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dimanche 7 août 2016

L'ossuaire de Douaumont transformé en terrain de jeu par Pokémon Go

Est-ce aussi un scandale qu'un élu LR veuille encadrer le jeu par la loi ?

3 des 6 millions d'accrocs joueraient en conduisant
Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une cérémonie dans l'ossuaire de  de Douaumont (nord-est), le 29 mai 2016 / POOL/AFP
F. Hollande et la chancelière   A. Merkel lors d'une cérémonie
dans l'ossuaire de de Douaumont, le 29 mai 2016
Selon une étude réalisée par l'IFOP, sur les 6 millions d'utilisateurs Français de Pokemon Go, L'association 40 Millions d'automobilistes s'inquiète des risques liés à l'utilisation du jeu Pokemon Go par des automobilistes. Son président propose la mise en place par les créateurs d'une charte de bonne conduite pour éviter les accidents graves.

A Douaumont, le président français venait justement d'affirmer, le 29 mai 2016: "Notre devoir sacré est inscrit dans le sol ravagé de Verdun, il tient en quelques mots: aimons notre patrie, mais protégeons notre maison commune, l'Europe, sans laquelle nous serions exposés aux tempêtes de l'histoire".

Vous avez dit 'bonne conduite' ?

L'ossuaire de Douaumont (Meuse) est envahi de joueurs qui caracolent entre les croix blanches de la nécropole où reposaient en paix les 130.000 soldats français et allemands, soldats morts de la Première Guerre mondiale: le lieu est devenu un terrain de jeu à Pokémon.

Son directeur n'en croit pas ses yeux
"On s'en est aperçu parce que les gens déambulaient avec un portable devant eux, sur la nécropole et dans l'ossuaire proprement dit", explique vendredi Olivier Gérard, directeur du site où reposent des dizaines de milliers d'hommes tombés pendant la Première Guerre mondiale

"Je m'y suis intéressé et des gens m'ont gentiment montré l'application - dont j'avais entendu parler - et m'ont signalé que l'ossuaire est une arène", soit un lieu où les dresseurs de Pokémon peuvent faire s'affronter leurs équipes, ajoute O. Gérard. 

Outre l'ossuaire transformé en arène, les monuments en hommage aux soldats musulmans et israélites sont devenus des "Pokéstop", des points d'arrêt permettant de récupérer des objets ou des créatures. 
Tout comme... la plaque commémorant la poignée de main entre Helmut Kohl et François Mitterrand en 1984, qui scella dans les mémoires la réconciliation franco-allemande. 

Olivier Gérard, qui aimerait beaucoup interdire le jeu dans ce lieu de mémoire, se "renseigne sur les interdictions", mais "pense que cela va être difficile". Et regrette qu'aucune autorisation n'ait été demandée pour ce lieu, géré par une fondation privée. 
Application de réalité augmentée, Pokémon Go permet de capturer, d'entraîner, de faire évoluer ces petits personnages imaginés au Japon et de combattre avec des créatures virtuelles en se déplaçant dans le monde réel.

Le député Les Républicains (LR, ex-UMP) du Nord, Vincent Ledoux, demande que soit renforcé le cadre législatif entourant Pokémon Go. 

"Ce qui devrait être qu'un produit de divertissement pourrait se transformer en sujet de dangers potentiels si le législateur n'y prenait garde et ne venait y mettre de l'ordre", a expliqué, vendredi au Figaro, l'élu du Nord. Le maire de Roncq a adressé une question écrite à ce sujet à la secrétaire d'État chargée de l'économie du numérique, Axelle Lemaire. 
L'élu lance une alerte sur une "chaîne de dangers" : "des joueurs se regroupent dans des commissariats de police ou dans des cimetières - comme l'ossuaire de Douaumont (Meuse) -, abandonnent leur voiture sur le bord de la route ou traversent des chaussées imprudemment" pour attraper les 147 pokémons du jeu imaginés par Nintendo. "Un jeune homme de 22 ans, en plein chasse, a récemment percuté un muret en voiture. Chasser ou conduire, il faut choisir!" a ironisé Vincent Ledoux, tout en déplorant qu'il "n'existe pas de réglementation applicable aux jeux en ligne qui permettrait, pour le moins, d'analyser les risques avant leur mise sur le marché, d'en évaluer leur fonctionnement et de prévoir des modalités d''agrémentation' les rendant conformes au droit national et européen".
Il n'a fallu que quelques heures après le lancement officiel du jeu en France, le 24 juillet, pour qu'apparaissent les premiers écarts de conduite. Il y a quelques jours dans l'Aisne, la préfecture s'inquiétait du cas d'une "dresseuse" ayant perdu le contrôle de son véhicule sur l'autoroute alors qu'elle tentait d'attraper une de ces créatures. Certains panneaux sur l'autoroute le rappellent d'ailleurs : "celui qui conduit, c'est celui qui ne joue pas !"

La protection des données personnelles en question

L'élu s'inquiète également de la protection des données personnelles des joueurs: "les données à caractère personnel des joueurs font, en effet, l'objet de transfert vers les serveurs américains de Nintendo. Or, les États-Unis ne sont pas considérés par les autorités européennes" comme un pays "assurant un niveau de protection suffisant de notre vie privée". 
Et Vincent Ledoux d'ajouter : "Les achats intégrés à l'application excluent tout droit de rétractation tel que prévu pourtant par notre code de la consommation, fragilisant ainsi les publics vulnérables comme les mineurs".

"Dans la mesure où la localisation des joueurs peut être accessible à l'ensemble de la communauté d'utilisateurs, d'autres problématiques liées à la criminalité de droit commun ou au terrorisme sont également à craindre", fait aussi valoir Vincent Ledoux dans sa question écrite. "De chasseurs, les joueurs deviennent des proies d'autant plus vulnérables qu'ils sont géolocalisés en temps réel".

"
Pokémon Go sert de révélateur à un vaste chantier législatif qui de l'ubérisation de l'économie aux technosciences, va fournir un travail titanesque mais enthousiasmant au législateur, pressent l'élu vigilant du Nord, à la différence de ses collègues de la majorité. N'attendons pas que l'hémicycle du Palais Bourbon ne soit transformé en arène pour dresseurs avant de légiférer !", conclut ce successeur du député Gérald Darmanin et membre de la commission des affaires culturelles et éducation.

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