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jeudi 17 août 2017

Pas de "second degré" au crédit de Christophe Barbier

L'humour du journaliste et éditorialiste Christophe Barbier déplaît aux Norvégiens

Pour les esprits conventionnels, un journaliste ne peut être humoriste à ses heures

Le journaliste et éditorialiste Christophe Barbier.
Il est irritant, mais s'il a quelque chose à dire?
Quant à ses détracteurs ?
La presse conservatrice ne veut pas d'un mélange des genres qui brouille leurs repères. Désemparée, la presse, même parisienne, ouverte à tous les genres, s'est découverte conformiste... Christophe Barbier aurait, semble-t-il, dû décrypter le risque, le comprendre et ne pas franchir la ligne.
Le rap qu’il a imaginé cette semaine dans les colonnes de L’Express a désorienté et fait un flop parmi les grincheux. Ce n’est pourtant pas la première fois cette année qu’avec ses blagounettes il fait un écart et que les experts en 'second degré' y perdent leur latin. La touffeur estivale et le désoeuvrement ont fait suinter les critiques contre l’éditorialiste. Le pastis est-il si rare à Paris ? Macron va devoir s'y mettre. Devant ses caméras... 

"T’es pas dans le bad, t’es un killer"

Les "Norvégiens" de 20 minutes ont entrevu l’intention 'nouveau journalisme' mais le sens de l'humour n'est pas la caractéristique première des gens graves. Imaginez donc que, dans L’Express paru ce mercredi, Christophe Barbier imagine le rap que Sibeth N’Diaye, chargée des relations presse à l’Elysée, aurait coécrit avec Ismaël Emelien, le conseiller spécial du président, pour remonter la cote de popularité d’Emmanuel Macron. Iconoclaste ?

Un journaliste du JDD s'offusque:
 .

On est à deux orteils du scandale racial sur fond d'eau tépide des Calanques marseillaises, où le couple Macron squatte la villa du préfet de Région promis à une belle promotion.


"Mister Préz, t’es en chute libre auprès des jeunes; ça sent le ground zero pour la rentrée.
Pourtant, t’as un bon flow, t’as la bonne attitude, t’es pas dans le bad, t’es un killer." A boire et à manger que certains internautes dédaigneux des auberges espagnoles et des chansons d'un été se sont attachés à dézinguer, car personne ne rappe comme ça, nulle part, jamais. Le rap, c'est plus hard, subversif et anti-blancs...

"Quatre semaines de vacances et on supprime aussi les RTT "

Photo published for "Les Français doivent renoncer à leur cinquième semaine de congés" - L'édito de Christophe Barbier
Le 28 juillet, également dans L’Express, Christophe Barbier, imaginait de "s’asseoir sur la cinquième semaine de congés payés" pour améliorer la santé de l’économie française. Tabou social ? Provocation des classes laborieuses ?
"Quatre semaines de vacances et on supprime aussi les RTT. Je sais que je ne vais pas me faire beaucoup d’amis, mais je vous souhaite, quand même, de bonnes vacances." Le journaliste. 
20minutes fait à nouveau parler les internautesselon les salles de rédaction, ce sont tous des trolls, des pourvoyeurs intempestifs (non correctement encartés) d'information alternative et contre-offensive, et ça dérange. Mais voilà qu'ils sont utiles: les internautes sont ressortis de leur crasse, comme des enfants de migrants dans les reportages pro-clandestins économiques, et ces internautes choisis pour leur conformisme politique ne se sont pas privés de railler ses vacances en Italie. Temps à perdre. Militantisme de bon aloi !
La majorité présidentielle n'est pas sensible à l'"éclipse de lune partielle, hier soir, à la terrasse du palazzo barbaro à Venise." Le romantisme se perd; le main dans la main Brigitte-Emmanuel efface toute autre sensibilité. 

