un gauchisme sulfureux", mais ne vise "à rien moins qu'à légitimer les tentatives de meurtre".
et Jean-Christophe Bailly, écrivain, poète, philosophe, et les philosophes Jean-Luc Nancy (77 ans, qui voulut rompre avec la cellule familiale et vécut en communauté sexuelle) et Georges Didi-Huberman, historien de l'art qui exposa les soulèvements du peuple face au pouvoir, commissaire d'expositions et membre du Conseil artistique du Centre Georges-Pompidou.

Autre point soulevé par les opposants: "Qui va payer ?".
Lors de l'annonce du cadeau de Koons, la mairie avait indiqué que la réalisation de l'oeuvre, dont le coût est évalué à trois millions d'euros, serait financée par le mécénat privé. 
Le sort des "tulipes" est désormais entre les mains de la ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui a reçu Jeff Koons mardi. Rien n'a filtré de cet entretien et le ministère se refuse à tout commentaire sur cette cabale, qui "est suivie de près à l'Elysée", indique-t-on de source proche du dossier.
Jeff Koons réalise une bonne opération, en termes de communication et de profit, mais ce "don" devrait aussi augmenter non seulement  la cote de l’artiste vivant le plus cher au monde (58,2 millions de dollars pour son Balloon Dog, version orange), mais aussi l'attractivité de Paris, capitale des arts. Enfin, cette offre que boudent les artistes de gauche radicale constitue enfin une valeur ajoutée pour l’homme d’affaires François Pinault, un mécène dont la collection comporte de nombreuses pièces de Koons, et qui était présent le jour de l’annonce.
Toute cette affaire montre que
l’artiste, excellent homme d'affaires et fin stratège, a passé un accord avec la  mauvaise personne, l'autocrate Anne Hidalgo, la maire : ni les riverains ni les deux directeurs des deux institutions concernées, Fabrice Hergott et Jean de Loisy, n’ont été consultés. Pas plus, semble t-il, que le corps des Architectes des Bâtiments de France - dont la mission est de gérer les espaces protégés comme le Palais de Tokyo, édifice bâti pour l'exposition internationale de 1937.

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