" En hommage à mes ancêtres touaregs"
En juin, alors que la France fondait sous la canicule, Christophe Barbier joua le jeu d’une vidéo pour L’Express dans laquelle il expliquait enfin pourquoi il ne se séparait jamais de son écharpe rouge. Question essentielle s’il en est. 
Un bon petit soldat de L'Express, Julien Jouanneau, rédacteur en chef adjoint web, brigue le Prix Albert Londres :




Décryptage : "Si le port de l’écharpe devait être indexé sur la température, je la laisserais tomber dès le mois d’avril", raconte le boss. Et d’avancer que, "dans le désert, les Touaregs se couvrent de laine lorsque la chaleur fait rage". Le/la journaliste anonyme a bien dû étudier la généalogie de sa cible et commente : "l’éditorialiste affirme sans ciller [peut-être à -t-il fait, quant à lui, des recherches] que c’est "en hommage à [ses] ancêtres touaregs qu’il continue à porter cette écharpe rouge pendant l’été." Un certain sens de l’humour "absurde", selon le contempteur anonyme qui consacre toutefois du temps à cette futilité. Dans le "creux de l'été", les journalistes en mal de copie comblent leurs éditions de n'importe quoi, la responsabilité n'étant pas leur.  

"Un jeune de banlieue au volant d’une grosse voiture…"

Le 15 avril, à une semaine du premier tour de la présidentielle, Christophe Barbier livra son analyse de la campagne menée par Emmanuel Macron et l'anonyme la ressort, faute de mieux personnel. 
Sa démonstration prend une direction très gênante, on s'y attendait de puis plusieurs lignes, "quand il balance, sans plus de cérémonie" : "Il y a dix ans quand on voyait un jeune de banlieue au volant d’une grosse voiture, c’était un dealer, maintenant c’est un chauffeur Uber." Bof ! Si c'est vrai (les dealers roulent aujourd'hui en Fiat Panda). Qu'est-ce, alors, qui pollue donc autant la fontaine à eau de 20minutes ?  "C’est quand même la modernité Macron. Et puis, il vous offre une bouteille d’eau, c’est sain." Uber, c'est pas bien, mais Macron, c'est bien et ça ne supporte aucun humour au second degré.

A 20 minutes, on l'a vu, ils ont le sens des priorités et de l'important. 
Une blagounette "clairement douteuse" (le stagiaire est clairement bloqué: cf. à partir de 21 minutes 35 dans la vidéo ci-dessus) qui ne fait toujours rire personne autour de la table. 
Deuxième de la Macronie 'Les Inrocks' s'en mêle ! Ca ne vaut pas une polémique, finit pas admettre le stagiaire, mais Christophe Conte réserve à Christophe Barbier un "billet dur" : le billet d'un salarié de banquier, Matthieu Pigasse, ça fait nécessairement mal. Les "Billets durs" de Christophe Conte prennent chaque semaine pour cible une personnalité au comportement agaçant, voire révoltant. La charge cinglante, le style brillant, la critique réjouissante. Si c'est méchant, c'est mieux : l'aigreur et la haine font recette. Un édito qu’il conclut donc ainsi : "Ton confrère Joseph Macé-Scaron [à propos d'un directeur du magazine Marianne, ça peut surpendre] est désormais payé pour muscler les discours de Fillon; si tu es sage, tu pourras prétendre sans même bouger ton cul de BFMTV à servir d’anabolisant à ceux de Le Pen." Ce n'est pas le moins du monde polémique; plutôt confraternel et classe...



"Se confronter au terrain pollue l’esprit de l’éditorialiste"

Evidemment, le stagiaire masqué est, quant à lui, indemne...
 S'adressant à des lecteurs du JDD, en avril, Christophe Barbier  expliqu'il revient "aux reporters de rencontrer les gens", tandis que le rôle d’un éditorialiste "est de donner son opinion, d’affirmer ses certitudes, par essence improuvables. Afficher avec force ses convictions permet aux lecteurs de s’y frotter pour former les leurs." Le b.a.ba du métier indispose le stagiaire dont on se prend penser tout à coup qu'il doit être un laissé pour compte de APB "mis au point" par Vallaud-Belkacem...
"Un point de vue qui ne fait pas l’unanimité," semble s'étonner le novice. Dans un billet publié dans Le Dauphiné libéré (c'est pas rien !), Gilles Debernardi ne règle pas ses comptes de plumitif aigri, mais tacle néanmoins sa capacité à donner "un avis péremptoire" sur n’importe quel sujet : réaction typique de petit provincial au rêve parisien déçu. Et de moquer ce "vrai intellectuel [qui] s’applique à ne pas fréquenter les gens d’en bas." Ne disais-je pas que Debernardi est un frustré. 
Comme les journalistes d'astreinte estivale en manque d'inspiration, mais chargés en fiel. 

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